Débat fiscal : Emmanuel Macron critique ceux qui empêchent les « champions » d’avancer
En marge du débat budgétaire à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a défendu, mardi à La Rochelle, le rôle des « champions » français lors des Assises de l’économie de la mer.

Le président français Emmanuel Macron pendant son discours lors de la 20e édition du Salon de l'économie maritime à La Rochelle, dans l'ouest de la France, le 4 novembre 2025.
Photo: STEPHANE MAHE/POOL/AFP via Getty Images
« On ne rend pas un pays plus heureux quand on empêche ses champions d’aller conquérir de nouveaux marchés », a déclaré le chef de l’État devant un parterre d’acteurs du secteur maritime, saluant ceux qui, « dans le nautisme, le vélique ou le fret », incarnent cette ambition économique.
Une fiscalité maritime sous tension
Cette prise de parole intervient alors que la gauche et le Rassemblement national ont récemment fait front commun pour durcir la fiscalité des multinationales, relançant le débat sur les avantages fiscaux accordés aux grands groupes. Un amendement au budget 2026 envisageait même la suppression de la « taxe au tonnage », un régime forfaitaire favorable aux armateurs depuis plus de vingt ans. Face à la fronde du secteur, ce projet a finalement été abandonné.
À La Rochelle, Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, a tenu à rappeler l’importance de cette stabilité. « La fiscalité ne peut pas tout. Elle ne remplace ni la stratégie, ni l’investissement, ni la confiance », a-t-il souligné, jugeant que « remettre en cause la taxe au tonnage ne serait pas un simple signal négatif, ce serait une erreur stratégique ».
Le dirigeant marseillais a insisté sur le caractère international de ce dispositif, « un standard mondial appliqué à 90 % de la flotte internationale », tout en rappelant que son groupe avait versé « 500 millions d’euros » au titre de la contribution exceptionnelle sur les profits en 2023.
Dans la même veine, le président d’Armateurs de France, Édouard Louis Dreyfus, a plaidé pour davantage de « stabilité ». « Depuis deux ans maintenant, les débats budgétaires remettent en cause cette stabilité, la taxe au tonnage notamment (…) c’est un danger parce que ne plus avoir confiance dans la stabilité du système, ne plus avoir confiance dans la visibilité », a-t-il prévenu.
Un signal fort en faveur du pavillon français
Face à ces incertitudes, CMA CGM a cherché à envoyer un signal positif. L’armateur a annoncé mardi l’immatriculation sous pavillon français de dix nouveaux porte-conteneurs, soit une hausse de 33 % de sa flotte tricolore. Ces navires, actuellement en construction en Chine, seront livrés entre 2026 et 2028, portant à 40 le nombre de bâtiments français au sein du groupe, contre 30 aujourd’hui.
Cet investissement, évalué à 2,5 milliards d’euros, s’inscrit dans un plan global de 96 navires neufs en commande, a précisé à l’AFP Xavier Leclercq, directeur des constructions neuves. La majorité de ces bâtiments battra pavillon maltais, un choix « lié à une différence de coût significative », concède-t-il, tout en précisant que « CMA CGM veut avoir un pavillon français significatif ».
Pour armer cette nouvelle flotte, le groupe prévoit le recrutement de 135 marins français d’ici à deux ans. Un défi logistique et humain que salue l’École nationale supérieure maritime (ENSM). Son directeur, François Lambert, s’est réjoui de cette perspective : « Grand soutien de l’école, l’armateur basé à Marseille continue de développer et de croire dans le pavillon français, donc c’est une excellente nouvelle. »
Vers une vision de long terme
Éric Pommelet, président du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), a pour sa part appelé à inscrire cette dynamique dans la durée : il souhaite la création d’« une sorte de loi de programmation, un peu comme on l’a dans le militaire », afin de planifier l’acquisition de navires civils pour l’État.
En défendant leurs « champions », le président de la République et les industriels de la mer entendent tracer une voie de souveraineté économique et maritime face aux vents changeants du débat fiscal.
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