Signaux cachés : ces symptômes digestifs discrets à ne surtout pas ignorer

Photo: Magic mine/Shutterstock
Un soir, après le travail, il a ressenti l’envie d’éructer, mais n’y est pas parvenu. Peu après, alors qu’il rentrait chez lui, il a vomi une grande quantité de sang et a perdu connaissance. Transporté d’urgence à l’hôpital, on lui a diagnostiqué un cancer de l’estomac de stade III.
Un autre patient, également dans la cinquantaine, avait un transit régulier, mais constatait fréquemment des traces de sang dans ses selles. Son cas a d’abord été traité comme de simples hémorroïdes. Cependant, lorsque les saignements se sont accentués, une coloscopie a révélé une volumineuse tumeur du rectum. Ces deux cas de cancers gastro-intestinaux ont été pris en charge par le Dr Hong-Yun Chen, médecin du service de gastro-entérologie de l’hôpital de New Taipei à Taïwan. Le Dr Chen a partagé ces cas dans l’émission américaine Health 1+1, produite par NTD, un média affilié à Epoch Times. « Beaucoup de maladies présentent des symptômes précoces — nous avons juste tendance à les négliger », a-t-il expliqué.
Une revue publiée cette année dans le JAMA rapporte une augmentation de l’incidence des cancers gastro-intestinaux chez les populations plus jeunes, tant au niveau mondial qu’aux États-Unis. Selon des données mondiales de 2022, le cancer colorectal était la forme la plus fréquente de cancer gastro-intestinal à début précoce, suivi des cancers de l’estomac, de l’œsophage et du pancréas.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance. Les changements du mode de vie moderne — notamment une forte consommation d’aliments transformés, de viande rouge et de boissons sucrées, associée à une diminution de l’apport en fibres — semblent accroître le risque de cancer. L’augmentation de l’obésité, la sédentarité, l’inflammation chronique et les altérations du microbiote intestinal peuvent également jouer un rôle. Par ailleurs, l’usage accru d’antibiotiques et certaines expositions environnementales, comme les microplastiques et les polluants, sont aussi étudiés comme facteurs possibles.
Symptômes des cancers gastro-intestinaux
Aux premiers stades, les cancers gastro-intestinaux sont souvent peu ou pas symptomatiques, ou présentent des signes discrets et non spécifiques, comme le reflux acide, les ballonnements, des difficultés à avaler ou une anémie, précise le Dr Chen. Un cas concerne Mme Wen, une femme dans la huitantaine qui ressentait fréquemment des douleurs thoraciques, de l’essoufflement, des vertiges et de la fatigue. Sa famille l’avait orientée vers des soins cardiologiques, mais au cours des sept à huit années suivantes, ses symptômes sont restés inexpliqués. En examinant son dossier médical, le Dr Chen a constaté qu’elle présentait une anémie sévère et a recommandé une gastroscopie. L’examen a révélé un cancer gastrique à un stade avancé. La tumeur occupait près de la moitié de son estomac et saignait activement. Malheureusement, elle est décédée environ un an plus tard, alors qu’elle recevait des soins palliatifs.
Le Dr Chen estime qu’elle avait probablement développé un ulcère gastrique sept ou huit ans auparavant, qui avait initialement provoqué un reflux acide et des douleurs dans la partie haute de l’abdomen. Elle avait toutefois décrit ces douleurs comme des « douleurs thoraciques », car il est souvent difficile de distinguer une gêne abdominale haute d’une douleur d’origine cardiaque.
Sans traitement approprié, l’ulcère s’est progressivement transformé en cancer gastrique. À mesure que la maladie progressait, les saignements chroniques provoqués par la tumeur ont entraîné une anémie, responsable d’essoufflement, de vertiges et d’un teint pâle.
« Quand des symptômes comme une douleur thoracique ou un teint pâle apparaissent, consulter un cardiologue n’est pas une erreur, explique le Dr Chen. Le problème survient lorsque le traitement reste sans effet. Dans ce cas, il faut envisager d’autres causes possibles. Si cela avait été fait plus tôt, le diagnostic n’aurait peut-être pas été retardé. »
Il évoque aussi le cas d’un homme septuagénaire : en le voyant entrer à la consultation, le Dr Chen a immédiatement remarqué son visage pâle comme du papier et a suspecté une anémie, alors que le patient ne rapportait aucun symptôme. Les analyses ont confirmé une anémie sévère, avec un taux d’hémoglobine inférieur à la moitié de la normale. Des examens complémentaires ont révélé une volumineuse tumeur du côlon, qui a été retirée avec succès, ce qui a permis de résoudre le problème.
