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Parkings d'hôpitaux« J’en ai eu pour 4000 euros » : un parent dénonce le coût exorbitant des parkings dans les hôpitaux
Alors que deux hôpitaux sur trois font payer le stationnement, la polémique enfle autour de ces tarifs jugés exorbitants. À l’Assemblée nationale, trois propositions de loi, émanant du RN, du PS et de LFI, entendent rétablir la gratuité, au moins partielle, pour les patients et leurs proches.

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Photo: ROMAIN LAFABREGUE/AFP via Getty Images
Depuis plusieurs années, la question des parkings payants des hôpitaux publics suscite la colère des usagers. Pour beaucoup de familles, le coût du stationnement s’ajoute à la charge morale et financière de la maladie. Le père d’une petite fille, hospitalisée à plusieurs reprises, a laissé éclater sa colère au micro de RMC-BFMTV.
Une gestion confiée au privé depuis quinze ans
Derrière ces tarifs, fréquemment contestés, se cache une organisation désormais bien rodée. Depuis une quinzaine d’années, la majorité des hôpitaux ont délégué la gestion de leurs parkings à des entreprises privées, telles que Q-Park, Effia ou Indigo. Selon Le Dauphiné libéré, 75 % des parkings hospitaliers sont aujourd’hui gérés par ces groupes. Les tarifs appliqués aux patients présentent de fortes disparités : ils s’étendent de 1,70 euro de l’heure à plus de 60 euros pour une journée complète. Selon RMC-BFMTV, le montant le plus élevé est enregistré au CHU de Nantes, où le stationnement quotidien atteint 62 euros.
Pour les défenseurs de ce modèle, il s’agit avant tout d’un choix budgétaire. « Ce n’est pas de la privatisation, c’est de la délégation de service public à la suite d’un appel d’offres », affirme au Dauphiné Jean-Laurent Dirx, président de la Fédération nationale des métiers du stationnement. « Les hôpitaux ont décidé – au vu de leur capacité financière – qu’ils devaient mettre des moyens sur l’offre de soins plutôt que dans la construction ou l’entretien d’un parking », poursuit-il.
Jean-Laurent Dirx précise également qu’« une grosse majorité du chiffre d’affaires revient à l’hôpital ». Et le groupe Indigo de rappeler que « construire un parking représente plusieurs millions d’euros d’investissements et une grande partie des recettes est dédiée à son amortissement ».
« Cela devrait être gratuit »
Mais pour les patients et leurs proches, ces arguments peinent à convaincre. David, père d’une fillette en bas âge, a ainsi témoigné de sa situation. « Ma fille a 2 ans et a des soucis de santé qui ont nécessité des hospitalisations récurrentes dont une de 2 mois. Lors de cette hospitalisation, je faisais des allers-retours et soit je payais le stationnement très cher (70 à 80 euros) soit je tentais de payer l’amende », a-t-il raconté sur le plateau d’Estelle Midi. « Et maintenant j’en ai pour 4000 euros d’amende pour une situation ubuesque. C’est surréaliste que ce ne soit pas gratuit », a-t-il ajouté.
« C’est une violence incroyable pour nos patients. Ils sont déjà victimes de la maladie et avec ça on en rajoute. C’est du racket », dénonce auprès du Dauphiné Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers.
Les associations d’usagers s’inquiètent également d’un déséquilibre croissant d’accès aux soins. « Dès qu’on introduit un aspect financier, cela creuse les inégalités », assure Féreuze Aziza, conseillère nationale de France Assos Santé. Selon elle, « certaines personnes hospitalisées longtemps auront peut-être moins de visites de la part de leurs proches », avant de conclure : « À partir du moment où cela touche à la santé, cela devrait être gratuit. »
Des propositions de loi pour encadrer les tarifs
Face à cette contestation, plusieurs textes sont désormais sur la table. Trois propositions de loi ont été déposées à l’Assemblée nationale. Le Rassemblement national, par la voix de Michaël Taverne et Thierry Frappé, propose d’imposer la création d’au minimum un parking gratuit dans chaque hôpital et d’interdire toute nouvelle délégation de gestion publique dans ce domaine. S’agissant des concessions déjà en cours, dont certaines s’étendent sur 20 à 30 ans, « il faudra voir pour y mettre fin dans un délai raisonnable », assure auprès du Dauphiné libéré le député RN du Pas-de-Calais.
Le Parti socialiste, emmené par Stéphane Hablot, plaide pour un compromis : gratuité totale pour les patients et le personnel, deux heures gratuites par jour pour les visiteurs, et un plafond de 15 euros par jour ou 100 euros par mois. « Il y a un problème de dignité pour les malades et les visiteurs », estime le député de Meurthe-et-Moselle auprès du quotidien régional. Et de conclure : « On n’empêche pas le privé de ramener de l’argent à l’hôpital, mais on ne le laisse pas faire n’importe quoi. »
Enfin, La France insoumise défend une gratuité intégrale, avec interdiction des concessions et résiliation des contrats existants sous trois ans, financée par une majoration de la fiscalité sur le tabac. Pour le député Pierre-Yves Cadalen, « le fait de rendre payant ces parkings contribue à détruire la matérialisation concrète de la République sociale », explique-t-il à nos confrères.
« Le gratuit, c’est le chaos »
Les défenseurs du statu quo rappellent toutefois les contraintes financières du système. « La gratuité, ça n’existe pas, quelqu’un le paie toujours », soulève Jérôme Lavrilleux sur RMC. L’ancien directeur de cabinet de la ville de Saint-Quentin (Aisne) en veut pour preuve son expérience : « On avait construit un parking souterrain, ça avait coûté une blinde, on était obligé de le faire payer sinon c’était le budget de l’hôpital ou de la ville qui payait. Et quand c’était gratuit, tout le monde venait s’y garer ! »
« Je me souviens de discussions avec des directeurs d’hôpitaux qui nous disaient être envahis par des véhicules extérieurs », mentionne de son côté Jean-Laurent Dirx, estimant que « le gratuit, c’est le chaos ».
D’après les professionnels du secteur, le rétablissement de la gratuité du stationnement représenterait une charge allant jusqu’à 400 millions d’euros pour les hôpitaux, rapporte enfin RMC-BFMTV.

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