Opinion
Pourquoi les alarmistes du climat sont néfastes pour le monde en développement
Parmi toutes les discussions sur le changement climatique, un aspect du débat reçoit trop peu d’attention : les coûts moraux et effectifs que l’alarmisme climatique impose au monde en développement.

Des militants écologistes manifestent à Zagreb, en Croatie, le 20 septembre 2019.
Photo: Denis Lovrovic/AFP via Getty Images
Pour ceux qui vivent en Occident, l’énergie est si abondante qu’elle en devient presque invisible. Nous actionnons un interrupteur, nous démarrons une voiture ou nous réfrigérons des aliments sans réfléchir au miracle du courant qui rend tout cela possible. Mais pour des milliards de personnes en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique latine, l’énergie n’est pas seulement une commodité en arrière-plan ; c’est la différence entre la subsistance et le progrès, entre l’obscurité et la lumière, entre l’éducation et l’ignorance.
Il est facile pour les Occidentaux aisés de faire la morale à propos de “mettre fin aux combustibles fossiles”. Pour les pauvres du monde, ce slogan signifie mettre fin au développement lui-même. L’éolien et le solaire peuvent compléter l’alimentation des économies modernes, mais ils ne peuvent pas satisfaire les besoins de l’industrialisation. Un panneau solaire peut charger un téléphone ou éclairer une cabane, mais il ne peut pas faire fonctionner une usine, un hôpital ou un système d’eau moderne.
L’idée de “sauter” l’étape des combustibles fossiles pour passer directement aux énergies renouvelables est délirante. Comme le souligne l’économiste danois Bjorn Lomborg dans son livre False Alarm (Fausse alerte), un panneau solaire “peut fournir de l’électricité pour une lumière la nuit et pour charger un téléphone portable, mais il ne peut pas délivrer suffisamment d’énergie pour réduire la pollution de l’air intérieur lorsqu’on cuisine, pour une réfrigération qui garde les aliments frais ou pour les machines nécessaires à l’agriculture et à l’industrie afin de sortir les gens de la pauvreté.”
Pour les pauvres des zones rurales d’Afrique ou d’Asie du Sud, ce dont ils ont besoin n’est pas moins d’énergie, mais une énergie plus fiable, abordable et abondante, semblable à celle dont l’Occident bénéficie depuis longtemps.
Pourtant, les gouvernements occidentaux et les institutions financières deviennent de plus en plus obstructifs. Sous la pression des militants du climat, la Banque mondiale et d’autres prêteurs ont réduit leur financement pour les projets de charbon et de gaz naturel — les combustibles mêmes qui ont aidé les pays occidentaux à prospérer. Les nations riches, qui se sont industrialisées grâce à l’utilisation des combustibles fossiles, refusent désormais la même opportunité aux autres. C’est une forme d’impérialisme moral : une politique du “faites ce que nous disons, pas ce que nous avons fait”.
Les conséquences sont frappantes. En Afrique subsaharienne, environ 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Les femmes cuisinent avec du bois ou de la bouse, en inhalant des fumées toxiques qui causent des milliers de décès chaque année. Les hôpitaux fonctionnent souvent avec des alimentations électriques peu fiables ; les usines restent fréquemment à l’arrêt en raison de l’inconstance de l’électricité. Et pourtant, ce sont ces mêmes pays auxquels on fait la leçon sur des objectifs de “zéro émission nette” par des élites occidentales dont le mode de vie dépend d’une énergie abondante.
L’hypocrisie est stupéfiante. Les pays occidentaux appellent à des réductions mondiales des émissions tout en externalisant une grande partie de leur production — et de leurs émissions — vers l’Asie. Ils promeuvent une vertu environnementale tout en important des biens fabriqués avec une énergie au charbon. Et ils se félicitent pour leur “leadership climatique” alors même que leurs politiques maintiennent le monde en développement dans la pauvreté.
