Un acteur chinois décède : entre soupçons, rumeurs et censure accélérée

L'acteur chinois Yu Menglong est mort brutalement en tombant du 5e étage d'un immeuble, le 11 septembre 2025, suscitant une vague de questions parmi la population. Capture d'écran Weibo, Epoch Times
La mort soudaine d’un acteur et chanteur chinois de 37 ans, Yu Menglong, a déclenché une vague de scepticisme sur les réseaux sociaux du pays communiste, la police ayant rapidement conclu à une « chute accidentelle liée à l’alcool » et s’employant à censurer toute discussion sur le sujet.
M. Yu, connu pour ses rôles dans plusieurs séries télévisées à succès, aurait chuté du cinquième étage d’un immeuble résidentiel à Pékin à l’aube du 11 septembre. Moins de douze heures plus tard, la police pékinoise annonçait la clôture de l’enquête, affirmant qu’« aucun élément criminel n’était suspecté ».
Pourtant, des photos et des témoignages publiés en ligne, évoquant des moustiquaires arrachées, des traces de griffures et d’autres anomalies, ont rapidement alimenté le doute.
Soupçons de crime
Des affirmations non vérifiées ont circulé à grande vitesse sur les réseaux sociaux chinois. Certains internautes veulent croire que M. Yu a été drogué et agressé avant sa chute, ou qu’il aurait été poussé par la fenêtre. D’autres affirmaient que sa mère serait sous le contrôle de puissants individus.
Ces rumeurs ont acquis une certaine crédibilité lorsque des fans ont rappelé un live récent durant lequel M. Yu, arborant une ecchymose sur le front, aurait déclaré de façon énigmatique : « Si un jour je disparais soudainement, sachez que ce ne sera jamais un accident. »
La diffusion aurait été interrompue brutalement par son agence.
Des vidéos, rapidement censurées, ont ensuite circulé, semblant montrer le jeune homme suspendu tête en bas à un balcon avant la chute.
Des journalistes locaux se sont rendus sur les lieux et ont constaté la présence de voitures de police quittant les environs, notant aussi que les rideaux d’une fenêtre du cinquième étage étaient déchirés.
Selon des médias chinois, des habitants et des agents d’entretien auraient vu quelqu’un tomber vers 6 heures du matin. Un agent de sécurité aurait immédiatement appelé les secours, et la police aurait bouclé la zone. Le corps aurait été emporté vers 7 heures, et le sol nettoyé dès l’après-midi. Epoch Times n’a pas pu vérifier de manière indépendante ces témoignages.
Le régime communiste monte au créneau
Plutôt que de répondre aux incohérences, le régime chinois a lancé une vaste campagne de censure. Les publications mentionnant la mort de M. Yu ont été supprimées des principales plateformes sociales, y compris un simple message de condoléance du chanteur hongkongais Daniel Chan.
Le réseau social Weibo a annoncé le 14 septembre avoir supprimé plus de 4300 publications et banni plus de 60 comptes pour « diffusion de théories complotistes », selon les médias d’État. Les internautes ont alors eu recours à des codes et des émojis pour contourner la surveillance et continuer à échanger des informations, une pratique courante en Chine face à la censure.
Le 21 septembre, la police du district de Chaoyang (Pékin) a publié un communiqué déclarant que toutes ces spéculations sont des « rumeurs » et a affirmé que trois personnes auraient avoué avoir fabriqué de fausses informations. Le communiqué liste les prétendus messages de ces personnes, notamment leurs allégations que M. Yu aurait été poussé ou que sa famille serait sous l’emprise des personnes puissantes. La police a indiqué que ces trois individus, non identifiés, avaient enfreint la loi et faisaient l’objet de « mesures coercitives », sans préciser s’ils avaient été arrêtés, amendés ou sanctionnés autrement.
L’absence de publication de documents administratifs sur les sites officiels, pourtant requise par la loi, a renforcé la défiance du public.
Déclarations familiales et versions contradictoires
L’agence de M. Yu a d’abord confirmé son décès sans donner de détails. Le 16 septembre, elle a publié un message attribué à la mère de l’acteur, affirmant qu’il était mort « à la suite d’une chute accidentelle alors qu’il avait bu » et appelant à cesser les spéculations.
Simultanément, une lettre manuscrite présumée de la mère a commencé à circuler en ligne, contredisant directement la version officielle. Elle y affirmait détenir des preuves montrant que la mort de son fils n’était pas accidentelle, et promettait de ne jamais renoncer à obtenir justice : « Mon fils était un être lumineux et au grand cœur. Il ne devrait pas être parti de façon si injuste, et le meurtrier ne devrait pas se cacher derrière le mot “accident”. Je prends la responsabilité de chacune de mes paroles, et je souhaite seulement apaiser l’âme de mon fils au ciel, pour qu’il sache que ses parents n’ont jamais cessé de se battre pour la vérité. »
Un schéma plus large de dissimulation
Le régime chinois continue de qualifier les interrogations autour de la mort de M. Yu de « rumeurs », et bloque les publications d’artistes ou de fans s’exprimant sur le sujet.
La conviction que Yu Menglong aurait été victime de puissants groupes du milieu du divertissement chinois est désormais partagée par une large part de l’opinion publique, qui s’interroge face à la réaction des autorités — un schéma récurrent de secret et de censure dans les affaires politiquement sensibles en Chine.
Avec la contribution de Fang Xiao.

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