Epoch Times : Qu’est-ce qui pourrait attendre New York après l’élection de Zohran Mamdani ?
Shabbos Kestenbaum : Si Mamdani venait à mettre en œuvre ne serait-ce qu’une partie de ses politiques, nous verrions très rapidement les plus riches de notre ville, et tous ceux qui en ont les moyens, quitter New York. Oubliez Israël, oubliez l’antisémitisme : ses idées économiques et sociales, à elles seules, pourraient s’avérer extrêmement destructrices pour la métropole. À ce stade, il pourrait bien devenir l’un des pires maires que New York ait connus depuis Bill de Blasio.
Mamdani défend l’idée que, dans la capitale financière du monde, les milliardaires ne devraient pas exister. C’est non seulement absurde, mais contre-productif : ce sont précisément ces mêmes milliardaires qui seraient, en pratique, les seuls à pouvoir financer les ambitions qu’il affiche. Pire encore, il propose que le gouvernement gère les épiceries et la distribution alimentaire, une idée qui, chaque fois qu’elle a été tentée, que ce soit à Cuba, au Venezuela ou même en Floride aux États-Unis, s’est soldée par des faillites et des désastres économiques. Il va plus loin encore : dans ses propres propos, il estime qu’il faudrait « taxer les quartiers blancs ».
Face à son élection, je ressens un mélange de choc et d’inquiétude. Choc parce que le choix des électeurs témoigne d’un tournant radical pour notre ville, mais pas de surprise : c’est le fruit de décennies d’endoctrinement idéologique, une culture de l’excuse et une mentalité victimaire qui se sont lentement imposées. J’ai sincèrement peur pour New York. Vraiment.
Selon le Daily Wire, la base électorale de Mamdani se compose majoritairement d’immigrés, de New-Yorkais issus de la gauche radicale et de jeunes femmes diplômées. Quelle lecture faites-vous de cette configuration sociologique du vote ?
85 % des femmes de moins de 30 ans ont voté pour Zohran Mamdani. Avec un tel score, on se croirait en Corée du Nord. Ce chiffre illustre à quel point le New York d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a dix ou quinze ans.
Par ailleurs, notre ville, et, plus largement, notre pays, voient affluer des individus qui, pour beaucoup, ne partagent pas les valeurs fondamentales américaines. Certes, nous sommes une nation d’immigrants, mais d’un certain type : ceux qui souhaitent s’assimiler, travailler dur et bâtir une vie meilleure. Pas ceux qui préfèrent attribuer leurs échecs personnels ou financiers à des forces obscures et abstraites : les « milliardaires », le « système », « Israël » ou encore « les Juifs ».
Enfin, Zohran Mamdani a su exploiter avec une redoutable habileté le ressentiment diffus que de nombreux jeunes nourrissent à l’égard de la ville où ils vivent et, plus largement, du pays dont ils sont citoyens.
Parallèlement, la montée de l’antisémitisme dans certaines universités américaines s’articule parfaitement avec la stratégie politique de Mamdani. Ces jeunes, enclins à projeter leurs frustrations et leurs échecs sur des boucs émissaires, trouvent en lui une figure emblématique, presque porte-parole, de ce rejet systématique des responsabilités individuelles.
Après la victoire de Mamdani, un candidat qui a ouvertement fait l’apologie du communisme et appelé à « mondialiser l’intifada », Hillary Clinton a qualifié son élection de « victoire pour la démocratie », évoquant « une campagne inspirante ». Barack Obama l’a également félicité, affirmant que « l’avenir semble un peu plus prometteur ». Selon vous, ces réactions signifient-elles que la gauche américaine a désormais pleinement rallié l’extrême gauche ?
Malheureusement, je le crains. À bien des égards, l’histoire de Zohran Mamdani dépasse son seul parcours personnel. Elle reflète aussi celle de Kathy Hochul, la gouverneure de New York, et de Hakeem Jeffries, chef de la minorité à la Chambre des représentants : tous deux, censés incarner l’expérience et la responsabilité, ont cédé face à Mamdani et à ses exigences. Leur capitulation traduit la peur qui saisit la direction du parti face à des figures qui, en réalité, ne sont même plus des démocrates au sens traditionnel du terme.
