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Comment enseigner l’Histoire aux enfants : s’inspirer des grands personnages plutôt que les censurer

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La statue de Socrate devant l’Académie nationale d’Athènes, en Grèce, sur une photo d’archives.

Photo: Mapman/Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

Alors que la « génération smartphone » est confrontée à une vague de troubles de santé mentale, nourrie par un flux incessant de contenus en ligne, un nombre croissant d’éducateurs choisit de remonter aux sources : Ésope, Aristote et les classiques de la pensée, pour trouver une voie d’avenir.
Le retour en force de l’éducation classique
Né aux États-Unis, le mouvement de l’éducation classique séduit depuis plusieurs décennies : en 2023-2024, près de 677.500 élèves y étaient inscrits. Désormais, il gagne aussi l’Australie.
Parmi les figures de proue, Sarah Flynn. Cette enseignante a fondé Logos Australis, une organisation qui défend un enseignement sans tablettes ni écrans, et met l’accent sur la vertu, la sagesse et l’apprentissage auprès des grandes figures de l’Histoire – plutôt que leur « déconstruction ».
« Avec les plus petits, nous commençons par les fables, comme celles d’Ésope. Ces histoires révèlent, à travers les animaux, des vérités universelles sur la récompense d’une vie juste et bonne », explique-t-elle lors de la conférence annuelle Education for Human Flourishing à Brisbane.
Mère de cinq enfants, elle souligne aussi l’impact psychologique de cette approche : « La littérature classique transmet des schémas de bien-être comparables à ce que l’on peut obtenir lors de séances de thérapie. Elle fait une grande partie du travail pour favoriser l’épanouissement. »

Sarah Flynn, enseignante et mère de cinq enfants, fondatrice du mouvement d’éducation classique Logos Australis, lors de la conférence sur l’éducation classique qu’elle a organisée à Brisbane, en Australie, le 6 septembre 2025. (Daniel Y. Teng/Epoch Times)

Renverser le modèle éducatif
L’éducation classique bouscule le paradigme actuel, centré sur les compétences techniques – en particulier les matières scientifiques et technologiques – dans une logique purement utilitaire : obtenir un emploi.
« Le telos, la finalité de l’éducation, a toujours été l’épanouissement humain. Mais depuis cent ans, si vous demandez à quelqu’un pourquoi il va à l’école, il répondra : “pour trouver un travail”. L’apprentissage est devenu une transaction », observe Sarah Flynn.
À l’inverse, l’éducation classique s’attache à développer l’esprit à travers l’art, la spiritualité et même la beauté – souvent reléguée aujourd’hui comme une notion secondaire. Les élèves y étudient également le latin.

Statue du philosophe grec Socrate. L’éducation classique et libérale visait à transmettre le savoir et à développer la capacité de pensée indépendante, afin de préparer les jeunes à participer à la vie civique, culturelle et économique des sociétés démocratiques occidentales. (Richard Panasevich/Shutterstock)

Face aux dérives du numérique et à la crise de confiance dans l’école publique
En Australie, les écoles classiques restent rares, mais la dynamique est réelle : la conférence de Brisbane a réuni 250 participants cette année, principalement des enseignants, contre 100 l’an passé.
Ce regain d’intérêt intervient alors que les chiffres sur la jeunesse inquiètent : troubles psychologiques en hausse, solitude (62 % des jeunes s’en plaignent), manque de confiance en l’avenir professionnel (seulement 52 % estiment avoir les compétences nécessaires).
Une étude Headspace en 2023 révélait aussi qu’un jeune sur trois vivait des interactions négatives sur les réseaux sociaux, et 44 % souhaitaient s’en déconnecter sans oser franchir le pas.
Les autorités réagissent : le gouvernement fédéral prépare l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans d’ici fin 2025, tandis que plusieurs États bannissent déjà les smartphones en classe.
Les familles, elles, se tournent vers d’autres options. En Nouvelle-Galles du Sud, les écoles indépendantes (hors secteur public) accueillent désormais 19,5 % des élèves, contre 13,1 % en 2000.
L’enseignement à domicile reste solide avec environ 45.000 enfants, et explose dans le Queensland : +250 % (pdf) depuis 2020, passant de 4297 à 11.314 élèves scolarisés à la maison en 2024.
Apprendre des grands, pas les juger
À Brisbane, le St. John Henry Newman College ouvrira ses portes en 2026 pour les classes de maternelle à CE1, avec une extension progressive jusqu’au secondaire d’ici 2030.
Son directeur, Kenneth Crowther, insiste : « Les parents recherchent des écoles où les enfants prennent plaisir à apprendre, sans devenir anxieux, déprimés ou isolés. Beaucoup de différences viennent moins de ce que nous faisons que de ce que nous refusons de faire. »

Kenneth Crowther, directeur du St John Henry Newman College à Brisbane, en Australie, le 6 septembre 2025. (Daniel Y. Teng/Epoch Times)

Ici, les élèves travaillent avec cahiers et stylos, pas uniquement sur des ordinateurs. Et surtout, la philosophie est claire : ne pas se limiter à critiquer.
« Nous ne lisons pas Shakespeare pour découvrir ses travers, mais pour comprendre qui nous sommes. L’objectif n’est pas de juger le monde, mais de reconnaître que si le monde a des problèmes, nous en faisons partie – et que nous devons chercher des solutions », conclut Kenneth Crowther.