Campagne d’intimidation pro-Pékin : Epoch Times visé par un envoi de poudre blanche

Le journal Epoch Times en cours d'impression dans le New Jersey, aux Etats-Unis, le 23 janvier 2024, Samira Bouaou/ Epoch Times
NEW YORK – Le 7 octobre, l’édition nord-américaine d’Epoch Times a reçu une enveloppe contenant une poudre blanche, apparemment destinée à intimider le journal.
L’enveloppe, de couleur jaune, contenait un exemplaire du journal et un petit sachet plastique transparent rempli d’une poudre blanche. Epoch Times a immédiatement alerté la police de New York, qui a pris les éléments pour analyse. Une enquête est en cours.
Cet envoi, en provenance de Chine, intervient dans un contexte d’escalade des menaces pro-Pékin contre Epoch Times.
Ces derniers mois, des pirates liés à la Chine ont envoyé en masse des courriels de menace à divers organismes publics et civils aux États-Unis et ailleurs, en usurpant les adresses et identités du personnel du journal.
La semaine dernière encore, des acteurs chinois ont créé de faux comptes sur les réseaux sociaux se faisant passer pour des cadres du journal, dans ce qui semble être une vaste opération de cyber-intimidation.
L’un de ces comptes a inondé une chaîne YouTube de messages violents. L’utilisateur, se présentant sous le nom et le profil de Huang Wanqing, rédacteur en chef de l’édition chinoise du journal, y affirmait vouloir « faucher des gens » devant le palais présidentiel de Taïwan et « ouvrir le feu ».
« Ces commentaires m’ont tout de suite interpellée, car je connais cette personne », raconte la commentatrice politique et propriétaire de la chaîne, Chen Weiyu. « Je savais qu’il n’avait pas pu écrire cela : c’est forcément un faux. »
Elle a appelé ses abonnés à signaler l’imposteur. Le même jour, elle a découvert qu’elle-même était la cible d’intimidation dans un autre message.
« Ils deviennent de plus en plus agressifs, » dit-elle. « Ils se croient intouchables, au-dessus des lois. »
C’est précisément ce sentiment que ces cyber-acteurs semblent vouloir instiller.
Ces dernières semaines, des individus ont également envoyé au journal des captures d’écran de messages de menace qu’ils affirment avoir diffusés.
L’un des courriels, daté du 5 octobre, disait : « Que pouvez-vous me faire ? » et comportait une capture d’écran d’un formulaire de contact de la Maison-Blanche rempli avec l’adresse et le numéro du journal.
D’autres institutions américaines ont été visées : la CIA, le département de la Justice, le FBI, le Service des parcs nationaux, le Kennedy Center, ainsi que diverses entités publiques aux États-Unis, à Taïwan, au Royaume-Uni et en République tchèque.
Un message en chinois reçu le 7 octobre montrait une main faisant un signe de victoire devant un drapeau chinois. Un autre, envoyé le lendemain, expliquait que, même si « le Parti communiste chinois n’a pratiquement aucune chance de gagner », son auteur avait choisi « de miser sur lui ».
« À chaque époque et dans chaque dynastie, il y a des gens comme moi, et dans cette ère-ci, j’endosse ce rôle », lisait-on encore dans ce courriel du 8 octobre. « La fortune se trouve dans le danger. »
Epoch Times a fermement condamné cette campagne d’intimidation.
« Epoch Times condamne avec la plus grande fermeté cette campagne menée par le Parti communiste chinois. Nous ne céderons pas à l’intimidation et poursuivrons notre mission : offrir une information véridique et non censurée aux lecteurs du monde entier, y compris en Chine, » a déclaré Jasper Fakkert, rédacteur en chef de l’édition anglophone.
Selon Casey Fleming, du cabinet de cybersécurité BlackOps Partners à Washington, l’objectif de cette opération est de créer une pression psychologique. « Tout cela vise à intimider et à effrayer, » explique-t-il. Il décrit ces actions comme faisant partie d’une « guerre sans restriction » que le régime chinois mène depuis longtemps pour « affaiblir l’ennemi de l’intérieur ».
« Le simple fait qu’une organisation conteste la domination du PCC [Parti communiste chinois] les met dans l’embarras et affaiblit leur pouvoir, tant sur le peuple chinois que sur le reste du monde, » ajoute-t-il. « Ils veulent éliminer cette gêne immédiatement. »
Un contexte de répression grandissante
Cette offensive s’inscrit dans une campagne plus large du régime chinois contre un mouvement spirituel précis.
Fin 2022, le dirigeant Xi Jinping aurait personnellement donné l’ordre, lors d’une réunion secrète, de s’en prendre aux entreprises fondées par des pratiquants du Falun Gong — une discipline spirituelle fondée sur les principes de vérité, compassion et tolérance, qui comptait entre 70 et 100 millions d’adeptes en Chine dans les années 1990 avant d’être brutalement persécutée.
Depuis 1999, d’innombrables pratiquants ont été arrêtés arbitrairement, soumis au travail forcé, torturés, voire tués dans le cadre de prélèvements forcés d’organes.
Epoch Times a été fondé en 2000 à Atlanta par des pratiquants de Falun Gong ayant fui la répression. Leur objectif : faire connaître les informations censurées en Chine et exposer les atrocités commises par le régime contre des millions de personnes. Plusieurs des premiers collaborateurs du journal en Chine ont été arrêtés et condamnés à de longues peines de prison.
Selon une source politique, Xi Jinping s’est dit particulièrement irrité de l’incapacité des autorités à empêcher Epoch Times et sa chaîne sœur NTD de devenir des médias majeurs qui dénoncent les crimes du Parti.
En 2025, le département américain de la Justice a confirmé plusieurs tentatives de cyberespionnage orchestrées depuis Pékin contre le journal ; selon un acte d’accusation fédéral, des pirates soutenus par l’État avaient compromis en 2017 les comptes courriel du rédacteur en chef et d’un vice-président.
Ces cyberattaquants ont revendiqué d’autres campagnes, dont de fausses alertes à la bombe visant des bibliothèques new-yorkaises en avril — la veille d’un important anniversaire du Falun Gong —, entraînant au moins une évacuation.
Autre cible régulière : la compagnie Shen Yun Performing Arts, fondée à New York par des pratiquants du Falun Gong et connue pour ses tournées mondiales célébrant « la Chine avant le communisme ». De nombreuses salles ont reçu des menaces exigeant l’annulation des spectacles et promettant des représailles violentes.
Une première analyse externe a retracé une partie de ces courriels menaçants jusqu’à la province chinoise du Shaanxi. Les autorités taïwanaises, enquêtant sur les menaces visant Shen Yun, ont déjà identifié Xi’an, la capitale provinciale, comme source probable.
Huang Wanqing, rédacteur en chef de l’édition chinoise d’Epoch Times, estime qu’il s’agit d’une opération coordonnée :
« C’est une composante de la répression transnationale du PCC, » affirme-t-il. « Une campagne d’usurpation systématique destinée à semer la peur et le chaos. »
Casey Fleming abonde : « C’est exactement cela. Cela relève du terrorisme. »

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