Car Mamdani n’est pas un démocrate classique : c’est un socialiste, un communiste. À bien des égards, moi-même, je suis aujourd’hui plus démocrate que Zohran Mamdani. Le Parti démocrate traverse une crise d’identité profonde.
Un sondage publié la semaine dernière par Politico demandait aux électeurs démocrates : « Qui est le chef de votre parti ? » Une part significative a répondu : « Nous n’en avons pas » ou « Je ne sais pas. » Le Parti démocrate semble en quête d’une nouvelle figure de proue, tandis que Zohran Mamdani, lui, est parvenu à inspirer plus d’un million de New-Yorkais.
Ce contraste est frappant : d’un côté, les conservateurs et le Parti républicain débattent ouvertement de leur identité – qui sommes-nous, quelles sont nos valeurs, en quoi croyons-nous ? -, de l’autre, le Parti démocrate n’a engagé aucune réflexion comparable. Pire encore, il s’est laissé dominer par les éléments les plus radicaux de sa base.
Dans une tribune publiée dans le Jewish Chronicle, vous affirmez que « sans le 7 octobre, il n’y aurait pas de Zohran Mamdani ». Qu’entendez-vous par là ?
C’était le comble de l’hypocrisie lorsque Zohran Mamdani, lors du débat des primaires, a affirmé qu’il n’entreprendrait aucun voyage à l’étranger s’il devenait maire de New York, et surtout pas en Israël, au motif qu’il souhaitait se consacrer exclusivement aux habitants de la ville. C’est une déclaration absurde à plusieurs égards.
D’abord, à peine désigné candidat après les primaires, Mamdani s’est envolé pour l’Ouganda afin de séjourner dans le domaine familial : un vaste complexe estimé à plusieurs millions de dollars et gardé par des hommes en armes.
Ensuite, en août 2023, il déclarait lui-même que « la libération de la Palestine est au cœur de [sa] politique et continue de l’être ». Ce sont ses propres mots. Durant son mandat à l’Assemblée de l’État, il n’a d’ailleurs déposé que quatre projets de loi, dont l’un visait à priver la quasi-totalité des organisations caritatives juives de New York de leur statut d’organisme à but non lucratif.
À peine une semaine après le 7 octobre, le plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, il manifestait dans les rues de New York contre le sionisme, allant jusqu’à être arrêté lors de ces rassemblements. Il a su exploiter la colère d’une partie de la jeunesse new-yorkaise vis-à-vis d’Israël pour faire avancer son propre agenda idéologique.
Mamdani parle d’Israël plus que de tout autre sujet, tout en prétendant ne pas avoir d’opinion sur des questions cruciales comme le désarmement du Hamas. Aucune opinion ? Pourtant, il revendique ouvertement son intention de faire arrêter Benjamin Netanyahou. L’hypocrisie n’a sans doute jamais été aussi flagrante.
Comment expliquez-vous cette obsession de l’extrême gauche à faire campagne sur la question d’Israël, que ce soit aux États-Unis ou en France ? Et, selon vous, quelle devrait être la réponse des citoyens de confession juive ?
Beaucoup de ces partis n’ont tout simplement rien à offrir à leurs électeurs. Rien. Et c’est précisément pour cette raison qu’ils ont choisi, de manière cynique, d’exploiter Israël et la situation à Gaza comme un instrument de mobilisation politique.
La seule réponse que la communauté juive devrait apporter, à mon sens, c’est d’affirmer encore plus fermement son identité. Il y a une raison pour laquelle nous avons survécu aux Byzantins, aux Romains, aux Perses, aux Grecs et aux Égyptiens. Nous existons depuis trois millénaires, et nous serons encore là dans trois millénaires.
Les éructations d’un rappeur raté de 34 ans ou les prêches de quelques idéologues communistes ne m’inquiètent pas en ce qui concerne les États-Unis. La communauté juive américaine et, plus largement le peuple américain, sont forts et résilients.
Une eurodéputée de La France insoumise, Manon Aubry, est venue à New York faire campagne pour Mamdani sur le terrain. Quelle lecture faites-vous de cette implication d’une personnalité politique française dans cette élection locale américaine ?
