Le président de Madagascar prend la fuite face à la menace d’un coup d’État

Des manifestants s’en prennent à un véhicule blindé de la gendarmerie à Antananarivo, Madagascar, le 11 octobre 2025
Photo: Luis Tato/AFP via Getty Images
Le président malgache Andry Rajoelina a quitté le pays le 13 octobre, après avoir mis en garde contre un coup d’État militaire imminent la veille.
Siteny Randrianasoloniaiko, député du Parlement, a confirmé que M. Rajoelina avait quitté l’île, tout en précisant que sa destination restait inconnue.
M. Rajoelina devait s’adresser à la nation à 19 heures, mais son discours a été repoussé après que la page officielle Facebook de la présidence a annoncé lundi que les forces armées étaient en train de prendre le contrôle de l’audiovisuel public.
Madagascar, située au large de la côte sud-est de l’Afrique, est en proie depuis plusieurs semaines à une révolte politique menée par la jeunesse, les habitants réclamant la démission du chef de l’État.
Mamy Rabenirina, député à l’Assemblée nationale, rappelle que les protestations ont débuté sous l’impulsion de trois membres du conseil municipal, qui, selon lui, ont incité les habitants à « faire entendre leur voix » face à des coupures récurrentes d’eau et d’électricité.
« Ce n’est que l’accumulation de nombreux problèmes qui frappent le pays depuis des années », a-t-il expliqué le 12 octobre lors d’une interview accordée à SABC News.
En cas de démission du président, selon M. Rabenirina, c’est le président du Sénat qui, conformément à la Constitution, est appelé à assurer l’intérim.
La contestation, déclenchée le 25 septembre, a été attisée sur les réseaux sociaux sous le mot-clé GenZMada. Les manifestants ont érigé des barrages routiers, incendié plusieurs stations du téléphérique national et pillé des commerces locaux.
De nombreux manifestants brandissaient des drapeaux noirs arborant le crâne issu du célèbre manga japonais « One Piece ». Des symboles similaires avaient été observés lors d’une récente révolte au Népal.
Le 29 septembre, M. Rajoelina avait dissous le gouvernement et nommé le général Ruphin Fortunat Zafisambo au poste de Premier ministre, en promettant des réformes.
Au cours des violences, selon M. Rabenirina, plus de 20 personnes ont été tuées et de nombreux autres blessés.
Samedi, l’unité d’élite de l’armée, la CAPSAT, s’est retournée contre le pouvoir et a rejoint les manifestants, qui se faisaient appeler « Gen Z Madagascar ».
La CAPSAT a également annoncé avoir pris la direction des forces armées et désigné le général Demosthene Pikulas comme nouveau chef d’état-major. Une autre faction, la gendarmerie nationale, s’est à son tour détournée du président le 12 octobre, refusant de mater les protestataires.
« Tout recours à la force et tout comportement inapproprié à l’égard de nos concitoyens sont proscrits, la gendarmerie étant une force destinée à protéger la population et non à défendre les intérêts privés », a déclaré l’Unité d’Intervention de la Gendarmerie nationale dans un communiqué.
Andry Rajoelina avait déjà accédé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en 2009, avant de se retirer à l’issue des premières élections générales en 2013. Il avait été élu président en 2018 et réélu en 2023.
Le soulèvement à Madagascar intervient dans le sillage des mouvements similaires de la Génération Z au Népal et au Sri Lanka.
La contestation népalaise avait débuté après l’interdiction gouvernementale des réseaux sociaux. Elle s’était soldée par la démission du Premier ministre, l’incendie du parlement et des domiciles de plusieurs responsables politiques.
Avec les contributions de l’Associated Press et de Reuters.

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