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Quatrième plénumLa purge des hauts responsables militaires chinois révèle une crise profonde dans le commandement de Xi Jinping
Le quatrième plénum du PCC est éclipsé par l’éviction de généraux et d’amiraux proches du chef du Parti, Xi Jinping.

Membres de la Commission militaire centrale lors de la quatrième session plénière de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, le 11 mars 2023.
Photo: Lintao Zhang/Getty Images
Le Parti communiste chinois (PCC) a ouvert lundi à Pékin le quatrième plénum de son 20e Comité central, en mettant en avant son ambition de tracer la prochaine feuille de route quinquennale de l’économie chinoise.
Mais l’attention portée à cette réunion de quatre jours a été éclipsée par une purge sans précédent au sommet de l’appareil militaire et de l’élite dirigeante du régime.
Expulsion massive de généraux avant une réunion clé
Quelques jours avant le plénum, neuf hauts responsables militaires, dont le vice‑président de la Commission militaire centrale (CMC) He Weidong, ont été expulsés du PCC et déchus de leurs grades.
Leur éviction devrait être formellement entérinée au plénum en cours et, avec ses 205 membres titulaires et 171 suppléants, le 20e Comité central du PCC devra désormais pourvoir au moins 12 postes de haut rang.
Plusieurs autres responsables de premier plan, comme l’ex‑ministre de l’Agriculture et des Affaires rurales Tang Renjian, l’ancien gouverneur du Shanxi Jin Xiangjun, ainsi que le chef de la logistique de la CMC Zhang Lin, ont également été démis ou visés par des enquêtes ces derniers mois.
Un processus de remplacement qui interroge
La purge soulève des questions sur la manière dont le PCC va pourvoir autant de postes simultanément, en particulier au sein de l’armée.
Shen Ming‑Shih, chercheur à l’Institut de recherche sur la défense et la sécurité nationale (Taïwan), explique à Epoch Times que le processus de remplacement est complexe, la plupart des évincés provenant des forces armées. Selon les règles du PCC, les membres titulaires sont normalement remplacés par des suppléants selon l’ordre de classement, mais beaucoup de suppléants suivants ne sont pas issus de l’armée.
« Par exemple, après la destitution de l’[ex-amiral] Miao Hua, si son successeur au Département du travail politique n’est pas suppléant au Comité central, il ne peut pas automatiquement être promu titulaire. Le Parti pourrait devoir attendre le 21e Congrès pour officialiser ces changements », note M. Shen.
Cela pourrait laisser des commandants clés à la tête d’unités majeures sans statut formel au Comité central, une situation inhabituelle et politiquement sensible, selon lui.
Vers un remaniement de la Commission militaire centrale ?
Les observateurs de la Chine surveillent également un éventuel remaniement de la Commission militaire centrale (CMC) par Xi Jinping.
Avec l’éviction de He Weidong, combinée aux enquêtes antérieures visant les membres de la CMC Li Shangfu et Miao Hua, la CMC est passée de sept à quatre membres. Le Politburo est lui aussi réduit de 24 à 23 membres, M. He siégeant également à cet organe, le deuxième échelon du pouvoir.
L’avenir du poste de vice‑président reste incertain. Le ministre de la Défense Dong Jun n’a pas encore été élevé à la CMC, alimentant les spéculations sur une promotion pendant ou après le plénum. Certains avancent que le remplaçant pourrait être choisi parmi les actuels membres de la CMC, Liu Zhenli ou Zhang Shengmin.
Effondrement de la confiance au sein de l’armée
Des analystes estiment que la purge révèle une crise profonde dans la chaîne de commandement de Xi sur les forces armées.
Dans une tribune pour l’édition chinoise d’Epoch Times, le commentateur des affaires chinoises Yuan Bin a écrit que la chute de neuf généraux le même jour prouve l’échec de la campagne anticorruption menée depuis des années au sein de l’armée par Xi.
« Jamais un président de la CMC n’a détenu un pouvoir aussi absolu tout en se montrant aussi inapte et confus dans le commandement militaire que Xi Jinping », écrit‑il.
« Jamais les généraux de haut rang n’avaient affiché une telle langue de bois tout en défiant le chef du Parti dans son dos. Et jamais l’armée ne s’était enfoncée dans un tel chaos interne. Cela illustre à quel point le système autoritaire du PCC est gangrené. »
De même, le commentateur politique taïwanais Hung Yao‑nan a écrit sur le site taïwanais Newtalk que ce séisme équivaut à « une explosion nucléaire politique ».
« De la vice‑présidence de la CMC à la Force des fusées, la Marine, la Police armée, le Commandement du théâtre Est et les centres d’opérations conjointes — presque tous les postes névralgiques ont vacillé en une nuit », écrit‑il. « Les neuf généraux purgés avaient tous été choisis par Xi lui‑même. Ce n’est plus une campagne anticorruption. C’est le pouvoir qui se dévore lui‑même. »
Un test politique pour le leadership de Xi
Cette vaste purge militaire signale une crise plus large de confiance au sommet du PCC, affirment des analystes.
Alors que la propagande d’État présente le plénum comme consacré à la planification économique, beaucoup y voient un test politique pour la capacité de Xi à maintenir le contrôle dans un contexte d’instabilité grandissante au sommet de l’appareil parti‑État.
Ning Haizhong et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.

Michael Zhuang est un collaborateur d'Epoch Times, spécialisé dans les sujets se rapportant à la Chine.
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