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Opinion

États Unis et Chine s’affrontent sur les drones de combat dopés à l’IA

Les États‑Unis et la Chine se livrent une course aux armements technologiques pour dominer la guerre de demain grâce aux drones dopés à l’IA, au combat collaboratif homme‑machine et à des plateformes navales autonomes susceptibles de redessiner l’équilibre militaire mondial.

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Un drone CS 5000T lors du défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, place Tiananmen, Pékin, le 3 septembre 2025.

Photo: Pedro Padro/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

La marine américaine a récemment attribué un contrat à General Atomics Aeronautical Systems (GA‑ASI) pour concevoir un appareil de combat collaboratif, un chasseur de nouvelle génération sans pilote destiné à opérer aux côtés d’avions pilotés. Ces drones semi‑autonomes, souvent qualifiés de « loyal wingmen », étendront le rayon d’action, la capacité de frappe et la survivabilité des appareils pilotés tout en réduisant les risques pour les équipages dans des environnements fortement contestés.
Les appareils de combat collaboratifs marquent un saut majeur dans l’évolution de la puissance aérienne, combinant intelligence artificielle, autonomie et commandement humain. Conçus pour être modulaires, furtifs et relativement peu coûteux, ils peuvent être reconfigurés rapidement pour des missions de défense aérienne, de reconnaissance ou de guerre électronique. Placés sous supervision humaine, ils renforcent la puissance de feu et la connaissance de la situation des formations de chasse traditionnelles.
Leur atout réside dans l’échelle et le coût. Alors que la formation d’un pilote de chasse de l’US Air Force prend six à sept ans et coûte entre 5,6 millions de dollars pour un F‑16 et plus de 13 millions pour un pilote de F‑22, des milliers d’aéronefs sans pilote peuvent être produits et déployés dans le même laps de temps pour une fraction de ce coût. Conçus pour la fabrication rapide et le déploiement de masse, ces drones servent d’extensions « consommables » des appareils pilotés, capables de saturer les défenses adverses en essaims coordonnés ou d’exécuter des missions à haut risque trop dangereuses pour des jets habités.
Autre avantage face aux pilotes humains : la capacité d’évoluer au rythme des technologies. À la différence des aéronefs pilotés, contraints par les cycles de formation et l’endurance humaine, les drones propulsés par l’IA peuvent être mis à niveau presque instantanément par mises à jour logicielles et matérielles. Les armées peuvent ainsi affiner en continu la performance au combat, le temps de réaction et la coordination à l’échelle des flottes sans immobiliser d’appareils ni requalifier des personnels.

Un YFQ‑42A « collaborative combat aircraft » décolle lors d’essais en Californie. (U.S. Air Force)

Alors que les États‑Unis accélèrent leur programme d’appareils de combat collaboratif, la Chine avance rapidement le sien. Lors du défilé du 3 septembre à Pékin, elle a dévoilé une nouvelle génération de drones de combat : deux gros drones furtifs dits de supériorité aérienne, et au moins deux drones collaboratifs plus petits inspirés de modèles américains comme le Kratos XQ‑58A Valkyrie et le Boeing Ghost Bat. L’ensemble montre que Pékin développe à la fois des appareils collaboratifs économiques et des chasseurs furtifs haut de gamme, parallèlement à ses avions pilotés de 6e génération et à un nouveau bombardier furtif.
Le grand modèle de type B, drone de supériorité aérienne, évoque un chasseur furtif monoréacteur et serait capable de vitesses supersoniques. La version de type A, plus petite, semble optimisée pour les porte‑avions. Le défilé a aussi présenté un GJ‑11 Sharp Sword modernisé, drone de combat furtif doté d’ailes repliables pour l’emport sur porte‑avions, ainsi qu’un hélicoptère naval compact sans pilote déjà en service.
La bataille technologique autour des semi‑conducteurs de pointe ajoute une dimension clé à cette course. Les États‑Unis conservent une avance en conception et R&D de puces, socle de l’IA, de l’autonomie et des systèmes d’armes de prochaine génération. Les contrôles américains sur l’exportation des puces de pointe visent à freiner l’accès de la Chine à l’échelle et à la vélocité requises pour des systèmes pilotés par l’IA. À mesure que ces appareils reposent sur des capteurs, processeurs et liaisons toujours plus avancés, préserver l’avance américaine dans les semi‑conducteurs procure un avantage sur l’Armée populaire de libération.
Au‑delà du ciel, la puissance navale demeure un autre terrain d’avantage pour les États‑Unis dans la compétition homme‑machine. La marine américaine aligne 11 porte‑avions nucléaires, plus que tout autre pays, tandis que la marine chinoise opère environ trois porte‑avions, même si d’autres sont en construction.
Disposer d’une flotte de porte‑avions plus nombreuse et plus avancée donne aux États‑Unis une plateforme pour déployer l’intégration homme‑machine à l’échelle planétaire. La Chine étend vite sa flotte et améliore formation et doctrine, mais les États‑Unis gardent l’avantage en nombre, en expérience et en logistique.
Parallèlement, la Chine expérimente de nouvelles formes de projection de puissance sans pilote, aériennes et navales, avec des concepts de « porte‑drones ». Le Jiutian SS, aéronef sans pilote de très haute altitude et longue endurance, est conçu pour emporter et larguer des essaims de jusqu’à 100 micro‑drones sur des milliers de kilomètres. De son côté, le Type 076, bâtiment d’assaut amphibie doté d’un pont d’envol intégral, de catapultes électromagnétiques et de brins d’arrêt, est pensé pour opérer des UCAV (Unmanned combat air vehicle : véhicule aérien de combat sans pilote) et autres drones à voilure fixe plutôt que des jets pilotés.
Les États‑Unis n’ont pas dévoilé de « vaisseau‑mère » de drones de la même ampleur, mais la Navy poursuit une version plus pragmatique orientée vers les opérations maritimes. En 2022, elle a lancé un appel d’offres pour un navire‑mère de drones « attritables » à bas coût, conçu pour remorquer ou lancer des embarcations sans pilote en zone contestée. Modulaire, guidé par GPS et apte à opérer au‑delà de cinq kilomètres des côtes, le bâtiment emporterait ou remorquerait des conteneurs de six mètres remplis de drones plus petits, largués sur des zones désignées.
Moins spectaculaire que l’ambition chinoise, ce programme de vaisseau‑mère, conjugué aux appareils de combat collaboratif, illustre un basculement plus large de la guerre vers l’autonomie, l’adaptabilité et l’intégration homme‑machine. Les deux pays investissent massivement dans des systèmes propulsés par l’IA qui relient opérations aériennes, navales et spatiales au sein de réseaux unifiés.
Remporter la course à l’armement autonome propulsée par l’IA est crucial pour que les États‑Unis conservent leur primauté militaire mondiale. Pour l’heure, ils gardent l’avantage en volume et en technologie, soutenus par une logistique supérieure, un vaste réseau satellitaire et un système étendu de bases à l’étranger. Mais, comme à chaque nouveau cycle d’innovation militaire, l’Amérique doit continuer à investir, à rechercher, développer et produire des systèmes d’armes toujours plus avancés pour garder une longueur d’avance sur le régime communiste chinois.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Antonio Graceffo, docteur en philosophie, a passé plus de 20 ans en Asie. Il est diplômé de l'Université des sports de Shanghai et titulaire d'un MBA chinois de l'Université Jiaotong de Shanghai. Il travaille aujourd'hui comme professeur d'économie et analyste économique de la Chine, écrivant pour divers médias internationaux.

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