La prochaine ère glaciaire nous donne rendez-vous dans 10.000 ans

De très gros icebergs du fjord gelé d'Ilulissat près de la sortie de la baie de Disko, au Groenland. Photo prise le 13 juillet 2024. (Sean Gallup/Getty Images)
La dernière ère glaciaire s’est achevée il y a environ 12.000 ans. À cette époque, la toundra glacée d’Europe céda peu à peu la place à un paysage boisé tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec une température moyenne annuelle d’environ 7,8 °C. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer les conditions glaciales de cette époque.
Il faut savoir que les ères glaciaires et les périodes interglaciaires n’ont pas la même durée. En réalité, une ère glaciaire, d’une durée d’environ 100.000 ans, est souvent cinq fois plus longue qu’un interglaciaire plus chaud, qui dure généralement environ 20.000 ans. Alors, un autre épisode froid similaire pourrait-il surgir à nouveau ? Et si oui, quand ?
Milanković a mis la mécanique céleste en lumière
Il y a plus de 100 ans, les scientifiques ont commencé à comprendre que les cycles de chaleur et de froid sont liés à la position de la Terre par rapport au Soleil. Ce qui semble un détail astronomique anodin provoque, sur notre planète, d’importants changements climatiques sur des millénaires.
La position de la Terre par rapport à notre Soleil — et donc la quantité de rayonnement solaire qui atteint notre planète — détermine si la Terre est chaude ou froide. Ce n’est cependant pas le seul facteur externe qui influence le climat terrestre.
L’un des scientifiques les plus éminents dans ce domaine était le mathématicien serbe Milutin Milanković. Au début des années 1920, il a proposé une théorie selon laquelle le rayonnement solaire, et par conséquent le climat terrestre, est déterminé par trois cycles fondamentaux, aujourd’hui appelés cycles de Milanković. Ces derniers dépendent de trois paramètres géologiques et astronomiques : la précession, l’obliquité et l’excentricité.

Le mathématicien serbe Milutin Milankovic (1879-1958) a mené des recherches approfondies sur la formation des glaciers (domaine public)

Les trois paramètres géologiques et astronomiques qui influent sur le climat de la Terre selon Milanković.
Cette théorie n’a pu être confirmée qu’à partir des années 1970, grâce à des données mesurées directement. Cependant, même aujourd’hui, il est encore difficile pour les scientifiques de déterminer précisément comment ces facteurs déclenchent ou terminent une ère glaciaire.
La meilleure approche consiste à comparer les anciens épisodes glaciaires. Cela reste complexe, car ces échelles de temps dépassent largement notre perception temporelle.
Récemment, une équipe internationale dirigée par le professeur Stephen Barker (Université de Cardiff, Royaume-Uni) a permis une avancée majeure : ils ont reconstitué les climats passés en analysant des sédiments marins âgés de 800.000 ans, contenant des foraminifères (micro-organismes unicellulaires à coquille calcaire).

Les foraminifères vivent sur Terre depuis le début de l’ère primaire, il y a environ 560 millions d’années (Alain COUETTE/CC BY-SA 3.0)
Les coquilles de ces organismes renferment des isotopes de l’oxygène, qui permettent aux scientifiques de reconstituer les températures et les environnements dans lesquels ils ont vécu. Ces données, mises en comparaison avec les phénomènes astronomiques déjà connus dans l’univers, ont mis en évidence un schéma clair et récurrent.
Comme l’explique la professeure Lorraine Lisiecki, co-autrice de l’étude : « Nous avons découvert un schéma prévisible du passage entre les ères glaciaires et les interglaciaires comme celle dans laquelle nous vivons ».
Un schéma longtemps passé inaperçu ?
« Il y a eu de nombreuses tentatives pour préciser l’influence de la précession et de l’inclinaison au moment de la fin d’une ère glaciaire », indiquent les chercheurs dans leur étude. Leur analyse des foraminifères leur a permis d’identifier les facteurs clés marquant le début et la fin d’une ère glaciaire.
Alors que la fin d’une ère glaciaire dépend à la fois de la précession et de l’obliquité, seule l’obliquité semble déclencher le début d’une glaciation globale.
« Nous avons été très surpris de constater à quel point différents facteurs influencent les archives climatiques. Il est incroyable que ce schéma n’ait pas été mis en évidence plus tôt », confie le professeur Stephen Barker.
Les glaciations sont prévisibles
Selon le modèle naturel actuel, la Terre se trouve dans un interglaciaire stable. Par conséquent, les calculs indiquent que la prochaine glaciation devrait débuter dans environ 10.000 ans.
« Le schéma que nous avons découvert est si reproductible que nous avons pu prédire avec exactitude chaque interglaciaire au cours du dernier million d’années ainsi que leur durée », explique le professeur Barker.
« C’est important, car cela confirme que les cycles climatiques naturels observés depuis des dizaines de milliers d’années sont, dans une large mesure, prévisibles, et non pas aléatoires ou chaotiques », ajoute la professeure Lisiecki.
L’étude a été publiée le 28 février 2025 dans la revue Science.
(Article initialement paru dans The Epoch Times Slovaquie sous le titre « Prirodzený vzorec: ďalšia doba ľadová príde za 10 000 rokov »)
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