Crimes contre l'humanité
Venezuela : l’ONU dénonce des « crimes contre l’humanité » commis par la Garde nationale
Une mission d'enquête mandatée par les Nations unies a publié jeudi un rapport accablant concernant la Garde nationale bolivarienne (GNB) du Venezuela. Cette force militaire responsable du maintien de l'ordre public est accusée d'avoir commis des « graves violations des droits humains et de crimes contre l'humanité » pendant plus d'une décennie.

Le drapeau des Nations Unies flotte devant le siège du Bureau consultatif technique du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme à Caracas, le 15 février 2024.
Photo: FEDERICO PARRA/AFP via Getty Images
Les enquêteurs ont établi que des membres de cette force de sécurité ont orchestré des exécutions extrajudiciaires, des « détentions arbitraires, des violences sexuelles et sexistes, ainsi que des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants lors d’opérations menées dans le contexte de manifestations et d’actions de persécution politique ciblée depuis 2014 ».
Un appareil répressif ciblant l’opposition politique
Créée en septembre 2019 par le Conseil des droits de l’homme, cette mission internationale indépendante surveille étroitement la situation vénézuélienne. Ses conclusions révèlent un système organisé de répression. Marta Valiñas, qui préside la mission, a souligné que les faits recueillis « démontrent le rôle du GNB dans une répression systématique et coordonnée visant les opposants ou ceux perçus comme tels, et ce depuis plus d’une décennie ».
Le régime de Nicolas Maduro s’appuie régulièrement sur ses forces de sécurité, notamment la GNB et les services de police, pour étouffer les mouvements contestataires. Cette stratégie répressive s’est intensifiée lors des différentes vagues de protestation qui ont secoué le pays.
Des pratiques brutales lors des mobilisations sociales
Le document onusien publié à Genève détaille les méthodes employées pendant les périodes de tension sociale de 2014, 2017, 2019 et 2024. Durant ces moments critiques, la Garde nationale « a fait un usage excessif de la force, notamment en utilisant de manière inappropriée des armes létales et non létales », selon les investigateurs.
Les enquêteurs ont également mis en lumière « des détentions arbitraires massives et ciblées », accompagnées d’actes de violence perpétrés dans les installations de la GNB. Ces arrestations s’inscrivent dans une logique de terreur visant à neutraliser toute forme d’opposition.
Torture et violences sexuelles : un schéma d’abus délibéré
Les révélations les plus troublantes concernent l’utilisation systématique de la torture et des violences sexuelles. « Les actes de torture, les mauvais traitements et les violences sexuelles que nous avons vérifiés – y compris les agressions et les viols – ne sont pas des incidents isolés. Ils s’inscrivent dans un schéma d’abus visant à punir et à briser les victimes », a déclaré Marta Valiñas.
La mission d’enquête possède des « motifs raisonnables de croire que des responsables du GNB ont joué un rôle déterminant dans les crimes faisant l’objet de l’enquête », établissant ainsi une chaîne de responsabilité qui implique la hiérarchie militaire.
L’impunité comme pilier du système répressif
Le rapport dénonce une « impunité structurelle » qui gangrène le système judiciaire vénézuélien. Les enquêteurs ont constaté des « enquêtes au point mort », une « paralysie procédurale prolongée », ainsi que des cas de « manipulation de preuves ».
Ces dysfonctionnements révèlent les « défaillances » profondes du système politique et judiciaire vénézuélien, qui ont « contribué à renforcer l’impunité » selon les experts. Cette situation perdure dans un contexte politique tendu, où les États-Unis, l’Europe et de nombreux pays latino-américains contestent la légitimité du troisième mandat de six ans obtenu par Nicolas Maduro lors du scrutin de 2024, l’opposition dénonçant une fraude électorale massive.
Un appel à « des mécanismes de contrôle nationaux et internationaux »
Face à cette situation alarmante, Marta Valiñas a lancé un appel solennel : « La persistance de ces crimes et l’absence de justice adéquate exigent une réponse ferme des mécanismes de contrôle nationaux et internationaux ». Un ultimatum qui souligne l’urgence d’une intervention pour mettre fin à ces violations systématiques des droits fondamentaux.
Avec AFP

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