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Le plan américain en 28 points pour la paix Russie Ukraine : que contient-il ?

Le plan prévoit que Kiev cède certains territoires à Moscou, réduise ses forces armées et renonce entièrement à son adhésion à l’OTAN.

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Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, le 17 octobre 2025.

Photo: Tom Brenner/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

L’administration Trump a confirmé le 20 novembre qu’elle travaillait sur un plan de paix visant à mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Cette déclaration intervient après la circulation de nombreuses fuites dans la presse, dont plusieurs médias, notamment l’Associated Press, ont publié les versions provisoires détaillant les étapes proposées par Washington pour arrêter les hostilités entre Kiev et Moscou. Voici ce que l’on sait.

Que contient le plan ?

Le plan, élaboré par l’envoyé spécial pour les missions de paix Steve Witkoff et le secrétaire d’État Marco Rubio, était étudié « en toute discrétion » depuis un mois, selon la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt, lors d’un point presse. Il comprend 28 points couvrant notamment les questions de territoire, de défense, de relations internationales futures, de financement de la reconstruction post-conflit, et de politique intérieure.
Les trois premiers points prévoient la confirmation de la souveraineté de l’Ukraine, l’instauration d’un accord de non‑agression entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe, ainsi que la cessation par la Russie de toute invasion sur ses voisins, et la fin de l’expansion de l’OTAN.
Mais les éléments les plus controversés exigeraient que l’Ukraine cède la Crimée, le Louhansk et le Donetsk à la Russie, tandis que Kherson et Zaporijjia seraient figés sur la ligne de contact, ce qui reviendrait à une reconnaissance de facto. Le plan prévoit aussi que l’Ukraine inscrive dans sa Constitution une renonciation à l’OTAN, et que l’alliance atlantique incorpore dans ses statuts l’interdiction pour Kiev d’intégrer le bloc à l’avenir. Cependant, l’Ukraine pourrait toujours rejoindre l’Union européenne, à condition de remplir les critères d’adhésion.
Ces points vont à l’encontre des objectifs précédemment proclamés aussi bien par Kiev que par plusieurs États membres de l’OTAN.
Le texte prévoit également de limiter l’effectif des forces armées ukrainiennes à 600.000 soldats et de permettre à la Russie de réintégrer le G8.

Comment l’Ukraine a-t-elle réagi ?

« C’est l’un des moments les plus difficiles de notre histoire. La pression sur l’Ukraine est aujourd’hui immense. Notre pays pourrait devoir choisir : perdre sa dignité, ou prendre le risque de perdre un allié majeur », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une allocution à la nation le 21 novembre.
« Soit accepter ces 28 points difficiles du projet, soit un hiver particulièrement rude — le plus dur jamais connu — et d’autres périls. Une vie sans liberté, sans dignité, sans justice. »
Zelensky a affirmé que l’Ukraine « travaillera calmement avec l’Amérique et tous nos partenaires » et recherchera « des solutions constructives ».
Des responsables américains ont soutenu le projet, indiquant à Reuters qu’il a été rédigé en consultation avec Rustem Umerov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense en Ukraine ; ce dernier aurait validé la majorité des points.
M. Umerov a toutefois assuré vendredi qu’il n’avait pas discuté du plan ni de ses termes, n’ayant pas l’autorité pour le faire.
« Je n’ai fourni aucune évaluation ni, a fortiori, approuvé aucun point. Cela ne relève pas de mon autorité et ne correspond pas à la procédure », a-t-il écrit sur Telegram.
Par ailleurs, le député Oleksiy Goncharenko a affirmé que les États‑Unis auraient menacé d’interrompre livraisons d’armes et partage de renseignements si Kiev ne signait pas le plan avant le 27 novembre.
« Je peux confirmer que c’est exact », a‑t‑il écrit sur Telegram, commentant l’article de Reuters.

Quelle a été la réaction européenne ?

Plus tôt, Zelensky avait indiqué avoir discuté du plan avec Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, et le chancelier allemand Friedrich Merz.
« Nous travaillons sur le document élaboré par la partie américaine. Ce projet doit garantir une paix réelle et digne », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
À l’issue des échanges, Starmer a lui aussi affirmé que l’Ukraine devait conserver la pleine maîtrise de ses choix.
« Tout ce qui concerne l’Ukraine doit, in fine, être décidé par l’Ukraine elle-même », a‑t‑il déclaré à la chaîne Sky News depuis l’Afrique du Sud.
Merz a rappelé que l’Ukraine pouvait compter sur l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, précisant sur X que ces pays et Kiev « coordonneraient étroitement leur action avec l’Europe et les États-Unis, dont nous saluons l’engagement en faveur de la souveraineté de l’Ukraine ».
« La ligne de contact doit rester la base de toute discussion », a‑t‑il ajouté.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a estimé que ni Bruxelles ni Kiev ne céderaient à l’agression russe.
« C’est un moment très dangereux pour tous », a‑t‑elle déclaré.
« Nous voulons tous que cette guerre prenne fin, mais comment elle se termine est important. La Russie n’a aucun droit légal à obtenir des concessions du pays qu’elle a envahi. En fin de compte, c’est à l’Ukraine de décider des termes de tout accord. »

Quelle a été la réaction russe ?

Moscou, de son côté, a déclaré le 21 novembre n’avoir reçu aucune confirmation officielle de la volonté de Kiev de négocier selon ce plan.
« Non, nous n’avons rien reçu officiellement. Nous observons certaines innovations, mais rien n’a été officiellement notifié, aucune discussion de fond n’a eu lieu sur ces points », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon l’agence TASS.
Avec des contributions de l’Associated Press et de Reuters.