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Le président taïwanais promet de bâtir un système de défense aérienne « T-Dome » face à la menace croissante chinoise

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Lors des célébrations de la fête nationale devant le Palais présidentiel de Taipei, le 10 octobre 2025, le président taïwanais Lai Ching-te a livré un discours empreint de gravité

Photo: Sung Pi-lung/Epoch Times.

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Durée de lecture: 6 Min.

Taïpei, Taïwan — Le président taïwanais Lai Ching-te s’est engagé à accélérer la construction d’un nouveau système de défense aérienne baptisé  T-Dome » pour répondre aux menaces militaires croissantes de la Chine communiste.
M. Lai a tenu ces propos lors d’une allocution nationale, prononcée devant le Palais présidentiel de Taipei à l’occasion de la fête nationale, le 10 octobre. Cette édition marquait également le 114e anniversaire de la fondation de Taïwan.
« Nous allons accélérer la mise en place du T-Dome, établir un système de défense aérienne rigoureux à Taïwan, doté d’une défense en couches multiples, de détections avancées et d’interceptions efficaces, afin de tisser un filet de sécurité protégeant la vie et les biens de nos concitoyens », a-t-il déclaré, selon la traduction officielle de son discours.
Le président n’a pas détaillé les spécificités du « T-Dome » dans ce premier commentaire public sur le dispositif. À ce jour, les systèmes de défense aérienne de Taïwan reposent principalement sur les missiles Patriot américains et les Sky Bow taïwanais.
Depuis l’arrivée au pouvoir du Parti démocrate progressiste (DPP) en 2016, le régime chinois intensifie ses pressions diplomatiques, militaires et politiques sur Taïwan. Pékin considère l’île autonome comme son propre territoire et qualifie M. Lai et sa prédécesseure Tsai Ing-wen – tous deux membres du DPP – de « séparatistes » en raison de leur engagement ouvert pour la souveraineté de l’île.
« Nous avancerons sur l’intégration des technologies de pointe et de l’intelligence artificielle pour bâtir un système de combat défensif intelligent, maximisant la force de dissuasion de notre stratégie asymétrique », a poursuivi M. Lai.
Le chef de l’État a également réaffirmé sa volonté d’augmenter le budget de la défense, qui devrait dépasser 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2026 et atteindre 5 % d’ici 2030.
Cette augmentation des dépenses militaires « est une nécessité manifeste face à la menace ennemie et un moteur de développement pour notre industrie de défense », a encore affirmé M. Lai.
En juillet, lors des manœuvres militaires annuelles Han Kuang, Taïwan a simulé pour la première fois un scénario d’invasion chinoise potentielle à l’horizon 2027.
Des responsables américains indiquent que le dirigeant chinois Xi Jinping aurait ordonné à l’Armée populaire de libération de se tenir prête à envahir l’île d’ici 2027.
M. Lai a réitéré que la Chine doit « renoncer à la force ou à la coercition pour changer le statu quo dans le détroit de Taïwan ».
« Dans le monde actuel, l’autoritarisme progresse et l’ordre international fait face à de graves défis. L’ordre régional dans le détroit de Taïwan, la mer de l’Est et la mer de Chine méridionale, voire la sécurité de l’ensemble de la première chaîne d’îles, sont lourdement menacés », a-t-il souligné.
Taïwan se situe au cœur de la première chaîne d’îles, qui s’étend de l’île méridionale japonaise de Kyushu et des Philippines jusqu’à la péninsule malaise. La seconde chaîne d’îles s’étire du Japon vers Guam, la Micronésie et jusqu’à l’Indonésie.
« En nous remémorant la Seconde Guerre mondiale, force est de constater combien la souffrance de la guerre et la douleur de l’invasion marquèrent tant de vies. Nous devons retenir les leçons de l’Histoire et nous assurer que les tragédies du passé ne se reproduisent jamais », a insisté M. Lai.
Le 14 octobre dernier, soit quatre jours après le discours de la fête nationale, la Chine a lancé de nouveaux exercices militaires autour de Taïwan, présentant l’opération comme un « avertissement sévère » adressé aux forces « séparatistes ». Cette démonstration de force a suscité une vive réaction internationale, plusieurs pays – dont les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni – ayant exprimé leurs inquiétudes.
Présentant Taïwan comme « un phare de la démocratie en Asie », M. Lai a réaffirmé que son administration « travaillera à préserver le statu quo » dans le détroit.
Un responsable américain a salué la promesse de M. Lai d’accroître le budget de la défense et son engagement pour la paix régionale.
« Nous n’allons pas spéculer sur la réaction de Pékin. Notre politique générale est que les discours de routine ne devraient jamais servir de prétexte à des actions coercitives ou militaires », a indiqué ce responsable.
Ces dernières années, l’armée chinoise envoie régulièrement des avions de chasse et des navires de guerre à proximité de Taïwan, franchissant de façon répétée la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de l’île.
Le ministère taïwanais de la Défense nationale a rapporté le matin du 10 octobre que huit sorties d’avions militaires chinois et neuf navires de la marine chinoise avaient été repérés près de l’île au cours des 24 heures précédentes, dont quatre incursions dans l’ADIZ.
La fête nationale de Taïwan, appelée également « Double Dix », marque le début du soulèvement de Wuchang en 1911, qui a entraîné la chute du dernier empereur de la dynastie Qing. La République de Chine (nom officiel de Taïwan) a été fondée en Chine continentale en 1912.
Le gouvernement de la République de Chine s’est replié à Taïwan en 1949, après avoir perdu la guerre civile contre le Parti communiste chinois.
Avec Reuters
Frank Fang est un journaliste basé à New York. Il couvre les nouvelles en Chine et à Taiwan. Il est titulaire d'une maîtrise en science des matériaux de l'Université Tsinghua à Taiwan.

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