Prothèse de hanche : comment savoir quand il est temps de se faire opérer

Photo: MattL_Images/Shutterstock
« Je ne pouvais même plus me tenir droite. Je pensais que c’était mon dos. Mais après les radios, on m’a dit : “Votre dos va bien, c’est votre hanche. Vous avez besoin d’une prothèse.” J’ai fondu en larmes », a-t-elle raconté à Epoch Times. « Je ne comprenais pas comment c’était possible. »
Jackie Curran ne se reconnaissait pas dans l’image qu’elle avait du patient typique d’une prothèse de hanche : elle n’avait qu’une quarantaine d’années et une musculature solide. Pourtant, quand elle a enfin consulté un chirurgien, les dégâts étaient déjà importants. Il lui a fallu près de six mois de rééducation pour retrouver toute sa force.
À l’inverse, Jim O’Neal, 80 ans, a su reconnaître les signes. « Je savais que je ne rajeunissais pas », confie-t-il. « J’avais une douleur sourde qui ne disparaissait pas, et mon frère venait justement de se faire poser une prothèse de hanche. »
Peu après son opération, Jim O’Neal était déjà de retour sur son parcours de golf à neuf trous.
« Je ne remarque même plus que j’ai été opéré. »
Jackie Curran et Jim O’Neal ont connu le même problème au départ. Pourtant, leurs parcours montrent combien l’âge, le mode de vie et les attentes influencent l’expérience de la prothèse de hanche.
Quand les traitements conservateurs suffisent
Toutes les douleurs ou limitations ne mènent pas forcément à la chirurgie. Beaucoup de personnes soulagent leurs symptômes grâce à des approches non invasives comme la kinésithérapie, l’utilisation d’une canne, la prise de médicaments ou encore de simples ajustements dans la façon de s’asseoir ou de bouger.
« Quand je vois un patient, il se trouve au croisement entre biologie et comportement », explique Smita Rao, kinésithérapeute et professeure à l’université de New York. Certaines personnes sont plus sujettes aux problèmes de hanche à cause de leur structure osseuse ou de l’inflammation des tissus — des facteurs non modifiables. En revanche, la posture, la faiblesse du tronc ou la mobilité limitée de la hanche peuvent être corrigées.
« Si quelqu’un réagit bien à ces changements en six à douze semaines, la chirurgie n’est peut-être jamais nécessaire », précise-t-elle. « Mais si l’amélioration est faible ou nulle, c’est souvent le signe que la lésion structurelle est plus importante. C’est alors que nous orientons vers un chirurgien. »
Quand envisager l’opération
Lorsque les soins conservateurs n’apportent plus de soulagement, la décision d’opérer dépend davantage de la qualité de vie que des résultats des radiographies.
« L’opération s’impose souvent quand le patient dit : “Je peux vivre avec, mais je ne veux plus vivre comme ça” », explique le Dr Matthew Beal, chirurgien orthopédique. « Mon rôle est d’évaluer l’articulation, mais aussi de comprendre où en est le patient émotionnellement et fonctionnellement. »
Les motivations varient : douleurs persistantes, perte de sommeil, ralentissement, ou impossibilité de pratiquer les activités qu’on aime. Pour Jackie Curran, au-delà du soulagement, c’était la volonté de suivre le rythme de ses quatre enfants. Pour Jim O’Neal, c’était un voyage à travers le pays pour fêter ses 81 ans avec ses petits-enfants.
Même si la chirurgie n’est pas urgente, attendre trop longtemps comporte des risques. « Les gens modifient leur façon de marcher pour compenser », note le Dr Beal. « Cela peut surcharger les genoux, le dos, voire l’autre hanche. » Des lésions plus sévères rendent aussi l’opération plus complexe et la récupération plus lente.
Le chirurgien rappelle toutefois qu’il ne s’agit pas de se précipiter : « Si vous avez essayé les bonnes approches non chirurgicales, mais que votre monde se rétrécit, c’est peut-être le moment de reconsidérer la chirurgie. »
Une chirurgie de plus en plus moderne
Aujourd’hui, la pose d’une prothèse totale de hanche se fait souvent en ambulatoire. Beaucoup de patients rentrent chez eux le jour même, à condition d’être en bonne santé, bien entourés et suffisamment mobiles.
Les implants sont généralement en métal, en polyéthylène ou en céramique. Les complications graves restent rares, mais aucune prothèse n’est éternelle – surtout chez les plus jeunes et les plus actifs, qui pourraient nécessiter une révision au cours de leur vie.
« Plus on est jeune, plus la probabilité d’une révision augmente », précise le Dr Beal. « C’est une question d’activité : les patients de 30 ou 40 ans sollicitent davantage leur implant que ceux de 60 ans. »
Les patients de plus de 55 ans, notamment dans la soixantaine et au-delà, peuvent espérer que leur prothèse dure de 15 à 20 ans.
