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Un ciel en feu au-dessus de Calgary, entre émerveillement et avertissement scientifique

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Une aurore boréale au nord de Calgary au Canada photographiée par John Andersen.

Photo: Crédit photo John Andersen

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Durée de lecture: 8 Min.

Les clichés de John Andersen, un géologue canadien et chasseur d’aurores depuis cinquante ans, reflètent non seulement la beauté du ciel nocturne, mais aussi les soubresauts d’un champ magnétique terrestre en déclin, annonciateurs de puissantes tempêtes solaires.
Les couleurs jaillissent dans l’objectif de John Andersen lorsqu’il pointe son appareil photo vers le ciel nocturne. Pour ce photographe amateur de Calgary, ces teintes vives, capturées dans ses clichés d’aurores boréales, seraient le signe avant-coureur d’un important événement géomagnétique susceptible de frapper bientôt la Terre.
Habituellement, les aurores boréales se distinguent par des reflets verts, difficiles à percevoir dans les limites urbaines de Calgary, où M. Andersen réside et exerce sa profession de géologue dans l’industrie pétrolière. Mais en s’éloignant vers les campagnes au nord de la ville, il immortalise des camaïeux de rose, de violet et de jaune — indices de puissantes perturbations magnétiques.
« Nous nous dirigeons vers ce que l’on appelle une excursion polaire magnétique », confie M. Andersen, âgé de 68 ans, à Epoch Times. Autrement dit, les pôles magnétiques terrestres pourraient bientôt s’inverser, le positif se substituant au négatif et inversement. À l’approche d’un tel phénomène, explique-t-il, le champ magnétique terrestre a tendance à se fragiliser.
« Le champ magnétique de la Terre décline de façon spectaculaire. Nous disposons aujourd’hui d’une protection beaucoup plus faible », avertit-il. Conséquence : le vent solaire, émis en continu par notre étoile, frappe désormais plus durement notre planète. Les tempêtes géomagnétiques qui en résultent perturbent parfois les réseaux électriques et les systèmes de communication. Mais elles offrent aussi un spectacle grandiose : des aurores visibles sur tout l’horizon.

(Crédit photo John Andersen)

(Crédit photo John Andersen)

Cinquante ans de chasse aux aurores
La passion de John Andersen pour l’astrophotographie remonte à son enfance, lorsque ses parents lui ont offert un télescope. Depuis cinquante ans, il photographie le ciel nocturne. Au plus fort du cycle solaire actuel, l’an dernier, il sortait régulièrement, quelque soit la météo, dans l’espoir d’apercevoir une aurore.
Un soir au printemps dernier, il se souvient avoir observé une aurore violette d’une intensité telle qu’elle transperçait l’épaisse brume enfumée. Déterminé à échapper aux lumières urbaines, il a prit la route vers le nord. Là, il a découvert un spectacle saisissant : les aurores enveloppaient la voûte céleste dans toutes les directions.
« C’était à 360 degrés », raconte-t-il. Ce soir-là, il avait rejoint une trentaine d’amis de la communauté locale des chasseurs d’aurores, avec qui il partage depuis des années des lieux privilégiés pour photographier le phénomène.

(Crédit photo John Andersen)

(Crédit photo John Andersen)

Une mémoire de l’histoire magnétique terrestre
Les clichés de M. Andersen lui rappellent aussi que la Terre est « en retard d’un million d’années » pour une nouvelle excursion polaire. « La dernière grande excursion remonte à 42.000 ans », précise-t-il.
Il a rejoint son cercle de photographes nocturnes à l’époque où les premiers appareils numériques rendaient possible la prise de vues dans l’obscurité. Beaucoup de ses compagnons sont géologues ou artisans de jour. Lui, maîtrisait déjà la photographie argentique et ses réglages manuels.
Aujourd’hui, si les téléphones portables parviennent à produire des images colorées d’aurores, ses clichés numériques réalisés manuellement se distinguent par leur qualité. « Les gens ne savent plus utiliser un appareil photo », regrette-t-il, dénonçant la substitution des réglages manuels par l’intelligence artificielle. « J’ai toujours travaillé en manuel. C’est l’un des avantages d’avoir commencé avec la pellicule. »
À l’époque, la chasse aux aurores était encore une curiosité. « Calgary est l’une des villes les plus lumineuses de la planète. Pour échapper à cette pollution lumineuse, il faut partir dans n’importe quelle direction, du moment qu’on quitte la ville », explique-t-il.

(Crédit photo John Andersen)

(Crédit photo John Andersen)

(Crédit photo John Andersen)

Des étangs aux champs de plasma
Le groupe avait pris l’habitude de s’aventurer au nord des limites de la ville. John Andersen affectionnait tout particulièrement les étangs et plans d’eau, dont la surface réfléchissait les ciels colorés. Mais l’expansion urbaine et la construction d’une rocade éclairée les ont repoussés toujours plus loin.
Il était de sortie le 1er septembre dernier, une date qu’il considère comme « spéciale » pour les aurores. Ce jour-là, il évoque « l’événement de  Carrington » de 1859, la plus puissante éruption solaire jamais documentée. Une énorme masse de plasma avait frappé la Terre de plein fouet, provoquant l’incendie de plusieurs stations télégraphiques. Mais aussi des aurores visibles jusqu’aux tropiques, si lumineuses qu’on pouvait lire un journal à leur clarté.

(Crédit photo John Andersen)

(Crédit photo John Andersen)

La science des couleurs
Aujourd’hui encore, M. Andersen s’enthousiasme en observant certaines nuances. « Si l’on combine suffisamment de verts, de rouges et de roses, on peut créer toutes sortes de teintes, jusqu’à l’orange et au jaune ; c’est comme un écran de télévision », explique-t-il.
Le vert intense, dominant, provient de l’excitation des molécules d’oxygène (O²) par le plasma, qui les fait fluorescer. L’azote (N²) est à l’origine des reflets rose vif. Quant aux formes moléculaires O¹ et N¹, réparties à différentes altitudes, elles produisent d’autres variations de couleur.
Bien entendu, il existe plusieurs formes d’oxygène et d’azote : O¹, N¹, etc. Réparties à des altitudes différentes, elles réagissent diversement au contact du plasma, donnant naissance à une variété infinie de nuances.

(Crédit photo John Andersen)

« Plus haut dans l’atmosphère, il y a cette couleur rouge, liée à l’oxygène O¹ », explique-t-il. « On obtient alors une frange rosée sous le vert éclatant de l’oxygène, et l’ensemble forme une combinaison de rose et de vert. »
Parfois, ces teintes se mélangent jusqu’à composer une véritable arc-en-ciel auroral. « La frange rose apparaît sous le vert lumineux de l’oxygène », poursuit-il, décrivant ce qui constitue souvent l’apogée du spectacle. « Une bande au milieu produit une sorte de couleur dorée. C’est fascinant. »
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(Crédit photo John Andersen)

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Michael Wing est un rédacteur basé à Calgary, au Canada, où il est né et a reçu une éducation artistique. Il écrit principalement sur la culture, la dimension humaine et les tendances de l'actualité.

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