Accord franco-algérien: la gauche critique l’absence des députés macronistes après l’adoption d’un texte du RN à l’Assemblée
La gauche a critiqué jeudi l'absence dans l'hémicycle d'une majorité de députés Ensemble pour la République, dont le chef du groupe Gabriel Attal, permettant l'adoption d'un texte du RN contre l'accord franco-algérien de 1968, qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France.

Olivier Faure, député du groupe socialiste et alliés, lors de la poursuite des débats sur le projet de loi de finances pour 2026 (PLF 2026), à l'Assemblée nationale, le 24 octobre 2025.
Photo: BASTIEN OHIER/Hans Lucas/AFP via Getty Images
L’Assemblée nationale a connu une journée historique ce jeudi 30 octobre 2025, avec l’adoption d’une proposition de résolution portée par le Rassemblement national (RN) visant à « dénoncer » les accords franco-algériens de 1968. Ce texte, symbolique mais non contraignant, a été adopté à une voix près : 185 voix « pour » contre 184 « contre ».
Une première historique dans l’Assemblée
Le texte, proposé dans le cadre de la niche parlementaire du Rassemblement national, marque la première adoption d’une initiative portée par ce groupe à l’Assemblée nationale. Son objectif affiché : « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968 qui accorde aux ressortissants algériens des dispositions particulières concernant la résidence et le séjour en France.
Marine Le Pen, cheffe du groupe RN, n’a pas caché sa satisfaction à l’issue du vote : « C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN », a-t-elle déclaré devant les journalistes, soulignant que leurs propositions étaient jusqu’ici systématiquement rejetées. À ses côtés, les Républicains (LR) et Horizons se sont également prononcés en faveur de la résolution, accentuant l’isolement du gouvernement et de ses soutiens traditionnels.
La portée du texte reste toutefois avant tout symbolique, n’ayant aucune valeur contraignante directe sur l’exécutif. Il replace néanmoins la question migratoire et les relations franco-algériennes au cœur des débats politiques.
L’absence remarquée des députés macronistes
Au sein de l’hémicycle, l’opposition a rapidement pointé du doigt le manque de mobilisation des députés issus de la majorité présidentielle. Sur les 92 membres du groupe « Ensemble pour la République », seuls une quarantaine étaient présents lors du vote ; 30 ont voté contre, et trois se sont abstenus.
« Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent ! À une voix près, Horizon (Édouard Philippe), LR et l’extrême droite votent ensemble la fin de l’accord de 1968 avec l’Algérie », a fustigé le patron des socialistes Olivier Faure sur X, tandis que la chef de file des députés écologistes Cyrielle Chatelain a abondé devant la presse: « cette voix qui nous a manqué pour faire face au Rassemblement national c’est celle de Gabriel Attal ».
« Un texte raciste voté grâce à l’absence des macronistes », a ajouté la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot sur X. Une trentaine de députés EPR ont voté majoritairement contre le texte, mais une cinquantaine étaient absents de l’hémicycle, dont Gabriel Attal.
Dans les rangs socialistes et écologistes, le ton est à la colère. Ils jugent cette adoption non seulement comme une erreur politique mais comme un « vote de la honte », synonyme pour eux de dérive parlementaire et de banalisation des thèses portées par le RN sur l’immigration.
La demande d’abrogation de l’accord de 1968, pourtant partagée par certains dans la majorité présidentielle, n’a pas suffi à susciter un nouveau front commun contre le RN.
Les enjeux de l’accord franco-algérien de 1968
L’accord franco-algérien de 1968, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, permet aux Algériens de bénéficier de conditions spécifiques pour l’obtention d’un titre de séjour en France. Il est régulièrement accusé, surtout à droite, de favoriser une immigration dérogatoire.
Le RN, par ce texte, entend relancer le débat migratoire en mettant en cause l’exception algérienne dans la législation française. Marine Le Pen, elle, défend « une victoire pour la France, qui cesse d’être humiliée par la dictature algérienne », tandis qu’Eric Ciotti, leader des Républicains, salue la fin d’un cycle politique au profit d’un rapport de force assumé avec Alger, selon LCP.
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