Logo Epoch Times

Paul Atkins, président de l’Autorité américaine des marchés financiers, à Epoch Times : « Europe et États-Unis doivent travailler ensemble »

top-article-image

Paul Atkins, président de l’Autorité américaine des marchés financiers.

Photo: crédit photo Etienne Fauchaire

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 9 Min.

À l’OCDE, Paul Atkins, président américain de la Securities and Exchange Commission (SEC), a enrobé de références littéraires un plaidoyer pour les marchés libres, tout en décochant quelques piques appuyées à la technocratie européenne, puis, auprès d’Epoch Times, à la Chine. Son message : la prospérité et la compétitivité reposent sur la clarté réglementaire, non sur la prolifération des contraintes. Il a également exprimé de fortes réserves quant aux projets de monnaie numérique de banque centrale (MNBC), qu’il compare au modèle chinois de monnaie d’État et qu’il considère comme une menace pour les libertés individuelles.
Paul Atkins, président de l’Autorité américaine de régulation des marchés financiers (SEC), a donné le coup d’envoi de la Semaine des marchés financiers organisée par l’OCDE, un rendez-vous réunissant hauts responsables des ministères des Finances, banquiers centraux et autorités de régulation. L’ancien commissaire de Wall Street, proche de Donald Trump, était présent à Paris lors de ce grand rendez-vous organisé du 8 au 12 septembre 2025 durant lequel il s’est adressé à une assemblée de financiers venus du monde entier.
Dès l’ouverture, il a voulu inscrire son discours dans une perspective transatlantique, soulignant que la tradition européenne de liberté intellectuelle et politique trouve un prolongement naturel dans la vision américaine des marchés financiers. « En travaillant ensemble, nous pouvons étendre la sphère de la liberté et de la prospérité », a-t-il lancé, citant Alexis de Tocqueville.
Atkins a ensuite rappelé ce qu’il présente comme la boussole de la principale autorité de régulation de Wall Street sous l’administration Trump : « veiller à ce que les sociétés américaines et étrangères évoluent sur un pied d’égalité ». Mais très vite, il a recentré son propos sur ce qui, selon lui, menace cette égalité de traitement en Europe : la mise en place d’un cadre réglementaire fondé sur la « double matérialité ».
Ce concept, au cœur de la stratégie réglementaire de l’Union européenne, consiste à évaluer non seulement l’impact financier des entreprises, mais aussi leurs effets sociaux et environnementaux. Une approche qu’Atkins juge idéologique et de nature à compliquer l’activité économique pour les entreprises américaines actives sur le marché européen.
L’UE et ses normes dans le viseur
Ce concept de double matérialité est incarné par deux directives phares : une première sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises et une seconde sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité.
« J’ai de sérieuses préoccupations quant au caractère prescriptif de ces lois et aux charges qu’elles imposent aux entreprises américaines, dont les coûts risquent d’être répercutés sur les investisseurs et consommateurs américains », a-t-il dénoncé. Pour lui, l’Europe prend le risque de sacrifier l’attractivité de ses marchés au profit d’objectifs « sans lien avec la réussite économique des entreprises et le bien-être de leurs actionnaires ».
Le message est clair : si Bruxelles veut attirer davantage d’entreprises et d’investissements, elle devrait réduire les obligations de reporting jugées « inutiles », plutôt que de s’engager dans une inflation normative.
L’ouverture européenne à Pékin, un pari risqué
Interrogé par Epoch Times sur l’hypothèse, avancée dans certains cercles européens, que l’Union européenne pourrait envisager d’atténuer ses tensions avec l’administration Trump en se rapprochant de Pékin, Paul Atkins y a vu un pari dangereux. « L’importance des marchés financiers fondés sur l’État de droit et le respect des procédures est absolument centrale pour les investisseurs, qui doivent avoir la certitude que leurs actifs seront protégés. (…) Maintenant, essayez de me dire que c’est le cas en Chine communiste. Clairement, ça ne l’est pas. Même à Hong Kong, nous avons assisté à une grave érosion de ces garanties. »
Citant le cas emblématique de Jimmy Lai, l’ancien commissaire de la SEC a rappelé que la place financière hongkongaise, longtemps considérée comme une passerelle fiable entre l’Asie et le reste du monde, a perdu une grande partie de sa crédibilité depuis son annexion par le régime chinois. Le militant catholique pro-démocratie et fondateur du journal Apple Daily a été condamné à de lourdes peines de prison : « Quand les tribunaux ressemblent à des parodies de justice, où l’on peut jeter quelqu’un en prison pour une décennie, ce n’est pas l’État de droit. C’est de la folie. »
Selon lui, la force de l’Occident réside dans la fidélité aux principes de la démocratie libérale : des marchés libres adossés à la primauté du droit. C’est pourquoi il plaide pour une coopération transatlantique renforcée, meilleur moyen, à ses yeux, de favoriser la prospérité.
Le « Project Crypto », symbole d’une nouvelle ère
Le président de la SEC a voulu aussi annoncer un changement de cap stratégique. Sous sa houlette, l’autorité américaine lance le « Project Crypto », une réforme d’ensemble destinée à moderniser la régulation des actifs numériques : cryptomonnaies, tokens, DeFi, titres financiers « tokenisés », plateformes d’échanges, conservation, NFT.
C’est une rupture assumée avec l’ère Gary Gensler, son prédécesseur sous l’administration Biden, qui voyait la crypto comme une menace systémique. « Aujourd’hui, mesdames et messieurs, nous devons admettre que l’heure de la crypto est arrivée », a proclamé Atkins, solennel, citant, en français, Victor Hugo : « On résiste à l’invasion des armées ; on ne résiste pas à l’invasion des idées ».
Et de préciser la feuille de route : « Le président Trump m’a chargé, ainsi que mes homologues à travers l’administration, de faire des États-Unis la capitale mondiale de la crypto. […] Notre objectif est simple : déclencher un âge d’or de l’innovation financière sur le sol américain. »
Le contraste avec l’Europe est marqué : là où Bruxelles expérimente un euro numérique, Washington se veut champion du secteur privé et de l’innovation décentralisée.
Méfiance envers les monnaies numériques d’État
À propos des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), qu’expérimente la BCE, le président de la Sec a exprimé ses réserves. « Je ne suis pas fan des MNBC. Il existe des problèmes concernant la vie privée, les droits et les libertés individuels. Il y a la menace qu’en appuyant sur un simple bouton, un compte puisse être gelé ou même entièrement effacé », a-t-il averti.
S’il a pris soin de ne pas attaquer frontalement Christine Lagarde, il a laissé entendre que le projet européen pourrait suivre la voie du yuan numérique en Chine. « Si l’on regarde le modèle chinois de monnaie numérique d’État, c’est un problème ». Auprès d’Epoch Times, l’ancien commissaire de la SEC sous George Bush a aussi rappelé que Donald Trump a interdit en janvier, par décret, à la Réserve fédérale (Fed) de développer une monnaie numérique.