J’ai constaté que cette eurodéputée d’extrême gauche était venue faire campagne pour Mamdani à New York. Jeremy Corbyn a aussi fait du démarchage téléphonique en sa faveur. Sur le plan légal, le Department of Justice enquête actuellement sur cette affaire, car une ingérence étrangère dans une élection souveraine constitue manifestement une violation de la loi américaine. Le DOJ examine activement si des infractions ont été commises.
Sur le plan politique, cette situation illustre parfaitement ce que je soulignais plus tôt : le problème dépasse largement New York. Nous assistons à l’émergence d’une génération de responsables politiques incapables de produire des résultats concrets pour leur population, préférant se rabattre sur des slogans populistes simplistes qui font croire aux citoyens que tous leurs problèmes viennent des autres.
Pendant ce temps, la France, par exemple, est confrontée à un fort chômage, à une criminalité élevée et à des immigrés issus du tiers-monde qui refusent de s’assimiler. Dans ce contexte, Israël sert de bouc émissaire commode.
Mais il serait hasardeux, pour les responsables politiques français ou britanniques, de croire que la « Mamdanification » du Parti démocrate représente un modèle exportable à l’échelle nationale.
Il faut d’ailleurs replacer les choses dans leur juste perspective : Mamdani a recueilli moins de voix que Bill de Blasio, moins qu’Eric Adams, et encore moins que Kamala Harris. Sa percée, à un million de suffrages, s’explique avant tout par le faible score de son adversaire, Andrew Cuomo, qui n’a réuni que 930 000 votes.
L’histoire de ces élections ne se résume pas non plus à la soumission du Parti démocrate. Elle inclut aussi le succès de candidats modérés et pragmatiques comme Abigail Spanberger en Virginie ou Mikie Sherrill dans le New Jersey, des démocrates opposés au socialisme. Tous deux ont remporté leurs élections avec des marges bien supérieures à celles de Mamdani.
Une fois encore, je mettrais donc en garde le Parti démocrate, comme les responsables étrangers tentés d’en tirer des conclusions hâtives : l’épisode Mamdani ne traduit pas un raz-de-marée idéologique, mais un phénomène conjoncturel, né de circonstances électorales particulières.
Selon le New York Post, certains donateurs liés au milliardaire basé en Chine, Neville Roy Singham, connu pour financer des groupes marxistes anti-Israël, ont contribué à hauteur de plusieurs milliers de dollars à la campagne de Mamdani. Par ailleurs, La France insoumise a récemment publié un rapport parlementaire appelant la France à construire une « alliance stratégique » avec la Chine et saluant le modèle politique de Pékin. Le Parti communiste chinois a-t-il, selon vous, un intérêt à promouvoir les mouvements d’extrême gauche en Occident ?
Oui, bien sûr. C’est également pour cette raison que Code Pink (« Femmes pour la paix ») fait l’objet d’enquêtes à la Chambre des représentants et au Sénat, pour avoir reçu des contributions illicites en provenance du Parti communiste chinois. Le PCC a été tout aussi clair à propos de ByteDance : la société ne devait pas échapper à son influence, et TikTok doit rester sous contrôle, au minimum, l’algorithme doit être supervisé par le Parti communiste chinois.
L’Amérique a de véritables ennemis : le Parti communiste chinois, et les milliards de dollars injectés par des acteurs étrangers comme le Qatar.
À propos du Qatar, Mamdani est également accusé d’entretenir des liens avec les Frères musulmans. Peut-on s’attendre à ce que l’administration Trump désigne prochainement cette organisation comme une entité terroriste ?
Oui, c’est un sujet sur lequel l’administration Trump travaille activement en ce moment. Un projet de loi a déjà été présenté au Sénat pour désigner les Frères musulmans comme organisation terroriste, et il est probable que nous verrons rapidement des avancées sur ce dossier.
Quant aux relations de Mamdani, elles sont pour le moins inquiétantes. Il s’agit d’un individu qui a posé, tout sourire, aux côtés d’un co-conspirateur non inculpé de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. À ce jour, il refuse toujours de condamner les appels à une intifada mondiale.
De plus, il fait régulièrement campagne avec des personnalités telles que Hasan Piker, qui a publiquement déclaré que l’Amérique « méritait » le 11 septembre. Mamdani entretient donc des liens avec des individus qui sont soit des terroristes avérés, soit des sympathisants du terrorisme.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.