Israël annonce une frappe « sans précédent » sur Gaza, population invitée à évacuer

Des Palestiniens fuient Gaza-ville vers le sud avec leurs biens, alors qu’Israël annonce une frappe « sans précédent » et appelle à l’évacuation, fermant une route temporaire ouverte 48 heures plus tôt, le 19 septembre 2025.
Photo: EYAD BABA/AFP via Getty Images
L’armée israélienne a annoncé vendredi qu’elle s’apprêtait à lancer des frappes d’une « force sans précédent » sur Gaza-ville, exhortant les civils à quitter cette zone où elle mène une offensive de grande ampleur, vivement critiquée par la communauté internationale.
Forte du soutien américain, Tsahal a déclenché mardi une nouvelle phase de campagne terrestre et aérienne dans le nord du territoire palestinien, visant à « anéantir » l’organisation terroriste Hamas, responsable de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël, qui avait embrasé la région.
Un exode sous les bombes
« Les forces israéliennes vont continuer leurs opérations avec une force sans précédent contre le Hamas et d’autres organisations terroristes », a déclaré le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne, en appelant les habitants à évacuer Gaza-ville.
Mais le désarroi est immense. « Nous n’avons nulle part où aller », confie à l’AFP Oum Mohamed al-Hattab, réfugiée dans le camp de Chati. Dépossédée de sa maison par les bombardements, elle vit toujours sous tente avec ses sept enfants. « Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur pour mes enfants », renchérit Layla Azzam, 34 ans, qui tente de survivre avec ses trois enfants dans le quartier de Tel al-Hawa.
L’ONU estimait fin août à un million le nombre d’habitants dans Gaza-ville et ses environs. D’après Tsahal, 480.000 personnes ont déjà fui. Les hôpitaux de Gaza, cités par l’AFP, affirment que les frappes israéliennes ont fait au moins 22 morts vendredi, dont 11 à Gaza-ville. Ces bilans demeurent impossibles à vérifier de manière indépendante.
Fuite éreintante vers le sud
Selon l’armée israélienne, ses troupes continuent « d’élargir leur activité » et auraient détruit « plus de 20 infrastructures militaires » en une journée. En parallèle, une route d’évacuation temporaire ouverte 48 heures plus tôt a été refermée. Seule la voie côtière d’al-Rachid restait encore praticable vers le sud, mais elle s’est vite trouvée saturée, de familles fuyant à pied, en voitures ou sur des charrettes.
À l’image de Nivine Ahmed, 50 ans, qui raconte avoir dû marcher plus de 15 kilomètres avec sept proches pour rejoindre Deir el-Balah : « Mon plus jeune fils a pleuré de fatigue. Nous avons tiré tour à tour une petite charrette avec quelques affaires. »
D’autres, comme Mona Abdel Karim, 36 ans, peinent à quitter leurs quartiers faute de moyens de transport et dorment depuis deux nuits sur le bas-côté de la route al-Rachid. « Les parents de mon mari sont trop âgés et malades, les enfants trop faibles », se lamente-t-elle.
Inquiétude et condamnations internationales
Depuis deux ans de guerre, l’offensive israélienne a provoqué d’innombrables déplacements de populations et un désastre humanitaire dénoncé à répétition par la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a fustigé une situation « moralement, politiquement et légalement intolérable ».
La France a exhorté Israël à « mettre fin à cette campagne destructrice », tandis que le Royaume-Uni l’a jugée « totalement irresponsable et épouvantable ». Mais les États-Unis, allié clé, ont une nouvelle fois bloqué l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire.
Mardi, une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU a estimé qu’Israël commettait un génocide à Gaza, accusation catégoriquement rejetée par les autorités israéliennes. Depuis le début de la guerre, l’attaque du 7 octobre a coûté la vie à 1219 personnes en Israël, pour la plupart des civils, tandis que les représailles israéliennes ont fait plus de 65.000 morts côté palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas.

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