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La Chine construit des missiles et s’entraîne à la guerre tout en négociant la paix avec l’Inde

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Des véhicules militaires chinois transportant des missiles balistiques DF-26 défilent sur la place Tiananmen lors d'un défilé militaire à Pékin, le 3 septembre 2015.

Photo: : Andy Wong/Pool/Getty Images

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Durée de lecture: 11 Min.

Alors que le dirigeant chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi semblent s’orienter vers une solution frontalière, l’Armée populaire de libération (APL) poursuit l’intensification de son entraînement au combat en haute altitude et le déploiement de l’infrastructure de sa force de missiles à capacité nucléaire sur le plateau tibétain.
Ces actions renforcent sa capacité de réaction face à un éventuel conflit avec l’Inde et compliquent la défense de Taïwan par les États-Unis.

Dégel apparent

Fin octobre, des commandants militaires des deux pays se sont entretenus au point de rencontre de Moldo-Chushul, du côté indien de la Ligne de contrôle effectif (LCE) au Ladakh, au sujet de la gestion de la frontière.
Il s’agit d’une des zones les plus sensibles et militarisées de la frontière entre les deux pays, où le contrôle des cols de montagne représente un avantage tactique majeur. Plusieurs incidents se sont produits dans les environs, notamment l’affrontement de la vallée de Galwan en 2020.
Le ministère chinois de la Défense a qualifié les discussions d’« actives et approfondies », soulignant qu’elles portaient sur le secteur occidental de la Ligne de contrôle effectif (LAC).
Cette rencontre a fait suite au premier vol direct de passagers en cinq ans entre Calcutta et Guangzhou, salué par les autorités chinoises comme un signe d’amélioration des relations bilatérales. Le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré que la reprise des échanges commerciaux et diplomatiques reflétait une « tendance croissante à la normalisation ».
Ce dégel apparent fait suite à la visite du Premier ministre Modi à Tianjin en août, la première en sept ans, au cours de laquelle les deux dirigeants ont déclaré que l’Inde et la Chine étaient « partenaires pour le développement, et non rivales ».

Un rapprochement réel ?

Cependant, le différend frontalier sous-jacent demeure irrésolu.
Par ailleurs, l’Inde maintient des restrictions sur des entreprises comme Huawei et ZTE, tandis que Pékin continue de soutenir le Pakistan.
Dans le même temps, l’Armée populaire de libération (APL) poursuit le renforcement de son entraînement en haute altitude et l’expansion de l’infrastructure de sa Force de missiles nucléaires sur le plateau tibétain.
De plus, la Chine intègre des vétérans de l’armée comme instructeurs militaires dans les écoles tibétaines pour former des enfants dès l’âge de six ans.
Le but affiché est de développer des soldats tibétains en tirant parti de l’adaptation naturelle de la population locale aux climats de haute altitude. L’Armée populaire de libération considère les Tibétains comme un atout majeur pour ses forces armées lors d’opérations de guerre en montagne contre ses adversaires.

Construction d’une base chinoise de missiles au Tibet

Les forces de missiles de l’Armée populaire de libération (APL) ont mené des manœuvres sur le terrain et des exercices de tir réel dans la région de Golmud, dans la province du Qinghai, au cours des années 2024 et 2025.
L’imagerie satellite indique que ces forces construisent une importante base de missiles près de Golmud, probablement sous la base 64, ce qui représente une expansion significative du réseau de missiles à longue portée de la Chine sur le plateau Qinghai-Tibet.
La construction comprend de multiples rampes de lancement, des hangars de grande hauteur pour lanceurs mobiles (TEL) et d’importantes infrastructures de soutien, suggérant la formation d’une nouvelle brigade de missiles. Les analystes estiment que la base pourrait accueillir entre 24 et 36 lanceurs, soit la taille d’une unité moderne des forces de missiles de l’Armée populaire de libération (APL).
Elle sera probablement équipée de missiles à portée intermédiaire DF-26, capables de porter des charges nucléaires et conventionnelles jusqu’à 4000 kilomètres. Le site de Golmud constitue un point de lancement stratégique pour le déploiement rapide de missiles dans l’ouest de la Chine et au-delà.

Lhassa, Tibet / Chine – 7 septembre 2011 : Des soldats chinois patrouillent dans les rues de Lhassa, au Tibet. (Shutterstock)

Une infrastructure militaire chinoise à la place de terres agricoles et de villages tibétains

Depuis 2020, la Chine a considérablement étendu son infrastructure de production de missiles, ajoutant près de 200 hectares ou 2 millions de mètres carrés (plus de 1.950.963 mètres carrés) de nouvelles installations réparties sur 136 sites, selon une analyse récente de CNN.
Nombre de ces installations sont liées à des entreprises de défense publiques et ont remplacé d’anciennes terres agricoles et des villages.
Des images satellites montrent l’Armée populaire de libération (APL) construisant de nouvelles rampes de lancement sur le plateau Qinghai-Tibet, situé en haute altitude, d’où elle déploie des missiles capables d’atteindre la frontière nord de l’Inde depuis ce terrain montagneux.

