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Les déficits olfactifs sont liés à un risque accru de mortalité chez les personnes âgées

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Photo: Grustock/Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

Une diminution de l’odorat peut être plus qu’un désagrément pour les personnes âgées ; il peut s’agir d’un signe avant-coureur d’un risque accru de mortalité.
Une nouvelle étude portant sur plus de 2500 personnes âgées a révélé que les personnes souffrant de troubles de l’odorat couraient un risque de décès accru de 68 % sur une période de six ans, les maladies neurodégénératives et respiratoires figurant parmi les principales causes de décès.
Aux États-Unis, la fréquence de l’anosmie, c’est-à-dire la perte totale de l’odorat, augmente avec l’âge, avec des taux allant de 13 à 25 % chez les personnes âgées de 60 à 79 ans. La prévalence de l’anosmie et d’autres troubles de l’odorat peut atteindre 39 % chez les personnes âgées de 80 ans et plus.
Selon l’association Anosmie.org, 5 % de la population mondiale souffrirait d’une perte d’odorat, partielle ou totale. En France, 9 % des Français souffrent de tels troubles olfactifs.
D’après une enquête de l’Ifop – portant sur un échantillon de 3013 personnes de la population française – 16 % disent avoir déjà été affectés par une perte d’odorat.
Chaque réponse incorrecte augmente le risque
Bien que l’étude souligne l’importance de la santé olfactive pour la longévité des personnes âgées de 60 ans et plus, les chercheurs ont insisté sur le fait qu’une diminution de l’odorat est un marqueur plutôt qu’un facteur direct d’augmentation de la mortalité.
Une étude, récemment publiée dans le JAMA Otolaryngology-Head & Neck Surgery, a utilisé le test d’identification des odeurs Sniffin’ Sticks, qui évalue la capacité des participants à identifier 16 odeurs différentes. Les chercheurs ont constaté qu’un plus grand nombre de réponses erronées aux questions d’identification des odeurs se traduisait par un risque plus élevé de décès dans les six et douze années suivantes.
Pour chaque mauvaise réponse, le risque de décès augmentait de 6 % après 6 ans et de 5 % après 12 ans.
Dans l’ensemble, l’incapacité à sentir a augmenté le risque de mortalité de 68 % après 6 ans et de 67 % après 12 ans. Après 12 ans, le lien entre les déficiences olfactives et le décès diminue à mesure que les participants vieillissent et que l’âge devient un risque de décès plus important que l’odorat.
Sur l’ensemble des participants, près de 18 % sont décédés dans les 6 ans, et environ 38 % dans les 12 ans.
Chaque mauvaise réponse au test d’odeur était liée à un risque accru de près d’un tiers de mourir d’une maladie neurologique ou respiratoire au bout de 6 ans.
Les chercheurs ont analysé les données de l’étude nationale suédoise sur le vieillissement et les soins à Kungsholmen (SNAC-K), à laquelle ont participé 2524 personnes âgées en moyenne d’environ 72 ans, qui ont été évaluées entre 2001 et 2004 et suivies pendant une période allant jusqu’à 12 ans.
Les chercheurs ont analysé la relation entre les capacités olfactives et la mortalité en tenant compte de facteurs comme l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et le tabagisme.
Qu’est-ce qui explique ce lien ?
« Les déficiences olfactives peuvent être liées à la mortalité par de multiples mécanismes », écrivent les auteurs. Elle peut nuire à la capacité des personnes à détecter des dangers comme la fumée et les aliments avariés, bien que ces incidents soient rarement à l’origine de décès. Elle peut également être un signe d’inflammation et de neurodégénérescence.
La perte de l’odorat chez les personnes âgées « n’est pas un changement anodin », a déclaré à Epoch Times le Dr Helen Messier, directrice médicale et scientifique et experte en médecine de la longévité. « Il y a très souvent des problèmes sous-jacents plus graves qui doivent être étudiés. »
Le déclin de l’odorat est associé à des processus neurodégénératifs comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, « dont la présence est certainement associée à une mortalité accrue », a-t-elle ajouté.
Le bulbe olfactif et les zones cérébrales connexes sont souvent parmi les premières régions du cerveau à être touchées par les changements neuropathologiques associés à la maladie d’Alzheimer.
