Le départ surprise du Premier ministre plonge l’exécutif dans une nouvelle zone de turbulences. Certains appellent à la démission du président de la République et à la dissolution de l’Assemblée nationale, tandis que la majorité tente de sauver les apparences.
Moins d’un mois après sa nomination, Sébastien Lecornu a présenté lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée. À peine 24 heures après avoir annoncé une partie de son gouvernement, l’ancien ministre des Armées a quitté Matignon, laissant le chef de l’État face à une crise politique sans précédent depuis la dissolution de l’Assemblée nationale de juin 2024.
Jordan Bardella et Marine Le Pen réclament la dissolution
Informé par la presse de cette démission, Jordan Bardella a aussitôt appelé à un retour aux urnes. Ne voulant pas incriminer Sébastien Lecornu, il a expliqué : « Sans doute le Premier ministre éphémère n’avait-il pas de marge de manœuvre. Très certainement, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a composé ce gouvernement. »
Il a ajouté : « On voit bien là qu’Emmanuel Macron se replie sur ses derniers fidèles, qu’il n’a strictement rien compris à la situation dans laquelle nous sommes. » Et de conclure : « Je viens redire devant vous ce matin […] qu’il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes et sans la dissolution de l’Assemblée nationale. »
À son arrivée au siège du parti,
Marine Le Pen a renchéri : « Ça règle la question de la censure. Et maintenant, ça pose une question au président de la République : est-ce qu’il peut continuer à résister à la dissolution ? » Elle a appelé le chef de l’État « à dissoudre l’Assemblée nationale ».
Interrogée sur la nomination d’un nouveau Premier ministre, elle a ajouté : « On est au bout de la blague. [..] Les Français sont excédés de cette situation. » Elle a poursuivi : « Emmanuel Macron […] est en train de mettre le pays dans une situation terriblement compliquée. Et au passage, son camp également. »
La gauche radicale exige la destitution du président
Sur les réseaux sociaux, les Insoumis ont embrasé la Toile. Mathilde Panot a indiqué ce 6 octobre : « Après la démission de Sébastien Lecornu, nous demandons l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron. » Dans un autre tweet, elle a souligné : « 3 Premiers ministres défaits en moins d’un an. Le compte à rebours est lancé. Macron doit partir. »
« Emmanuel Macron doit démissionner ou partir suite à un vote des assemblées », a également indiqué Jean-Luc Mélenchon, ajoutant : « Le peuple est son propre maître. D’une manière ou d’une autre, il sera de nouveau convoqué. » Il a par ailleurs invité les citoyens « à vérifier s’il est correctement inscrit sur les listes électorales ».
D’autres Insoumis ont également appelé à la démission du président de la République, via les réseaux sociaux, comme les députés Aly Diouara, Raphaël Arnault et Sophia Chikirou.
David Lisnard appelle aussi à un départ d’Emmanuel Macron
Le maire de Cannes David Lisnard, également vice-président de LR et président de l’Association des maires de France, a lui aussi exhorté Emmanuel Macron à quitter l’Élysée : « L’intérêt de la France commande qu’Emmanuel Macron programme sa démission, pour préserver les institutions et débloquer une situation qui était incontournable depuis la dissolution absurde. Il est le premier responsable de cette situation. »
« De nouvelles législatives devront suivre l’élection du nouveau président, à l’issue d’une campagne électorale qui confrontera démocratiquement des projets forts. La Vᵉ République et l’avenir de notre pays sont en jeu », a-t-il ajouté dans son message publié sur X.
Du côté écologiste,
Marine Tondelier a convoqué en urgence un conseil politique de son parti, soulignant que « les mêmes causes » entraînent « les mêmes conséquences », rappelant qu’un Premier ministre macroniste ne pouvait gouverner après la défaite du camp présidentiel. Fabien Roussel, numéro un du Parti communiste, a dénoncé une « crise démocratique inédite face à l’incompétence de ceux qui dirigent le pays depuis 8 ans ». Pour lui, « il faut nommer la gauche ou retourner aux urnes » afin de sortir de « l’impasse ».
Les socialistes se veulent responsables quand la majorité appelle à « se ressaisir »
Sur BFMTV, le député socialiste Philippe Brun a proposé au président de nommer un Premier ministre issu de la gauche. « Les socialistes ne se déroberont pas », a-t-il assuré. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a salué la décision de Sébastien Lecornu sur X : « Je me demandais s’il restait un gaulliste dans ce pays. Il en restait un, et il vient de démissionner avec dignité et honneur. »
Face au tumulte, certains macronistes tentent d’éteindre l’incendie. La ministre de la Transition écologique démissionnaire,
Agnès Pannier-Runacher, a déploré « ce cirque où chacun joue son rôle, mais où personne ne prend ses responsabilités », appelant chacun à « se ressaisir ».