Immigration, dépenses de l’État, injustice… les annonces budgétaires de François Bayrou critiquées de toutes parts
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François Bayrou prononce un discours pour dévoiler les grandes lignes du budget 2026, à Paris le 15 juillet 2025.
Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images
Des alliés critiques, des oppositions virulentes… François Bayrou est sur la corde raide pour faire adopter son plan de rigueur budgétaire et échapper à la censure à l’automne, mais le gouvernement veut croire qu’il existe des marges de négociation du côté des socialistes.
Au lendemain des annonces du Premier ministre, dont la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, pour réaliser 43,8 milliards d’euros « d’économies » en 2026, ses fidèles ont continué à défendre un effort « indispensable » et « équitablement réparti ».
« Ce n’est pas un plan de rigueur mais un budget qui est rigoureux pour ne pas être dans les mains des marchés financiers », a répété le chef de file du MoDem Marc Fesneau.
Lors du conseil des ministres, le locataire de Matignon a reçu le soutien du président Emmanuel Macron, saluant un plan qui a « la vertu du courage, de l’audace et de la lucidité ».
Mais les alliés du Premier ministre au sein du socle commun restaient soit discrets – aucune réaction de Gabriel Attal (Renaissance) à ce stade – soit carrément critiques.
L’explosion de la dépense sociale n’est pas réglée
« Quasiment rien dans ce que propose François Bayrou ne règle le problème. Ça permet juste de limiter les conséquences. Je pense qu’il en a conscience. L’explosion de la dépense sociale, n’est par exemple pas réglée par une année blanche », a tranché, sévèrement, Édouard Philippe (Horizons) dans un entretien au journal Le Parisien.

Le maire du Havre, président du parti Horizons et ancien Premier ministre Édouard Philippe prononce un discours lors du premier congrès interrégional du parti au Palais des Congrès, à Bordeaux, le 26 janvier 2025. (PHILIPPE LOPEZ/AFP via Getty Images)
Aller plus loin sur la baisse du train de vie de l’État
Le soutien du président des députés LR est aussi des plus réservés. Le plan a « le mérite de chercher des solutions » mais il doit être « corrigé et amélioré », a jugé Laurent Wauquiez.
« Ce plan recourt de façon importante à des augmentations d’impôts (…) et pèse fortement sur la France qui travaille », a-t-il déploré. Il demande « un plan de lutte contre l’assistanat », « d’aller plus loin sur la limitation des dépenses et le train de vie de l’État » et de « s’attaquer aux dépenses indues liées à l’immigration ».
« Le Sénat ne peut accepter l’effort demandé (5,3 milliards d’euros) aux collectivités locales », a commenté à l’AFP l’entourage de Gérard Larcher qui ne veut pas que l’effort excède 2 milliards.
Immigration, un « sujet tabou »
Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure si le gouvernement « ne revoit pas sa copie » de fond en comble.
« Alors que des efforts inouïs sont demandés aux Français, il y a un sujet tabou : l’immigration, qui, selon plusieurs études, coûte des dizaines de milliards d’euros par an à la France », a déclaré Marine Le Pen sur X. « Il faut couper les pompes aspirantes de l’immigration », ajoute-t-elle, remettant également en question « la hausse de la contribution de la France à l’Union européenne ».
« François Bayrou s’est assis sur la catapulte et veut couper la corde. Les Français font des efforts, les migrants et les étrangers, jamais », a dénoncé mercredi le porte-parole du RN, le député Julien Odoul.
Des mesures « injustes »
Chez LFI, le président de la commission des Finances, Éric Coquerel, veut censurer « au plus vite ce budget trumpiste inégal et injustice » et attend « évidemment les socialistes au rendez-vous ». Pour Mathilde Panot, les annonces budgétaire de François Bayrou sont une « véritable déclaration de guerre sociale faite au peuple de France ». Elles sont « injustes », « dangereuses » et « antidémocratiques ».
Aucune censure ne pourra votée sans le PS. Et le gouvernement veut croire qu’il existe un « compromis » possible comme ce fut le cas pour le budget 2025.
« Nous allons discuter avec tous les partis. Evidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste », a reconnu le ministre de l’Économie Éric Lombard. Ce sont « des gens raisonnables », « j’espère qu’ils viendront discuter, feront des propositions », a appuyé son collègue à la Justice Gérald Darmanin.
Les socialistes entendent discuter sur la base de leurs propres propositions qu’ils comptent faire d’ici à la rentrée, avec notamment leur revendication de la taxe Zucman qui consiste à imposer à hauteur de 2% le patrimoine des milliardaires. Mais le gouvernement ne veux pas de cette taxe « extrêmement injuste » et qui entraînerait « une fragilisation de notre système économique », selon sa porte-parole Sophie Primas.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. (BASTIEN OHIER/Hans Lucas/AFP via Getty Images)
Le premier secrétaire Olivier Faure a jugée la copie « purement inacceptable » et indiquer faire « des propositions à la rentrée prochaine ». Il a mis en garde que « sur les bases actuelles, la censure est la seule perspective ».
« Les propositions du gouvernement ne sont pas acceptables et n’offrent pas de base de négociation », a prévenu le chef de file des députés Boris Vallaud, dénonçant un « musée des horreurs libérales ».
Le souhait d’un débat
Pour arriver à un accord, le gouvernement mise sur le temps, les discussions budgétaires ne démarrant qu’en octobre.
« On a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance. Nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir. Nous voulons que le débat se fasse avec et devant les Français », a plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.
Mais le temps peut jouer dans les deux sens. Côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a ainsi appelé à la « mobilisation » à la rentrée « pour empêcher ces régressions sociales ».
Les porte-voix du patronat français ont salué les annonces de François Bayrou, notamment sur les choix d’économies et l’accent mis sur le « travailler plus ».

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