Selon le Dr Messier, la perte d’odorat peut également être le signe d’une inflammation, d’un dysfonctionnement métabolique et d’un déclin cognitif plus avancé, « autant de facteurs associés à un risque accru de décès à un âge plus précoce ».
Le déclin olfactif, en plus d’être un symptôme non moteur précoce dans les troubles neurodégénératifs, peut également indiquer d’autres conditions systémiques, a déclaré à Epoch Times le Dr Isabella Park, directrice médicale de gériatrie et de médecine palliative.
Il s’agit notamment des « maladies cardiovasculaires et du diabète, reflétant potentiellement des mécanismes physiopathologiques sous-jacents communs comme l’inflammation ou les changements microvasculaires », a-t-elle déclaré.
Les modifications microvasculaires affectent les petits vaisseaux sanguins et peuvent endommager le cœur et le cerveau. Ces changements peuvent conduire à l’athérosclérose et à une réduction de la densité capillaire, ce qui nuit à la circulation sanguine et à l’apport d’oxygène à ces organes.
L’inflammation, une réponse naturelle aux lésions tissulaires, joue également un rôle dans les maladies neurologiques et cardiovasculaires. Une inflammation chronique de faible intensité, souvent associée au vieillissement, peut contribuer au développement et à la progression de ces maladies.
En plus de servir de marqueur pour d’autres pathologies, la perte d’odorat a un impact direct sur la qualité de vie et la sécurité.
« Les personnes âgées qui n’ont pas d’odorat peuvent perdre l’appétit, ce qui peut les empêcher de recevoir suffisamment de vitamines et d’aliments », a déclaré le Dr Messier. « Cela les empêche également d’identifier le gaz, les aliments avariés ou la fumée, ce qui augmente leur risque d’être blessées. »
Après 6 ans, la démence représentait 23 %, la fragilité 11 %, et la malnutrition 5 % du lien entre les déficits olfactifs et la mortalité.
Mais à 12 ans, la fragilité était la seule cause significative de décès.
La malnutrition et la fragilité peuvent augmenter de manière significative le risque de mortalité chez les personnes âgées en réduisant la capacité de l’organisme à faire face au stress et à se remettre d’une maladie, ce qui entraîne des complications et une plus grande vulnérabilité. Ces deux conditions affaiblissent le système immunitaire et réduisent les réserves physiques.
Les chercheurs ont constaté que des scores de santé inférieurs sont également liés à un risque plus élevé de mourir de problèmes respiratoires – une augmentation de 87 % dans les 6 ans – ainsi qu’à un risque plus élevé de 50 % de problèmes cardiovasculaires.
Protéger son odorat en vieillissant
D’après le Dr Messier, les personnes âgées peuvent prendre des mesures proactives pour préserver leur santé olfactive.
« Les études cliniques sont prometteuses pour des stratégies comme l’entraînement à l’odorat, qui consiste à humer du clou de girofle, du citron, de la rose et de l’eucalyptus », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que les inflammations chroniques, les sinus et certains problèmes métaboliques « doivent être pris en charge » pour préserver la capacité à détecter les odeurs.
Le Dr Messier a également recommandé d’éviter de fumer, de maintenir des niveaux adéquats de zinc et de vitamine B, et de pratiquer certaines formes d’exercices cognitifs ou d’activité aérobique, « qui peuvent tous contribuer indirectement à la préservation des systèmes sensoriels et de la résilience au fur et à mesure que l’on vieillit ».
Isabella Park a noté que les prestataires de soins de santé devraient également conseiller les patients et les soignants sur les stratégies compensatoires, « y compris l’amélioration des pratiques de sécurité alimentaire et l’utilisation d’indices visuels et texturaux pour maintenir une nutrition adéquate ».
Le Dr Messier a souligné que le déclin olfactif est en train de devenir un biomarqueur discret mais significatif de la durée de vie en bonne santé.
« Il s’agit d’un reflet des systèmes cérébral, immunitaire et sensoriel à la fois », a-t-elle déclaré. « De la même manière que l’on surveille les changements dans la cognition ou la démarche, la reconnaissance et le suivi des changements dans l’odorat peuvent nous permettre d’intervenir beaucoup plus tôt et beaucoup plus efficacement. »