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Cancer : comment l’immunothérapie et le mode de vie renforcent le système immunitaire

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La thérapie par lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T) modifie les cellules T afin qu’elles puissent combattre les cellules cancéreuses.

Photo: Alpha Tauri 3D Graphics/Shutterstock

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Durée de lecture: 17 Min.

À deux reprises, Jim Mann a survécu à un mélanome agressif, un cancer de la peau qui tue rapidement la plupart des personnes atteintes.

Une opération en 2016, visant à retirer une lésion cutanée étendue sur son cuir chevelu — ainsi que des ganglions lymphatiques cervicaux — a suffi à le placer en rémission, au grand étonnement des médecins, qui s’attendaient à découvrir que le cancer s’était déjà propagé dans l’ensemble de son corps.

Dix-huit mois plus tard, un examen de suivi portant sur une masse qu’il avait découverte révéla huit tumeurs réparties dans son organisme.

Pourtant, deux mois après le début d’un protocole d’immunothérapie d’une durée prévue de deux ans, les tumeurs avaient disparu. Son système immunitaire, qu’il décrivait déjà comme robuste avant son diagnostic, répondit vigoureusement au traitement. Entre-temps, il avait cessé de consommer du sucre, réduit son niveau de stress et rejoint un groupe de soutien.

« Je n’aurais pas dû vivre plus d’un mois ou deux, vu la taille du mélanome, mais je suis heureux qu’on ne me l’ait pas dit au départ, » confie Jim Mann à Epoch Times. « Le fait que les médecins soient stupéfaits à chaque visite était à la fois déconcertant et merveilleux. »

Dans des conditions idéales, le système immunitaire est une véritable machine à combattre le cancer. L’immunothérapie — et les succès qu’elle obtient chez des patients atteints de cancers avancés auparavant jugés incurables, comme Jim Mann — montre comment un ajustement des mécanismes du système immunitaire peut produire des résultats défiant toutes les prévisions de survie. C’est une avancée majeure dans le traitement du cancer, et elle illustre également qu’un système immunitaire soutenu pendant le traitement semble accroître les chances de succès — une approche que nombre de patients adoptent en modifiant leur mode de vie.

Le Dr William Li, médecin, chercheur et auteur à succès de Eat to Beat Disease: The New Science of How Your Body Can Heal Itself  [Manger pour vaincre la maladie, ou comment le corps peut se guérir lui-même, ndlr], explique à Epoch Times par courriel :

« L’immunothérapie nécessite un système immunitaire fort et fonctionnel. Cela est lié à une alimentation saine, car le microbiote intestinal — les bactéries bénéfiques qui vivent dans notre intestin — aide à nourrir le système immunitaire pour qu’il puisse combattre efficacement les envahisseurs, comme les cellules cancéreuses. Ce que nous mangeons nourrit ces bactéries, qui influencent à leur tour la capacité du système immunitaire à répondre correctement à l’immunothérapie. »

Immunothérapie : mode d’emploi

Contrairement aux cellules humaines saines, les cellules cancéreuses présentent souvent des mécanismes de réparation défectueux. Elles se reproduisent de manière incontrôlée, se multiplient rapidement sans entrer en apoptose, contrairement aux cellules normales soumises à un stress.

Le cancer se développe alors qu’un système immunitaire trop faible ou incapable de le reconnaître comme étranger ne parvient pas à le neutraliser. Les cellules cancéreuses peuvent même échapper activement au système immunitaire, en libérant par exemple des substances qui les rendent invisibles.

Les médicaments d’immunothérapie exploitent le propre système immunitaire du patient, soit en le stimulant, soit en restaurant ou en améliorant son fonctionnement.

Ce traitement est moins délétère pour le système immunitaire que la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie — des approches qui affaiblissent souvent le système immunitaire.

Il existe plusieurs types d’immunothérapies :

• Les inhibiteurs de points de régulation immunitaires, qui désactivent les « freins » du système immunitaire afin qu’il reconnaisse et attaque le cancer.

• La thérapie par lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T), qui modifie les cellules T afin qu’elles puissent combattre les cellules cancéreuses.

• Les anticorps monoclonaux, des protéines fabriquées en laboratoire qui servent de balises ciblant les cellules tumorales.

• Les lymphocytes T infiltrant la tumeur (TILs), des globules blancs prélevés, multipliés, puis réinjectés pour renforcer la réponse immunitaire.

• Les vaccins anticancéreux, conçus à partir d’antigènes tumoraux ou de cellules cancéreuses modifiées, qui entraînent le système immunitaire à reconnaître et à combattre le cancer.

Si la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie entraînent souvent des effets secondaires redoutables, l’immunothérapie, en épargnant davantage les cellules saines, entraîne généralement une toxicité moindre, explique le Dr Chad Levitt, radio-oncologue et fondateur d’ONCARE MD, un service d’accompagnement des patients dans leur parcours oncologique.

