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Le commerce avec la Chine fait face à une nouvelle menace

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Un SUV Chery Tiggo 7 Pro de fabrication chinoise est aperçu sur l'avenue Reforma à Mexico le 23 décembre 2024.

Photo: Alfredo Estrella/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le monde semble s’aligner contre la Chine. En effet, le Mexique s’est joint aux États-Unis et à l’Union européenne pour envisager des tarifs douaniers sur les produits chinois.
Sans doute, la pression de Washington a joué un rôle dans la décision de Mexico, mais il existe également une volonté forte parmi les dirigeants politiques et les hommes d’affaires mexicains de défendre les industries nationales. Quelle que soit la motivation du Mexique, cette décision est importante. Le pays possède une économie conséquente, mais il a aussi longtemps servi de canal permettant aux producteurs chinois d’éviter les tarifs américains en entrant aux États-Unis via le Mexique. Cet élément suffit à susciter l’inquiétude de Pékin.
L’annonce des tarifs douaniers à Mexico ne vise pas uniquement la Chine. Elle parle d’une augmentation des tarifs sur les pays sans accord commercial explicite avec le Mexique. Cette catégorie large englobe la Chine, et pour bien souligner ce point, la déclaration officielle mentionne la nécessité de « renforcer l’industrie nationale et de substituer les importations venues d’Asie ».
Le plan tarifaire mexicain fait partie de la proposition de budget 2026 récemment soumise au Congrès mexicain, et selon le ministère de l’Économie, il concernera environ 1500 produits, pour un montant équivalent à environ 52 milliards de dollars d’importations. Les autorités mexicaines ne prévoient pas de problème avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC), car les tarifs proposés respectent les plafonds autorisés par l’organisation.
Les produits concernés incluent des automobiles, des pièces automobiles, de l’acier, des textiles, des jouets, des appareils électroménagers et des chaussures, tous faisant partie des marchandises importées de Chine vers le Mexique. Les véhicules fabriqués en Chine occupent une place particulière. Selon Marcelo Ebrard, secrétaire à l’Économie mexicaine, les voitures chinoises représentent un cinquième des ventes de voitures neuves au Mexique. L’industrie automobile locale représente un quart de la production manufacturière mexicaine et doit être protégée de la concurrence chinoise. De manière générale, a indiqué M. Ebrard, les tarifs permettront de protéger jusqu’à 320.000 emplois industriels.
L’action du Mexique attire naturellement l’attention de Pékin, mais les considérations américaines pèsent lourdement tant pour les Mexicains que pour les Chinois. Le ministre mexicain des Finances, Edgar Amador, a déclaré ouvertement que ces nouvelles propositions tarifaires visaient en partie les négociations commerciales en cours avec le Canada et les États-Unis.
Par le passé, le Mexique a servi de porte d’entrée aux produits chinois vers les États-Unis, échappant ainsi aux tarifs imposés directement par Washington sur les importations chinoises. Les producteurs chinois expédient des marchandises finies ou semi-finies au Mexique, qui entrent ensuite aux États-Unis sous l’appellation de produits mexicains. Nombreuses sont les entreprises chinoises qui ont implanté des opérations au Mexique à cette fin. Washington a menacé le Mexique de tarifs en représailles pour cette coopération. Il est probable que les autorités mexicaines voient dans ces tarifs proposés une manière d’atténuer la pression américaine sur ce dossier.
Cette connexion avec Washington rend la question encore plus cruciale pour Pékin, qui a émis un avertissement formel à Mexico, exigeant de reconsidérer la proposition tarifaire. Qualifiant les tarifs américains de « chantage unilatéral », Pékin a présenté les tarifs mexicains comme un effet de la coercition exercée par Washington. Pékin a menacé de représailles si le Mexique intégrait ces tarifs dans son budget 2026. Jusqu’à présent, la nature de ces représailles reste floue, mais Pékin ne peut se permettre d’ignorer un tel plan. Une passivité encouragerait les États-Unis à exercer des pressions similaires sur d’autres pays et inciterait ces derniers à se conformer.
Le Mexique ayant un réel intérêt à protéger son industrie manufacturière et plaçant les États-Unis au-dessus de la Chine, ces propositions tarifaires devraient être adoptées en loi mexicaine. Elles trouveront sans doute un écho favorable dans l’administration Trump et contraindront Pékin à répondre. Si Pékin demeure évasif quant à la nature de cette réponse, elle devrait probablement comprendre des réductions des flux d’investissements chinois vers le Mexique, des taxes sur les importations mexicaines en Chine, ainsi que d’autres barrières administratives destinées à compliquer la vie des producteurs mexicains en lien avec la Chine. Quelle que soit leur forme, les représailles de Pékin viseront moins à infléchir le Mexique a posteriori qu’à avertir les autres pays.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.

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