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Les États Unis confirment la vente d’un système de missiles de défense antiaérienne à Taïwan
L’entreprise américaine RTX doit construire le système national avancé de missiles sol air (NASAMS) pour Taïwan.

Des systèmes de missiles Patriot de l’Armée de l’air ont été déployés dans un parc local lors des exercices militaires annuels Han Kuang à Taipei, le 11 juillet 2025.
Photo: I HWA CHENG/AFP via Getty Images
Le Pentagone a confirmé la vente à Taïwan d’un système avancé de missiles sol‑air, la deuxième livraison d’armes américaines en une semaine, portant le montant total à 1 milliard de dollars.
Dans une annonce de contrat du 17 novembre, le Pentagone précise que l’entreprise aérospatiale et de défense américaine RTX bénéficie d’un contrat à prix ferme pour la fourniture du système NASAMS, destiné à la défense aérienne de moyenne portée.
« Des fonds FMS (Foreign Military Sales) pour Taïwan, d’un montant de 698.948.760 dollars, ont été engagés au moment de l’attribution du marché », indique le département de la Défense.
RTX, anciennement Raytheon, réalisera le projet à Tewksbury, dans le Massachusetts, le terme étant prévu pour le 28 février 2031.
Le contrat sera géré par le commandement des services de passation de marchés de l’Armée, basé à Redstone Arsenal, Alabama.
Le système NASAMS, déjà déployé par les forces ukrainiennes contre l’invasion russe, est conçu pour contrer les menaces des drones, missiles et aéronefs.
Dans la zone Asie‑Pacifique, seuls l’Australie et l’Indonésie l’utilisent actuellement.
L’intention de Taïwan d’acquérir le NASAMS a d’abord été annoncée en octobre 2024, lorsque la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a signalé l’approbation d’une vente potentielle d’armement de 1,16 milliard de dollars, incluant trois systèmes NASAMS.
« La vente proposée améliorera la capacité du bénéficiaire à faire face aux menaces présentes et futures, en contribuant à la défense de son espace aérien, à la sécurité régionale et à une meilleure interopérabilité avec les États‑Unis grâce au programme NASAMS », notait l’agence à l’époque.

Un avion de chasse américain F‑16V roule sur la piste lors des exercices annuels Han Kuang de l’Armée de l’air taïwanaise, le 23 juillet 2024 à Hualien. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)
Le 14 novembre, la DSCA a annoncé une proposition de vente d’armes de 330 millions de dollars à Taïwan, la première depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
L’accord inclut des pièces détachées et des pièces de rechange destinées à maintenir l’état opérationnel de la flotte d’aéronefs militaires taïwanais, notamment les F‑16.
Le 17 novembre, Zhang Xiaogang, porte‑parole du ministère chinois de la Défense, a réagi à la vente d’armes américaines à Taïwan pour 300 millions de dollars, accusant Washington d’[intervention dans les affaires intérieures] « ignoble » de la Chine.
Le lendemain, le ministère taïwanais des Affaires étrangères (MOFA) a publié un communiqué critiquant ces propos, affirmant que Pékin tentait d’« entraver la coopération sécuritaire normale entre Taïwan et les États‑Unis ».
« MOFA réitère que la République de Chine (Taïwan) est un État souverain et indépendant, et que ni la ROC (Taïwan) ni la RPC ne sont subordonnés l’un à l’autre », peut‑on lire dans le texte.
Taïwan subit une pression militaire accrue de Pékin, qui considère l’île autonome comme une province rebelle à “ramener dans le giron national par la force si nécessaire”.
Les États‑Unis demeurent le principal fournisseur d’armes de Taïwan pour sa défense, en dépit de l’absence de relations diplomatiques officielles.
Raymond Greene, ambassadeur de facto des États‑Unis à Taïwan, a réitéré l’engagement américain lors d’un événement organisé par la chambre de commerce américaine à Taipei.
« Il doit être clair, aujourd’hui et demain, que l’engagement de l’Amérique envers Taïwan est solide comme le roc », a‑t‑il affirmé dans son discours.
« Nous soutenons ces paroles par des actes, en appuyant les efforts de Taïwan pour la paix par la force. Cela se traduit notamment par une coopération industrielle croissante dans la défense. »
L’annonce du Pentagone intervient alors que la crise diplomatique entre Pékin et Tokyo s’aggrave : la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a déclaré, lors d’une séance parlementaire, qu’une attaque militaire chinoise contre Taïwan constituerait une « situation menaçant la survie » du Japon.
Le 16 novembre, la Chine a envoyé des gardes‑côtes dans les eaux des îles Senkaku, inhabitées, sous contrôle japonais mais revendiquées par Pékin.
Le ministre taïwanais de la Défense, Wellington Koo, a réagi à la tension sino‑japonaise le 19 novembre : « La Chine devrait renoncer à la logique selon laquelle la force règle les différends », a-t-il rappelé devant la presse.
Avec la contribution de Reuters.

Frank Fang est un journaliste basé à New York. Il couvre les nouvelles en Chine et à Taiwan. Il est titulaire d'une maîtrise en science des matériaux de l'Université Tsinghua à Taiwan.
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