Cependant, l’immunothérapie peut aussi provoquer des réactions indésirables, dues à un dérèglement du système immunitaire, allant de bénignes à graves — voire potentiellement mortelles — touchant principalement la peau et le tube digestif.

L’immunothérapie reste également onéreuse : certains traitements coûtent plusieurs centaines de milliers de dollars. Et elle n’est pas toujours possible : bon nombre de cancers n’ont pas encore reçu l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, ou ne répondent pas aux critères d’éligibilité, notamment lorsqu’il ne s’agit pas de formes avancées de cancer.

Ainsi, pour des cancers du sein à fort taux de guérison lorsqu’ils sont traités par chimiothérapie, l’immunothérapie ne serait pas envisagée, précise le Dr Levitt.

Un système immunitaire sain, clé du succès

Kay Blackburn travaillait dans le secteur de la santé et du bien-être et se considérait comme une personne en bonne santé avant qu’on ne lui diagnostique, en 2016, un lymphome non hodgkinien de stade III. Après son diagnostic, elle n’élimina pas totalement le sucre ni ne s’attaqua à ses blocages émotionnels, comme le pardon — du moins pas immédiatement, raconte-t-elle à Epoch Times. Elle se concentra d’abord uniquement sur les traitements conventionnels, tandis que son cancer gagnait en agressivité.

La chimiothérapie échouait : le cancer progressait malgré le traitement. Ne pouvant bénéficier d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques, elle fut inscrite en 13ᵉ position sur la liste d’attente d’un essai clinique d’immunothérapie, qui n’admettait que deux patients par mois.

« Je me disais : “Mon Dieu, je ne sais même pas si je serai encore en vie lorsque mon tour viendra” », confie-t-elle.

Au moment où elle reçut enfin le traitement, elle avait complètement changé de mode de vie : elle suivait un régime végétalien strict et avait éliminé les produits chimiques de son foyer et de ses soins personnels. Pourtant, les scanners révélèrent qu’elle ne répondait pas positivement à la thérapie cellulaire CAR-T.

« Tout semblait exactement pareil, » dit-elle. « Après ce scanner, je me suis demandé : “Et maintenant ?” parce que je n’avais plus d’autre solution. Je suis rentrée chez moi déprimée et j’ai pleuré pendant trois jours. »

Mais ses tumeurs, régulièrement surveillées, restaient stables : elles ne diminuaient pas, mais ne grossissaient plus non plus. Finalement, son médecin déclara qu’elle était en rémission compléte.

« Mon médecin m’a confié qu’il n’avait jamais suivi un cas comme le mien.” Le fait d’avoir participé à l’essai, de n’avoir obtenu aucune réponse, puis d’être sortie du protocole tout en restant stable, c’était inédit, » raconte-t-elle.

Soutenir son système immunitaire de l’intérieur

Les patients peuvent, comme Kay Blackburn, nourrir leur système immunitaire par l’alimentation, le mouvement et la gestion du stress.

L’approche du Dr Levitt consiste à aborder dès le départ la nutrition, l’exercice, l’énergie, la relation corps-esprit et la spiritualité, dans une stratégie intégrative et holistique — même si, reconnaît-il, la plupart des médecins se limitent encore à la prescription médicamenteuse.

L’alimentation

Les aliments ultra-transformés favorisent l’inflammation et le déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose). Pourtant, les patients sont encore souvent encouragés à maintenir leur poids, même si cela implique une consommation d’aliments peu sains.

« On ne m’a rien proposé de précis sur ce que je devais manger ou éviter, » déplore Mme Blackburn. Elle s’est ensuite reconvertie en coach en nutrition intégrative.

Une alimentation équilibrée nourrit le système immunitaire et le microbiote intestinal, renforçant ainsi la capacité du corps à répondre à l’immunothérapie, rappelle le Dr Li.

Il préconise les aliments riches en probiotiques — yaourt, kimchi, choucroute — et ceux riches en fibres, comme les fruits et légumes.

Selon une revue publiée dans Cell Death and Disease, les aliments anti-inflammatoires (fruits, légumes, céréales complètes, protéines maigres, bonnes graisses et certaines épices) réduisent le risque de cancer et d’inflammation systémique, un facteur de résistance aux traitements. Les régimes riches en acides gras oméga-3 (EPA et DHA) et en fibres ont permis d’observer une amélioration des réponses à l’immunothérapie.

« Les recherches indiquent que la réponse à l’immunothérapie – ou au contraire sa toxicité – peut être modulée par le microbiote intestinal, » précise la revue.

Le microbiote intestinal sous les projecteurs

Selon une étude publiée dans Cancer Research, certaines familles bactériennes intestinales ont un effet positif sur les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, tandis que d’autres réduisent leur efficacité ou interagissent de manière synergique.

Les bactéries produisant des acides gras à chaîne courte (AGCC), comme le butyrate, sont associées à moins d’effets secondaires et, dans certains cas, à de meilleurs résultats thérapeutiques. La bactérie Akkermansia muciniphila s’est distinguée par sa capacité à renforcer l’efficacité de l’immunothérapie et à moduler les réponses immunitaires.