Pire encore, l’alarmisme climatique détourne les ressources des besoins humanitaires les plus urgents du monde. Des milliers de milliards sont désormais dépensés pour des actions climatiques symboliques qui auront des effets négligeables sur les températures mondiales. Les réductions agressives des émissions menées par l’Union européenne, par exemple, retarderont le réchauffement prévu de seulement deux ans d’ici la fin du siècle — pour un coût de centaines de milliards par an. Comme Bjorn Lomborg l’a montré, chaque euro investi dans de telles politiques produit moins d’un centime de bénéfice mondial.
Pendant ce temps, une petite fraction de cet argent pourrait sauver des millions de vies aujourd’hui. Pour 3 milliards de dollars par an — moins que ce que le monde dépense pour le changement climatique en une semaine — nous pourrions réduire de moitié les infections de paludisme dans le monde. Nous pourrions fournir à chaque personne sur Terre de l’eau potable et des installations sanitaires pour une fraction du coût de l’accord de Paris sur le climat.
Pourtant, dans la hiérarchie des priorités morales occidentales, ces politiques simples qui pourraient offrir des bénéfices immédiats et transformateurs à des millions de personnes sont éclipsées par la croisade plus populaire contre le dioxyde de carbone (CO2).
Le rapport de 2025 du département de l’Énergie des États-Unis sur les impacts des gaz à effet de serre met en évidence la folie de cette approche. Ce rapport, rédigé par un panel indépendant de scientifiques du climat reconnus, conclut que le changement climatique est réel mais gérable — et que les tendances des phénomènes météorologiques extrêmes ne s’aggravent pas en Amérique.
Sa conclusion la plus notable est que les politiques climatiques actuelles des États-Unis auront “des impacts directs indétectablement faibles sur le climat mondial”, tandis que les coûts économiques d’une décarbonation agressive “pourraient s’avérer plus préjudiciables que bénéfiques”. Le rapport désigne non pas le changement climatique, mais la pauvreté énergétique mondiale comme la véritable crise humanitaire de notre époque.
Cette expression — pauvreté énergétique — devrait orienter l’imagination morale. Car sans énergie, il n’y a pas de prospérité, pas d’éducation, pas de santé publique, pas d’émancipation des femmes, pas de dignité humaine. Un hôpital moderne a besoin d’électricité ; une économie moderne en dépend. Refuser aux pays en développement l’accès à une énergie abordable revient à leur refuser les moyens mêmes par lesquels leur potentiel humain se réalise.
Et pourtant, le dogme de l’alarmisme climatique continue de façonner la politique internationale. Lorsque des élites à Bruxelles ou à New York — encouragées par des militants du climat — exigent la fin des combustibles fossiles, elles ne sauvent pas la planète mais elles enracinent la pauvreté. Elles condamnent des millions de personnes à rester dans l’obscurité.
Cela ne signifie pas négliger la gestion responsable de l’environnement. Cela implique de rétablir l’équilibre et la proportion. Des politiques sensées — comme investir dans des technologies propres, innover dans le nucléaire et l’hydroélectricité, et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation pour les régions vulnérables — peuvent répondre à des risques réels sans compromettre les fondements de la prospérité. Cependant, cela demande que nous abandonnions la rhétorique apocalyptique et que nous redécouvrions les vertus de la prudence, de la raison et de la compassion.
Le véritable test moral de notre époque n’est pas de savoir si nous pouvons abolir les combustibles fossiles, mais si nous pouvons offrir à chaque être humain la dignité que procure une énergie fiable. Tant que les pauvres du monde ne peuvent pas allumer une lumière, réfrigérer un vaccin ou alimenter une usine, les discours sur la “justice climatique” restent une amère ironie. Le chemin vers une justice authentique commence par le courage de reconnaître une vérité dérangeante : que l’énergie bon marché et fiable — la même énergie qui a sorti des milliards de personnes du besoin et de la pauvreté — n’est pas la malédiction de l’humanité, mais son salut.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Patrick Keeney, docteur en philosophie, est universitaire et chroniqueur.
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