Un dépistage précoce permet des traitements moins invasifs
Le Dr Chen souligne qu’un diagnostic précoce offre davantage d’options thérapeutiques. Par exemple, plutôt que d’avoir recours à une chirurgie ouverte consistant à ouvrir l’abdomen pour retirer une partie d’un organe, certains patients peuvent bénéficier d’interventions endoscopiques. Réalisée à l’aide d’un tube muni d’une lumière et d’une caméra, l’endoscopie se déroule entièrement à l’intérieur du tube digestif, sans incision externe. Comparée à la chirurgie ouverte, elle nécessite généralement un séjour hospitalier plus court et permet une convalescence plus rapide.
Ce fut le cas de Mme Wang, une sexagénaire chez qui un examen de routine avait révélé une tumeur sous-muqueuse de l’estomac. Inquiète à l’idée d’une opération pouvant impliquer une ablation partielle de l’estomac, elle hésitait à se faire opérer. Certains médecins lui avaient conseillé de simplement surveiller la tumeur jusqu’à ce qu’elle grossisse ou montre des signes de cancer.
Sous la supervision du Dr Chen, Mme Wang a finalement opté pour une chirurgie endoscopique. Le médecin a utilisé le dispositif Padlock Clip, un outil ressemblant à une griffe d’ours, permettant une fermeture immédiate du défaut et favorisant une cicatrisation rapide.
« La patiente a pu quitter l’hôpital dès le lendemain », rapporte-t-il. Les analyses ont ensuite confirmé qu’il s’agissait d’une tumeur stromale gastro-intestinale. Ce type de tumeur requiert une vigilance particulière : certaines peuvent métastaser précocement, avant même d’atteindre une taille importante. Cela illustre l’intérêt des interventions endoscopiques pour intervenir rapidement et réduire le risque de transformation maligne.

Cas de Mme Wang. (Crédit : Hong-Yun Chen)
L’importance d’un dépistage à temps
Grâce aux progrès médicaux, les cancers à un stade précoce sont désormais plus faciles à détecter, note le Dr Chen. Il recommande de commencer les dépistages par gastroscopie et coloscopie dès la quarantaine, puis de les renouveler tous les dix ans.
Pour les personnes plus à risque de cancer de l’estomac — notamment celles d’origine chinoise —, il suggère de pratiquer une gastroscopie tous les cinq à dix ans. Les patients ayant des antécédents de polypes devraient consulter leur médecin pour établir un calendrier adapté. Quant à ceux ayant un antécédent familial de cancer gastro-intestinal, ils devraient commencer les dépistages quelques années avant l’âge auquel leur parent a été diagnostiqué.
« La plupart des cancers débutent par des cellules bénignes qui évoluent progressivement vers la malignité — un processus qui peut durer jusqu’à dix ans, précise-t-il. Cela signifie que nous avons souvent le temps d’intervenir et d’empêcher l’apparition du cancer. »
Les conditions qui augmentent le risque de cancer gastro-intestinal
Outre le dépistage, certains facteurs de risque peuvent être modifiables. Par exemple, un reflux acide chronique accroît le risque de cancer de l’œsophage, tandis qu’une infection à Helicobacter pylori (H. pylori) augmente le risque de cancer gastrique. Ces affections doivent être diagnostiquées et traitées sans délai.
H. pylori se transmet principalement par les aliments et les contacts étroits. Cette bactérie peut provoquer un cancer par des mécanismes comme des altérations moléculaires, un stress oxydatif, des lésions de l’ADN et la mort cellulaire.
« Si une personne est infectée par H. pylori, les membres de sa famille ou les proches en contact fréquent doivent également être testés et traités, recommande le Dr Chen. Sinon, même après un traitement réussi, une réinfection peut survenir au contact de l’entourage immédiat. »
Articles actuels de l’auteur
28 octobre 2024
Guérie de 12 ans de dépression sévère grâce à un livre









