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La Knesset israélienne fait avancer un projet de loi imposant la peine de mort pour les terroristes
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a déclaré que ce texte dissuaderait les « terroristes arabes » d’enlever des Israéliens dans l’espoir d’obtenir des échanges de prisonniers.

Itamar Ben Gvir (à g.) et Bezalel Smotrich (à dr.) à la Knesset, à Jérusalem, le 15 novembre 2022.
Photo: Abir Sultan/AFP via Getty Images
La Knesset israélienne a adopté, le 10 novembre, un projet de loi qui rendrait la peine de mort obligatoire pour les terroristes reconnus coupables du meurtre de citoyens israéliens.
Ce vote, tenu tard dans la journée, constitue la première étape sur les quatre nécessaires afin que la mesure devienne loi : le texte a été approuvé par 39 votes contre 16, sur un total de 120 députés.
Le principal soutien du projet est le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui a appelé tous les groupes politiques à appuyer la réforme. Dans un message sur Telegram, il a affirmé qu’il s’agirait d’« une initiative historique contre le terrorisme arabe ».
« Les terroristes potentiels savent déjà que leur condamnation n’est plus ce qu’elle était autrefois, notamment après le changement radical des conditions de détention », a-t-il poursuivi dans un autre message.
Il a ajouté que rendre la mort obligatoire écarterait « les juges à la morale dévoyée », les empêchant de faire preuve de « clémence », et que cela empêcherait les groupes terroristes d’enlever des Israéliens en vue d’obtenir la libération de leurs membres.
« Les terroristes sauront que ce rituel d’enlèvements de Juifs pour libérer des meurtriers de prison, c’est terminé », a‑t‑il martelé.
« Les terroristes venus tuer un Juif seront libérés vers un seul endroit : l’Enfer. »
Une autre partisane du texte, Limor Son Har-Melech, députée, a estimé dans une déclaration que la peine de mort pour les terroristes « est un devoir personnel et national ».
« Cette loi constitue une réponse morale et nationale ; elle affirme que le sang juif n’est pas à vil prix », a‑t‑elle ajouté.
À ce jour, la peine encourue pour meurtre en Israël est la réclusion à perpétuité.
La peine capitale a été abolie en 1954, sauf pour certains crimes exceptionnels comme la trahison ou les crimes de guerre commis sous le régime nazi.
Elle n’a plus été appliquée depuis des décennies.
Depuis la création d’Israël, le seul individu exécuté après un procès civil dans l’État hébreu reste le nazi Adolf Eichmann, pendu en 1962 après avoir été condamné pour crimes contre le peuple juif, crimes contre l’humanité et participation à la Shoah.
Après le vote de lundi, le projet va passer en commission parlementaire pour y être débattu avant d’être soumis à un second, puis un troisième, vote.
Cependant, il est loin d’être certain qu’il devienne loi, plusieurs partis ayant boycotté le premier scrutin.
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a indiqué qu’il ne voterait pas le texte, qualifiant l’initiative de « manœuvre partisane » du parti Otzma Yehudit de Ben-Gvir.
« Il existe déjà une loi sur la peine de mort pour les terroristes en Israël », a-t-il déclaré, selon The Times of Israel, ajoutant que son parti centriste, Yesh Atid, ne soutiendrait rien venant d’Otzma Yehudit.
Il s’est toutefois montré moins catégorique concernant un texte parallèle porté par Yisrael Beiteinu, précisant qu’il souhaitait discuter avec ce parti conservateur de cette proposition alternative.
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue internationalement comme représentante officielle du peuple palestinien, a condamné la décision.
Le président du Conseil national palestinien, Rawhi Fattouh, a qualifié le texte de « crime politique, juridique et humanitaire » et a dénoncé « une légalisation officielle du meurtre et du terrorisme d’État organisé », selon l’agence officielle de l’Autorité palestinienne, WAFA.
Le Hamas a également condamné la proposition, la jugeant « fasciste et sadique », et l’a dénoncée comme « l’expression de la dérive raciste et criminelle du gouvernement sioniste, ainsi qu’une tentative de légaliser le massacre organisé de notre peuple palestinien vivant sous occupation », selon le média turc Yeni Safak.
Depuis octobre 2023, Israël a relâché des centaines de prisonniers et détenus palestiniens contre la libération d’otages détenus par le Hamas à Gaza.
Tous les otages vivants ont été libérés ; trois dépouilles d’Israéliens et une d’un étranger n’ont toutefois pas encore été retrouvées.
Par le passé, plusieurs prisonniers libérés dans le cadre d’échanges incluaient des individus condamnés pour des crimes graves, notamment l’ex-leader du Hamas, Yahya Sinwar, cerveau de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël.
Sinwar avait été libéré en 2011 lors d’un échange impliquant plus de 1000 prisonniers palestiniens contre un soldat israélien détenu à Gaza. Il a été tué en 2024 par les Forces de défense israéliennes.
Avec Reuters

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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