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20 employés de l’ONU détenusLes Houthis détiennent 20 employés de l’ONU dans la capitale yéménite
"Ils mettent gravement en péril la sécurité du personnel de l’ONU et des travailleurs humanitaires et compromettent des opérations vitales", a déclaré un porte-parole de l’ONU.

Des personnes déplacées par le conflit se rassemblent pour recevoir des colis d’aide humanitaire fournis par des œuvres caritatives koweïtiennes dans la zone de Hays, dans la province occidentale disputée de Hodeida, au Yémen, le 9 mars 2025.
Photo: KHALED ZIAD/AFP via Getty Images
Les Houthis ont détenu 20 employés des Nations unies travaillant dans la capitale yéménite, Sanaa, le 19 octobre, a indiqué un responsable onusien.
Jean Alam, porte-parole du coordinateur résident de l’ONU pour le Yémen, a déclaré à l’Associated Press que le groupe terroriste avait pris d’assaut une installation de l’ONU dans le quartier sud-ouest de Hada à Sanaa. Parmi les personnes retenues figurent cinq employés yéménites et quinze employés internationaux, a précisé M. Alam. Il a ajouté que 11 autres employés avaient été relâchés après interrogatoire.
Les Nations unies sont en pourparlers avec les Houthis et d’autres parties « afin de résoudre cette situation grave au plus vite, de mettre fin à la détention de tout le personnel et de rétablir le plein contrôle sur ses installations à Sanaa », a-t-il déclaré.
Les Houthis ont formulé à plusieurs reprises, sans fournir de preuves, des accusations selon lesquelles certains employés de l’ONU et d’autres travaillant avec des organisations internationales et des ambassades étrangères seraient des espions. L’ONU a démenti ces accusations.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré le 17 octobre que les propos tenus par la direction du mouvement au sujet du personnel des Nations unies au Yémen étaient « dangereux et inacceptables ».
« Ils mettent gravement en péril la sécurité du personnel de l’ONU et des travailleurs humanitaires et compromettent des opérations vitales », a déclaré M. Dujarric.
Il a réitéré l’appel de M. Guterres demandant aux Houthis de libérer immédiatement tous les membres du personnel de l’ONU, diplomates et employés d’ONG qui restent détenus, certains depuis 2021.
M. Dujarric a indiqué que les Houthis devaient « évacuer les locaux de l’ONU et restituer les biens et équipements de l’ONU saisis […] conformément à leurs obligations au regard du droit international ».
Les Houthis ont déjà allégué, sans apporter de preuves, que des membres détenus de l’ONU et d’autres organisations internationales étaient des espions.
Le ministre yéménite de l’Information, Moammar al-Eryani, a condamné les Houthis dans une publication sur X datée du 20 octobre et a affirmé que le gouvernement yéménite tenait l’ONU et son coordinateur résident au Yémen, Julian Harneis, « pleinement responsables de l’échec à engager les procédures de relocalisation du siège en dehors des zones sous contrôle de la milice houthie ».
Il a ajouté que la décision de l’ONU de poursuivre ses opérations dans la Sanaa tenue par les Houthis exposait son personnel à un « grave danger ».
« Nous condamnons fermement le crime récent commis par la milice terroriste houthie, soutenue par l’Iran, qui a pris d’assaut un complexe résidentiel des Nations unies dans la capitale détournée », a-t-il déclaré.
« Nous affirmons que la situation ne peut plus se satisfaire de simples déclarations de condamnation formelles ; elle exige des mesures concrètes et décisives pour protéger les travailleurs humanitaires et les organisations », a-t-il ajouté, appelant les Nations unies à prendre d’urgence des mesures pour évacuer le personnel et transférer leur siège et leurs opérations à Aden.
« Nous réitérons également l’appel à une position internationale ferme pour traiter ces violations et traduire les auteurs en justice. »
Il a indiqué que, lors de l’opération du 19 octobre, les Houthis avaient également confisqué tout le matériel de communication du complexe résidentiel de l’ONU, « dans une escalade systématique qui viole toutes les lois et normes internationales et confirme le mépris de la milice pour la communauté internationale et ses institutions ».
Il a précisé que certains employés appartenaient aux programmes humanitaires de l’ONU tels que le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF.
Campagne houthie
Depuis la prise de pouvoir des Houthis au cours de la guerre civile yéménite en 2014, qui a contraint le gouvernement reconnu par la communauté internationale à l’exil, le mouvement mène une campagne de longue haleine contre les Nations unies et d’autres organisations internationales dans ce pays ravagé par la guerre.
Des dizaines de personnes ont déjà été détenues dans des zones tenues par les Houthis, telles que la capitale Sanaa, la ville côtière d’Hodeida et le bastion rebelle de la province de Saada, dans le nord du Yémen.
Selon M. Dujarric, 53 employés de l’ONU restent en détention, dont certains depuis 2021. Un employé du Programme alimentaire mondial est mort en détention plus tôt cette année à Saada.
Le Yémen a été le théâtre de l’une des plus vastes opérations humanitaires au monde au cours d’une décennie de guerre civile qui a perturbé l’approvisionnement alimentaire.
Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la riposte israélienne, les Houthis ont lancé des attaques de missiles et de drones contre Israël et contre des navires naviguant en mer Rouge, déclenchant des frappes aériennes de représailles de la part d’Israël.
Avec Reuters et l’Associated Press

Melanie est journaliste et rédactrice en chef et couvre l'actualité mondiale. Elle a une formation en recherche environnementale.
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