Le parcours de récupération
La convalescence après une prothèse de hanche varie selon les personnes et dépend beaucoup de l’état physique avant l’opération.
Jackie Curran, bien que jeune et sportive, n’a pas trouvé la récupération plus facile. Dans son cas, elle a même été plus difficile.
Sans le savoir, elle aurait pu être opérée dès ses 35 ans. Au lieu de cela, elle a enduré la douleur pendant presque dix ans. Ses muscles avaient tellement compensé la dégradation articulaire que son alignement était perturbé. Une fois la nouvelle hanche en place, tout devait être rééduqué.
Son chirurgien a utilisé la voie antérieure, souvent associée à une récupération plus rapide, mais sa rééducation a tout de même duré six mois, soit la durée la plus longue du spectre habituel.
« Je n’étais pas prête à autant de kiné et de rééducation », reconnaît-elle. « Je pensais que ce serait aussi fort qu’avant, tout simplement. »
Elle a dû faire face à des gonflements, une faiblesse musculaire et des douleurs inattendues, non pas dans l’articulation, mais dans les tissus autour de la nouvelle hanche. « Ce n’était pas la hanche qui me faisait mal, mais tout autour : la bandelette ilio-tibiale (ou tractus ilio-tibial), le quadriceps, les fessiers… tout devait être réentraîné. »
Chez les personnes actives, la récupération peut être plus lente, car la masse musculaire est plus importante et les tissus mous sont davantage sollicités pendant l’opération. Elles attendent aussi souvent plus de leur corps.
Pour Jackie Curran, la kinésithérapie a été essentielle : elle lui a permis de se reconstruire en profondeur, corrigeant des années de déséquilibres.
« La kiné a sauvé ma santé mentale et physique », affirme-t-elle. « Une bonne rééducation, c’est de l’or. »
Huit ans plus tard, elle se dit reconnaissante : « Je fais de tout aujourd’hui : yoga, musculation, randonnée, vélo. Je ne cours plus, mais c’est un choix. Ma vie est à nouveau pleine. »
Chez certaines personnes plus âgées et moins actives avant l’opération, la récupération est parfois plus simple : moins de masse musculaire à reconstruire et moins d’exigences physiques. Elles ressentent aussi souvent un soulagement rapide des douleurs arthrosiques.
C’était le cas de Jim O’Neal. Lui aussi a bénéficié d’une chirurgie par voie antérieure et marchait déjà chez lui le lendemain. « J’ai utilisé un déambulateur une seule journée. C’était facile », raconte-t-il. « Je n’ai plus eu mal depuis. »
Douleur de hanche : que faire avant d’envisager l’opération
« Pour nous, 50 ans, c’est jeune. 60 aussi », rappelle Smita Rao. « Aujourd’hui, l’objectif est de permettre aux gens de continuer à faire ce qu’ils aiment. »
Face à une douleur de hanche, il est important de se poser les bonnes questions : la douleur limite-t-elle votre quotidien ou votre sommeil ? Les traitements conservateurs ont-ils apporté un soulagement ? Évitez-vous certaines activités — et à quel prix ?
Si vous ne savez pas comment interpréter votre douleur ni quoi faire, voici quelques premières étapes à envisager :
• Commencer par la kinésithérapie : un kinésithérapeute peut évaluer vos mouvements, identifier les muscles faibles et repérer si la posture, la force ou les schémas de mouvement aggravent la douleur.
• Adapter les gestes du quotidien : de petits changements dans la façon de s’asseoir, de se lever ou de faire du sport peuvent réduire les inconforts.
• Utiliser le mouvement comme test : si les symptômes s’améliorent en six à douze semaines, la chirurgie ne sera peut-être pas nécessaire. Dans le cas contraire, un examen d’imagerie pourra éclaircir la cause.
• Surveiller les douleurs de compensation : des douleurs au dos, au genou ou à l’autre hanche peuvent révéler une modification de la démarche, source de nouveaux problèmes.
• En parler tôt avec son médecin : même sans être prêt à se faire opérer, il est utile d’élaborer un plan de prise en charge.
• Écouter les témoignages : recueillir les expériences d’autres patients permet d’avoir une vision plus claire et de se rassurer.
« Ce n’est pas seulement la sportive en moi qui avait besoin d’une opération, mais la personne que je suis », conclut Jackie Curran. Avant sa chirurgie, elle disait à son médecin : « Je peux encore tout faire — je souffre juste les 23 autres heures de la journée. »
C’est en comprenant cela qu’elle a su que le moment était venu.
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