La Chine et la Russie s’unissent pour s’opposer au système de défense antimissile américain

Les militants de la Corée du Sud s’opposent au déploiement dans leur pays du système américain de défense antimissile THAAD.
Photo: JUNG YEON-JE / AFP / Getty Images
THAAD en Corée du Sud
En juillet 2016, les États-Unis et la Corée du Sud ont convenu de déployer en Corée du Sud le système THAAD pour contrer les menaces nucléaires de la Corée du Nord. Ce système prévoit l’interception à haute altitude des missiles balistiques. Les deux parties ont également convenu que le système sera basé dans la province de Gyeongsangbuk-do, à 296 kilomètres au sud-est de Séoul. Le rayon d’action du système ne dépasse pas 200 km.
Les experts attirent attention sur le fait qu’il ne pourra pas protéger l’ensemble du territoire de la Corée du Sud avec ses 50 millions d’habitants. Selon Defense News, le Pentagone insiste sur le fait que le système THAAD « visera uniquement les missiles et les menaces nucléaires provenant de la Corée du Nord et d’aucun autre pays. La Corée du Nord continue de tester des missiles balistiques de moyenne portée ».
Les craintes de la Russie et la Chine
Moscou et Pékin ont vu dans les actions américaines une menace pour leur sécurité. Selon le dirigeant chinois Xi Jinping, le déploiement de missiles américains ne fera qu’aggraver la situation dans la péninsule coréenne. La Chine craint que le puissant radar du THAAD puisse couvrir une partie importante de son territoire.
D’après le New York Times, ce système est considéré comme une menace à leur propre sécurité non seulement par la Chine, mais également par les habitants de la Corée du Sud, qui craignent que des puissants signaux électroniques du radar THAAD puissent être nocifs pour la santé. En outre, les zones du déploiement du système pourraient servir de cibles pour les missiles de la Corée du Nord en cas de l’aggravation de la situation.
De son côté, la Russie a également réagi négativement au déploiement du THAAD. Le général Viktor Poznihir, représentant de l’état-major des forces armées russes, a déclaré lors du forum de Xiangshan sur la sécurité en Asie-Pacifique tenu en octobre dernier à Pékin : « La décision des États-Unis de déployer un système de défense antimissile mondial n’est pas associée à la menace de missiles de l’Iran et la Corée du Nord. Elle est liée principalement au désir d’acquérir la supériorité militaire sur la Russie et la Chine.» À son avis, grâce au système de défense antimissile, les États-Unis seront en mesure d’effectuer en toute impunité une frappe nucléaire dans n’importe quel endroit du monde, y compris en Russie et la Chine.
Poznihir a également mentionné que le système américain est capable de détruire des satellites sur des orbites basses et qu’il menace la libre utilisation de l’espace. Il a rappelé le cas de 2008, lorsque, en tant qu’expérience, les États-Unis ont abattu leur propre satellite à l’altitude de 250 km. Yevgeny Serebrennikov, vice-président du Comité sénatorial de la défense de la Fédération de Russie, a déclaré plus tôt qu’en réponse aux actions des États-Unis, la Russie pourrait déployer à l’est de son territoire des unités de missiles avec un rayon d’action suffisant pour atteindre les systèmes de défense antimissile en Corée du Sud. Il a également souligné que les plans de relance d’une base militaire sur les îles Kouriles pourraient être avancés.
Sanctions de la Chine
En réponse à la décision de la Corée du Sud de déployer sur son territoire le système THAAD, la Chine a introduit de nouvelles sanctions frappant des produits cosmétiques coréens. Au total, la Chine a « renvoyé » à la frontière plus de 11 tonnes de produits cosmétiques d’origine coréenne. Plusieurs sociétés coréennes étaient déjà victimes des sanctions chinoises, par exemple Lotte Group qui avait mis une parcelle de terrain en disposition du système antimissile américain. La Chine a limité la projection des films, des représentations des stars et des groupes musicaux sud-coréens. Le 10 janvier dernier, la Chine a arrêté la coopération militaire avec la Corée du Sud et a interdit l’entrée de ses navires de guerre dans les ports chinois.

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