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Conférence des Nations Unies sur les changements climatiquesFonds de protection des forêts : l’Allemagne promet un milliard d’euros
Lors de la conférence des Nations Unies sur le climat au Brésil, le gouvernement allemand a promis un milliard d'euros au Fonds mondial pour la protection des forêts (TFFF). La France s'est engagée à verser 500 millions d'euros. Comment ce fonds fonctionnera-t-il ?

Le paysage illégal de déforestation de la forêt tropicale amazonienne - vue aérienne des arbres coupés et brûlés afin de libérer des terres pour l'agriculture et le pâturage de bétail en Amazonas, au Brésil. (photo disponible en juin 2024)
Photo: Shutterstock
L’Allemagne a fait la une des journaux lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat à Belém, au Brésil, en annonçant qu’elle fournirait un milliard d’euros au fonds de protection des forêts du Tropical Forests Forever Facility (TFFF).
Les fonds des ministères allemands du Développement et de l’Environnement seront versés sur une période de dix ans. À l’instar de plusieurs autres pays donateurs, l’Allemagne entend contribuer à la préservation des vastes forêts tropicales humides, véritables poumons verts de la planète.
Pourquoi le fonds TFFF est-il nécessaire ?
La plupart des forêts tropicales vierges se trouvent dans les pays tropicaux les plus pauvres. Jusqu’à présent, la déforestation pour l’agriculture ou l’exploitation minière a apporté davantage de bénéfices à ces pays que la conservation des forêts.
Bien que la déforestation ait diminué au Brésil ces dernières années, elle demeure à un niveau record à l’échelle mondiale : en 2024, une superficie de forêt tropicale équivalente à 18 terrains de football disparaissait chaque minute.
Cette situation est alarmante pour la planète, car les forêts tropicales sont essentielles à la conservation des espèces et à la stabilisation du climat.
Comment cela est-il censé fonctionner ?
Ce fonds repose sur l’idée de disposer d’une source de revenus fiable et pérenne pour la conservation des forêts. Les pays participants, disposés à couvrir les pertes initiales éventuelles du fonds, devraient contribuer à hauteur de 25 milliards de dollars (21,74 milliards d’euros).
Cette garantie gouvernementale vise à attirer 100 milliards de dollars supplémentaires d’investisseurs privés, tels que des fonds d’investissement. En contrepartie, ces investisseurs privés seront prioritaires sur les investisseurs publics pour le versement des dividendes du fonds.
Les capitaux du TFFF seront investis sur les marchés financiers, notamment dans les économies émergentes, afin de générer des profits. Ces profits, après déduction des rémunérations des investisseurs, seront acheminés vers les pays tropicaux présentant de faibles taux de déforestation. L’état de conservation des forêts de chaque pays sera suivi par satellite.
Cette approche diffère des systèmes d’échange de quotas d’émission ou des prêts d’aide traditionnels, où les fonds sont alloués à des projets de reforestation spécifiques. Selon Pakhi Das, qui a analysé le fonds pour l’initiative à but non lucratif Plant-for-the-Planet, le TFFF est « bénéfique pour les deux parties » : tant pour les pays exploitant les forêts tropicales que pour les pays donateurs.
Qui en profite ?
Le gouvernement brésilien prévoit que ce fonds générera quatre milliards de dollars par an pour la conservation des forêts.
Soixante-quatorze pays forestiers ont été identifiés comme potentiellement bénéficiaires. En réalité, cependant, ce nombre sera probablement bien inférieur, du moins dans un premier temps.
Seuls les pays affichant un faible taux annuel de déforestation, inférieur à 0,5 %, recevront des paiements. Ils devront le prouver chaque année.
Selon Mauricio Voivodic, directeur du WWF au Brésil, le principe est « assez simple » : si l’on ne préserve pas suffisamment de forêts, il n’y a tout simplement plus d’argent.
D’après les experts, ce fonds vise également à inciter d’autres pays à protéger leurs forêts. En effet, les versements prévus sont deux à trois fois supérieurs aux dépenses nationales respectives consacrées à la protection des forêts.
Le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo, trois pays extrêmement boisés, pourraient, au moins en théorie, recevoir chacun des centaines de millions de dollars par an de ce fonds s’ils mettaient complètement fin à la déforestation.
Cela fonctionnera-t-il ?
Le Brésil s’est engagé à verser un milliard de dollars (871 millions d’euros) au fonds en septembre dernier. Il estime que dix milliards de dollars suffiront à lancer le fonds initialement et que ce montant devrait être atteint d’ici la fin de l’année.
L’Indonésie s’est également engagée à verser un milliard de dollars supplémentaires.
La Norvège fournira environ trois milliards de dollars dans les années à venir, sous réserve de la participation d’un nombre suffisant d’autres pays.
La France s’est engagée à verser 500 millions d’euros et le Portugal un million de dollars. Ainsi, peu après le lancement de l’initiative, la moitié de l’objectif de dix milliards de dollars était déjà à portée de main.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis « une contribution substantielle au succès de cette initiative » dans son discours au sommet sur le climat de Belém il y a près de deux semaines, sans préciser de somme concrète.
Y a-t-il des critiques ?
La promesse d’un milliard d’euros, soit 1,16 milliard de dollars, a été saluée par des organisations environnementales telles que Greenpeace. Celles-ci soulignent également que l’Allemagne doit désormais œuvrer à la mise en place d’une structure opérationnelle et transparente pour ce fonds.
Certains diplomates et experts émettent des doutes quant aux procédures de sélection du fonds. On ignore également s’il obtiendra les notations de crédit élevées nécessaires pour attirer suffisamment d’investisseurs, et s’il générera les rendements escomptés.
Les observateurs soulignent également qu’il est difficile, en ce moment, de solliciter d’importantes contributions des gouvernements pour la conservation des forêts. Cependant, ce projet à long terme pourrait gagner en popularité avec le temps.