Une autre étude publiée dans Cancer Discovery révèle que les patients atteints de lymphome B traités par thérapie cellulaire CAR T et présentant une forte concentration d’Akkermansia muciniphila conservaient une plus grande diversité bactérienne bénéfique.

Cette bactérie est disponible sous forme de probiotique, précise le Dr Li, qui la recommande, ainsi que Lactobacillus reuteri, aux patients sous immunothérapie.

L’exercice, allié de la réponse immunitaire

Une revue publiée dans Frontiers in Immunology a démontré que l’exercice physique améliore l’efficacité de l’immunothérapie. Il augmente les capacités fonctionnelles de certains globules blancs et facilite leur infiltration dans les cellules cancéreuses.

L’activité physique réduit aussi les lymphocytes T régulateurs (Treg), qui freinent la réponse immunitaire, et stimule les globules blancs spécialisés dans la surveillance et la destruction des cellules cancéreuses.

« Les recherches montrent que l’exercice peut freiner la prolifération des cellules cancéreuses, favoriser leur apoptose (mort cellulaire) et réduire leur migration. Cela souligne le potentiel de l’exercice comme complément stratégique aux protocoles anticancéreux », soulignent les auteurs.

Selon le Dr Levitt, l’exercice qui entretient la masse musculaire améliore la tolérance au traitement et la récupération. Marcher, même lorsque le corps résiste, redonne souvent plus d’énergie que le repos.

« Se débarrasser du cancer devrait être un tremplin vers une vie active, » dit-il. « Mieux vaut affronter les défis depuis une position de force. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve, alors autant être prêt à se battre. »

L’âme et le soutien

Si la spiritualité n’a pas de lien direct démontré avec l’immunothérapie, la pratique religieuse est associée à une meilleure santé globale et à une inflammation moindre. Certaines études montrent même que les personnes assistant à des offices religieux présentent un système immunitaire plus robuste.

Kay Blackburn a eu recours à l’écriture et au groupe de soutien Healing Strong, qui propose des études bibliques et des temps de prière en ligne. Cela l’a aidée à surmonter ses émotions négatives pendant le traitement.

« M’appuyer sur ma foi à cette période m’a donné de l’espoir, » confie-t-elle.

Jim Mann et Kay Blackburn affirment que le soutien spirituel, l’activité physique et une alimentation saine font désormais partie intégrante de leur vie.

Pendant trente ans, Jim Mann, animateur radio, se levait à deux heures du matin. Aujourd’hui, il dit avoir appris à ralentir :

« Le cancer m’a appris à me demander : “Pourquoi suis-je toujours pressé ?” C’est absurde. J’ai réalisé que Jésus ne s’est jamais précipité, et il a pourtant accompli beaucoup de choses. »

Les interventions spirituelles peuvent réduire la fatigue, la douleur, l’anxiété, la dépression et la détresse psychologique, selon une méta-analyse publiée dans l’European Journal of Oncology Nursing.

Des niveaux élevés de cortisol — l’hormone du stress — favorisent le développement du cancer et freinent la guérison, souligne le Dr Levitt.

« C’est anecdotique, mais dans ma pratique, je constate que beaucoup de patients viennent me voir avec un nouveau diagnostic après avoir vécu un grand traumatisme dans les 12 à 24 derniers mois : perte d’un proche, d’un enfant, accompagnement d’un malade… puis soudain, le cancer apparaît, » observe-t-il.

La gestion du stress est donc essentielle, insiste-t-il.

Poursuivre la quête de solutions

Trouver un médecin ou un établissement qui valorise une approche holistique du traitement reste difficile, reconnaît le Dr Levitt. Mais les patients motivés peuvent dénicher ces ressources, souvent en dehors du cadre hospitalier.

Kay Blackburn, aujourd’hui présidente du conseil d’administration de Healing Strong, affirme recevoir de nombreux témoignages positifs de personnes ayant associé leur traitement médical à la nutrition et à des thérapies complémentaires.

Elle se consacre à aider d’autres malades à utiliser ces outils dès le début, pour ne pas se sentir démunis une fois les options médicales épuisées — comme ce fut son cas.

« J’attendais qu’un médecin me dise : “Voici ce que vous devez faire.” J’aurais aimé que mon oncologue s’intéresse davantage à ce que je faisais. J’attendais qu’il me demande : “Que faites-vous ?”, mais il ne l’a jamais fait. Je pense que c’est là que se trouve la pièce manquante. »

Amy Denney est journaliste spécialisée dans la santé à Epoch Times. Elle est titulaire d'une maîtrise en journalisme d'affaires publiques de l'université de l'Illinois à Springfield et a remporté plusieurs prix pour ses enquêtes et ses reportages sur la santé. Elle couvre le microbiome, les nouveaux traitements et le bien-être intégratif.

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