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Commission d'enquête sur l'islamisme

Commission d’enquête sur l’islamisme : LFI « n’acceptera jamais l’entrisme religieux », assure Jean-Luc Mélenchon

La commission d’enquête parlementaire, créée à l’initiative de la droite pour examiner d’éventuelles connexions entre mouvements politiques et réseaux islamistes, a offert samedi une tribune à son principal visé : Jean-Luc Mélenchon.

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Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, lors d’un meeting à Saint-Pierre-des-Corps, le 16 novembre 2025.

Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le chef de file de La France insoumise y a exposé sa conception de la laïcité et affirmé que son mouvement « n’acceptera jamais l’entrisme religieux ».

Reconnaissant « l’existence d’une menace islamiste au milieu de bien d’autres », le tribun de 74 ans a estimé que son groupe avait d’ores et déjà été « innocenté » par les travaux de la commission. « Parmi tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu’il y a un lien entre nous et les islamistes », a-t-il soutenu.

Une mise en cause sous tension

Au cours de son audition, Jean-Luc Mélenchon a évoqué les travaux des auteurs d’un rapport sur l’entrisme des Frères musulmans. « Il n’a pas été mis en évidence, à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l’islamisation à court ou moyen terme » en France, avait relevé devant les députés l’un des deux auteurs, Pascal Courtade.

Se refusant à endosser la responsabilité de la présence, lors de manifestations propalestiniennes, de militants islamistes ou d’« hurluberlus » marchant aux côtés des Insoumis, le leader de LFI a renvoyé la balle au président de la commission, Xavier Breton (LR), qui avait participé aux cortèges contre le mariage pour tous. « Dans ces manifestations, vous étiez avec des islamistes, ça ne vous a pas dérangé ? » a-t-il ironisé.

La mise en place de cette commission d’enquête a suscité de nombreux remous et des critiques nourries, notamment parce qu’aucun élu de gauche ne siège à son bureau – composé du président, des vice‑présidents et des secrétaires. Xavier Breton a tenté samedi de dissiper l’impression d’une procédure dirigée contre LFI, assurant qu’elle « ne vise pas un parti en particulier ».

« L’État est laïc, pas la rue »

Cette audition aura permis à Jean-Luc Mélenchon de développer longuement sa vision de la laïcité, principe qu’il qualifie de « fondateur ». Il a dit « avoir évolué » sur la question et « renoncé à une forme d’anticléricalisme grossier » au fil des rencontres faites dans sa vie, récusant toute démarche électoraliste à l’égard des électeurs musulmans.

Le député des Bouches-du-Rhône a par ailleurs mis en garde le rapporteur, le ciottiste Matthieu Bloch, contre la tentation – qu’il attribue à la droite et à l’extrême radicale – de vouloir légiférer sur les pratiques religieuses, interdire le port du voile dans la rue ou restreindre le jeûne. « Bien sûr, il y a des gens qui (le) mettent sur la tête comme un signal religieux. À nous de faire preuve de discernement. C’est l’État qui est laïc en France, ce n’est pas la rue et les adultes s’habillent comme ils l’entendent », a-t-il plaidé.

Quant aux mineurs, « la loi reconnaît à chaque parent le droit de transmettre ses valeurs à ses enfants », a-t-il ajouté avant d’interroger : « Et quid de la circoncision ? ».

Des accusations d’antisémitisme balayées

Interpellé par la députée Renaissance Prisca Thévenot sur des accusations d’antisémitisme visant son mouvement, Jean-Luc Mélenchon les a rejetées, exprimant son « agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance ». Il a néanmoins pris la défense d’un professeur de l’université Lyon‑2 suspendu pour avoir qualifié de « génocidaires à boycotter » vingt personnalités, dont une majorité de confession juive, affirmant que « cet enseignant n’est pas antisémite ».

Après Jean-Luc Mélenchon, la commission a entendu le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui n’a cité ni LFI ni aucun autre parti, préférant aborder le sujet de la radicalisation en général, notamment dans les prisons.

Avant de clore ses travaux, la commission aura auditionné une trentaine de personnalités : universitaires, sondeurs, le directeur du renseignement de la préfecture de police de Paris et le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez.

Outre M. Mélenchon, seule la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a été convoquée. Cette dernière a dénoncé mardi une instance qui « nourrit ce climat de suspicion permanente qui pèse sur un trop grand nombre de nos compatriotes en raison d’une appartenance réelle ou supposée à une religion, en l’occurrence l’islam ».