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Rachida Dati

Plainte de l’audiovisuel public contre CNews : Rachida Dati dénonce l’absence d’une consultation préalable des autorités de tutelle

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a exprimé mercredi son mécontentement face à l'initiative judiciaire lancée par France Télévisions et Radio France contre les médias du groupe Bolloré. Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, elle a fermement rappelé que cette démarche n'avait fait l'objet d'aucune consultation préalable avec les autorités de tutelle.

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Rachida Dati quitte l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres à Paris, le 19 novembre 2025.

Photo: MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Selon la ministre, bien que ces sociétés publiques disposent juridiquement de la liberté d’engager de telles procédures, elles auraient dû impérativement informer leur tutelle avant de franchir ce pas. Cette position soulève des questions cruciales sur l’engagement de l’argent public dans une bataille judiciaire qui oppose désormais frontalement l’audiovisuel public aux médias privés.

Des assignations croisées pour dénigrement

L’audiovisuel public a décidé de frapper fort. France Télévisions et Radio France ont chacune assigné CNews, Europe 1 et le Journal du Dimanche devant le tribunal des affaires économiques. Le motif invoqué : dénigrement systématique de leur image et de leur crédibilité. Cette escalade juridique intervient après plusieurs semaines de tensions exacerbées entre ces deux univers médiatiques aux lignes éditoriales diamétralement opposées.
Les médias contrôlés par Vincent Bolloré, figure conservatrice influente du paysage médiatique français, accusent depuis des mois l’audiovisuel public de manquer d’impartialité et de favoriser ouvertement les formations politiques de gauche. Un reproche que réfutent catégoriquement les dirigeants de France Télévisions et Radio France.

L’affaire Legrand-Cohen, étincelle d’un conflit plus profond

Le point de départ de cette guerre médiatique remonte à septembre dernier, avec la diffusion d’une vidéo explosive par le média L’Incorrect. Les images montraient Thomas Legrand et Patrick Cohen, deux journalistes phares de France Inter et France 5, en pleine discussion avec des responsables socialistes dans un restaurant parisien. Les propos tenus, notamment concernant Rachida Dati, ont immédiatement suscité une vague d’indignation.
Cette séquence a été largement exploitée par CNews, Europe 1 et le JDD, qui y ont vu la preuve irréfutable d’une connivence entre l’audiovisuel public et le Parti socialiste. Les commentaires se sont multipliés, alimentant le débat sur l’objectivité journalistique et l’indépendance éditoriale du service public.

Deux visions irréconciliables du journalisme

Face à cette offensive médiatique, les dirigeants de l’audiovisuel public ont choisi la contre-attaque. Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, n’a pas hésité à qualifier CNews de « chaîne d’extrême droite » et à dénoncer une volonté délibérée de détruire le service public audiovisuel. De son côté, Sibyle Veil, PDG de Radio France, a dénoncé des attaques concurrentielles visant à délégitimer leur mission.
Le patron de CNews, Serge Nedjar, a riposté en pointant du doigt le manque de responsabilité de la présidente de France Télévisions. Cette confrontation illustre les fractures profondes qui traversent le paysage médiatique français.

Le débat sur l’impartialité détourné par la judiciarisation

Rachida Dati a conclu son intervention en rappelant que la question de l’impartialité du service public mérite un véritable débat démocratique. Selon elle, la voie judiciaire constitue un détournement regrettable d’une réflexion nécessaire sur les missions et les pratiques de l’audiovisuel public. L’Arcom, régulateur de l’audiovisuel, a été saisi par France Télévisions et Radio France pour examiner ce qu’elles qualifient de campagne de dénigrement orchestrée.
Cette affaire révèle les tensions croissantes entre médias publics et privés dans un contexte politique polarisé, où chaque camp s’accuse mutuellement de partialité et d’instrumentalisation de l’information.
Avec AFP