Préparation d’un conflit avec l’Inde ?

Ces avancées témoignent de la volonté du régime chinois de se préparer à la guerre en montagne, ces sites isolés offrant un soutien à l’arrière et des options d’escalade en cas de conflit futur avec l’Inde.
L’altitude et l’accessibilité routière de ces bases permettent à la Chine un déploiement et un ravitaillement plus rapides sur le plateau, réduisent le temps d’alerte et rendent la surveillance plus difficile.
Pour New Delhi, cette expansion souligne un déficit croissant de capacités de missiles dans l’Himalaya et une difficulté accrue à maintenir la parité de dissuasion, tandis que l’Armée populaire de libération de la Chine (APL) consolide son réseau de missiles à haute altitude.
D’après un rapport de l’Académie chinoise, l’analyste militaire indien Pravin Sawhney affirme que l’Armée populaire de libération (APL) a environ quarante ans d’avance sur l’armée indienne, tant sur le plan scientifique que dans « l’art » de la guerre.
Il attribue cet écart aux doctrines obsolètes de l’Inde et à la modernisation rapide de la Chine. Après des décennies d’opérations antiterroristes au Jammu-et-Cachemire, l’état-major indien s’est habitué aux engagements à petite échelle plutôt qu’à la guerre moderne et multidomaine.
L’Inde continue de s’appuyer sur le modèle américain dépassé de « bataille aéroterrestre » des années 1980, tandis que la Chine a progressé vers des « opérations interarmées intégrées », qui combinent guerre terrestre, aérienne, maritime, cybernétique, spatiale et électromagnétique.

L’état de préparation militaire de la Chine suscite l’inquiétude

Grâce à d’importantes réformes menées en 2015 et 2024, l’Armée populaire de libération (APL) a développé de nouvelles capacités en matière de cyberguerre, d’opérations spatiales, de guerre électronique et de commandement en réseau.
Ces avancées permettent à la Chine de cibler les centres de commandement, la logistique et les communications de l’Inde, ce qui pourrait faciliter une victoire rapide et à son avantage. L’analyste militaire Sawhney conclut que, tandis que Pékin façonne l’avenir de la guerre de haute technologie fondée sur l’information, l’Inde reste attachée à des paradigmes obsolètes et à des gestes symboliques, au lieu de s’attaquer aux défis structurels et technologiques des combats modernes.

Extension de la menace chinoise

La menace s’étend au-delà de l’Inde pour toucher les États-Unis et Taïwan. Selon les analystes, ces usines produisent des missiles essentiels à la stratégie chinoise de déni d’accès et de zone (A2/AD), conçue pour contenir les forces navales américaines en cas de conflit concernant Taïwan.
Des armes comme les missiles à portée intermédiaire DF-26 et DF-27 pourraient frapper les bases américaines et alliées dans le Pacifique occidental et l’océan Indien. Sur le plan stratégique, l’expansion de Golmud renforce la capacité de la Chine à lancer une seconde frappe et à projeter une dissuasion à longue portée, tout en accentuant la pression sur les forces indiennes et américaines dans la région indo-pacifique.
Des experts avertissent que cette expansion a de graves conséquences : depuis Golmud, l’Armée populaire de libération (APL) peut attaquer des bases indiennes, des installations américaines et des points stratégiques dans l’océan Indien, offrant ainsi à Pékin une plus grande marge de manœuvre en matière de dissuasion et d’escalade.
Du fait de la double capacité des missiles DF-26, la frontière entre armes conventionnelles et nucléaires s’estompe, ce qui accroît le risque de crises le long de la ligne de front sino-indienne et d’éventuels affrontements liés à Taïwan.
La base de Golmud, prise dans son ensemble, souligne l’engagement du régime chinois à renforcer sa dissuasion vers l’ouest, à étendre la portée de ses missiles et à maintenir des opérations en haute altitude. Ces développements auront une incidence sur la planification de la défense en Inde, à Taïwan et aux États-Unis.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Antonio Graceffo, docteur en philosophie, a passé plus de 20 ans en Asie. Il est diplômé de l'Université des sports de Shanghai et titulaire d'un MBA chinois de l'Université Jiaotong de Shanghai. Il travaille aujourd'hui comme professeur d'économie et analyste économique de la Chine, écrivant pour divers médias internationaux.

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