Robert Redford, l’acteur qui a donné plus qu’il n’a reçu

Joseph Turner (Robert Redford), dans « Les trois jours du Condor ». Le célèbre acteur est décédé à l'âge de 89 ans.
Photo: Paramount Pictures/MovieStillsDB
Acteur, réalisateur, philanthrope et homme d’affaires, Robert Redford est décédé de causes naturelles le 16 septembre dans sa maison de Sundance, dans l’Utah. Il avait 89 ans.
Avec une carrière qui s’est étendue sur plus de soixante ans, Robert Redford est devenu – et reste – l’une des stars les plus reconnues et les plus influentes de sa génération, voire de toutes les générations.
Né Charles Robert Redford Jr. en 1936, il a grandi en Californie, à Santa Monica et à Los Angeles. Il s’est un jour décrit comme un « mauvais » élève, admettant que ses centres d’intérêt se tournaient davantage vers le sport et les arts.
Après avoir obtenu son diplôme de la Van Nuys High School en 1954, Robert Redford a étudié à l’Université du Colorado pendant un an et demi, avant de voyager en France, en Espagne et en Italie. À la fin des années 1950, il a fréquenté le Pratt Institute et l’American Academy of Dramatic Arts, tous deux situés à New York.

Bill McKay (Robert Redford), dans « Votez McKay ». (Warner Bros./MovieStillsDB)
Pieds nus
Comme beaucoup de futures stars de l’époque, Robert Redford a commencé sa carrière d’acteur sur les planches, dans de petites pièces. Le grand déclic est survenu en 1963, lorsqu’il a intégré la distribution originale de Pieds nus dans le parc, de Neil Simon, créée en octobre au Biltmore Theater à Broadway. Redford reprendra plus tard son rôle de Paul, un avocat conservateur, dans l’adaptation cinématographique de 1967.
En 1969, après le refus du rôle par Jack Lemmon, Steve McQueen et Warren Beatty, Robert Redford a accepté sans hésiter celui de Sundance dans Butch Cassidy et le Kid, aux côtés de Paul Newman dans le rôle de Butch. Les deux hommes se retrouveront à l’écran quatre ans plus tard dans L’Arnaque, couronné de l’Oscar du meilleur film. Redford et Newman resteront proches jusqu’à la mort de ce dernier en 2008.

(De gauche à droite) Etta Place (Katharine Ross), Butch Cassidy (Paul Newman), et The Sundance Kid (Robert Redford), dans « Butch Cassidy and the Sundance Kid ». (20th Century Fox/MovieStillsDB)
Grâce au succès phénoménal de Butch Cassidy, aussi bien culturellement qu’au box-office, Robert Redford est propulsé au sommet du cinéma hollywoodien. Il en profite pour jouer dans certains des plus grands films de l’ère dite du “Nouvel Hollywood”.

Johnny Hooker (Robert Redford), dans « L’arnaque ». (Universal Studios/MovieStillsDB)
Entre 1972 et 1976, Robert Redford enchaîne : le western noir Jeremiah Johnson, la satire politique Votez McKay, la comédie de braquage L’Arnaque, le thriller politique Les Trois jours du Condor, ainsi que Les Hommes du président, inspiré de faits réels. À la même époque, il partage aussi l’affiche avec Barbra Streisand dans le mélodrame romantique Nos plus belles années, plébiscité par le public mais boudé par la critique.
Il faudra attendre une décennie pour qu’un de ses films obtienne à la fois l’aval des critiques, de l’industrie et du public – mais l’attente en valait la peine.
Adapté du roman de 1952 de Richard Malamud, Le Meilleur de Barry Levinson a trouvé Robert Redford à son sommet. Aux côtés de Glenn Close, Kim Basinger et Robert Duvall, ce film est devenu un favori instantané et reste considéré comme l’un des plus beaux films de baseball jamais réalisés.
Derrière la caméra
Bien avant la sortie du Meilleur, Robert Redford avait déjà franchi le pas derrière la caméra. Il a réalisé un total de neuf films. En 1980, Des gens comme les autres, son premier film en tant que réalisateur, a reçu une large reconnaissance de la part de la critique, raflé plusieurs récompenses et triomphé au box-office.
Avec six nominations et quatre Oscars remportés, ce film lui valut son unique distinction compétitive : l’Oscar de la meilleure réalisation. En 2002, Robert Redford reçut aussi un Oscar d’honneur.
Sundance
En 1981, il poursuit son engagement en fondant le Sundance Institute à Park City, dans l’État de l’Utah. L’institut organise chaque année le célèbre festival du film de Sundance. Il accueille plus de dix pôles consacrés au soutien des jeunes talents et au cinéma indépendant. Dans les années 2010, des antennes internationales voient le jour à Londres et Hong Kong.

Roy Hobbs (Robert Redford), dans « Le meilleur». (TriStar Pictures/MovieStillsDB)
Autre projet hors cinéma : en 1996, Redford crée le Sundance Channel, devenu depuis Sundance TV, une chaîne de télévision spécialisée dans la diffusion de films et séries indépendants. À son apogée, en 2017, elle comptait plus de 71 millions d’abonnés. Elle est désormais diffusée dans le monde entier.
En plus de ses Oscars, Robert Redford a reçu une pluie de récompenses : un BAFTA, six Golden Globes (dont le prix Cecil B. DeMille), un prix pour l’ensemble de sa carrière du Screen Actors Guild, une récompense du Directors Guild of America et de nombreux prix de festivals.
En 1996, le président Clinton lui remit la Médaille nationale des Arts ; vingt ans plus tard, le président Obama lui décerna la Médaille présidentielle de la Liberté. En 2005, il fit partie des cinq artistes distingués par les Kennedy Center Honors.
Nicolas Sarkozy a de son côté remis la légion d’Honneur à Robert Redford à l’Élysée en 2010 « pour l’ensemble de sa carrière d’acteur et de réalisateur, son travail de très longue haleine en faveur de la promotion des films et des artistes indépendants à travers le Sundance Institute et le Sundance Festival et pour sa défense de manière générale du monde artistique ».
L’héritage
L’influence de Robert Redford sur le cinéma est inestimable. Là où beaucoup de ses contemporains se contentaient d’un gros cachet pour “jouer à faire semblant”, lui choisissait une autre voie.
Certes, il est devenu immensément riche et célèbre. Mais il a surtout su redonner à l’industrie qu’il aimait tant, devenant l’un des acteurs les plus généreux et désintéressés que le cinéma ait jamais connus.
Robert Redford laisse derrière lui son épouse, la peintre Sibylle Szaggars, sa première femme Lola Van Waggenen, deux de ses quatre enfants, ainsi que sept petits-enfants.
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