« Nous attendons que la justice soit ferme » : pour le meurtre de Matisse à Châteauroux, un mineur jugé à partir de lundi

Des fleurs sont déposées à l'endroit où Matisse, 15 ans, a été poignardé lors d'une altercation, à Châteauroux.
Photo: GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images
Un an après le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé en pleine rue à Châteauroux, le procès du principal suspect, un autre mineur de 16 ans, doit s’ouvrir lundi, à huis clos, devant le tribunal pour enfants de la ville.
« Nous attendons que la justice soit ferme » et rende « une peine exemplaire », a martelé à l’AFP le père de la victime, Christophe Marchais fin avril, en amont d’une journée d’hommage à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes, dont les parents de Matisse.
Avec ce drame, « on nous a collé ‘perpète’, que vont penser ces jeunes capables de faire le terrible pas, s’ils se disent que c’est pas cher payé ? », a pointé M. Marchais.
« Le procès s’approche. C’est ce qu’il fait que l’on se replonge dedans. Honnêtement, je ne sais pas si je vais mieux qu’il y a un an. Je pleure tous les jours, je pense à mon fils. C’est compliqué », avait-t-il confié à Cnews.
Le procès jusqu’au 28 mai
Le procès du suspect, un adolescent désormais âgé de 16 ans, doit se tenir à partir de lundi et jusqu’au 28 mai devant le tribunal pour enfants de la ville, préfecture de l’Indre de 43.000 habitants.
À l’origine des faits survenus le 27 avril 2024, « une battle de rap », selon le père de Matisse. « C’était une battle, classique, où ça se ‘clashe’. Matisse s’est moqué, l’autre l’a mal pris. Ils se sont battus, Matisse a eu le dessus », a-t-il raconté.
Le principal suspect serait alors « rentré chez lui, puis est revenu avec un couteau, et il l’a planté ». L’adolescent a succombé à ses blessures, après plusieurs coups de couteau, dont un ayant atteint directement le cœur, lors de cette « rixe » dans le quartier Saint-Denis de la ville.

Le père de Matisse et sa compagne participent à une marche blanche en hommage à leur fils de 15 ans, mort poignardé lors d’une altercation, à Châteauroux, le 4 mai 2024. (GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images)
« Huis clos »
Conformément aux dispositions procédurales applicables, l’audience se déroulera « à huis clos » et sans accès presse, devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.
« Les faits sont qualifiés de meurtre, punissables de 30 ans de réclusion », mais « compte tenu de l’excuse obligatoire de minorité » en raison de l’âge du suspect, moins de 16 ans au moment des faits, il encourt une peine maximale de 15 ans de prison, a indiqué à l’AFP David Marcat, le procureur de la République de Châteauroux, qui assurera la place du ministère public à l’audience.
L’instruction, qualifiée de « très rapide » par plusieurs observateurs, a notamment été accélérée par la détention provisoire d’un an déjà effectuée par le mineur, mais « sans prolongation possible » compte tenu de son âge, a précisé M. Marcat.
La mère du suspect, âgée de 37 ans au moment des faits, avait également été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Cette dernière aurait « asséné des gifles à la victime », comme l’avait alors écrit le parquet de Bourges, qui s’était saisi du dossier. Elle sera « prochainement jugée devant le tribunal correctionnel pour les faits qualifiés de violence sur personne vulnérable sans incapacité », a assuré le procureur, sans pour l’heure communiquer la date du procès.
Après le drame, la nationalité afghane du principal suspect et de sa mère – en situation régulière en France, avait conduit plusieurs figures de la droite nationaliste à dénoncer la « politique migratoire » du gouvernement.
« À 15 ans, il avait la vie devant lui. Le jeune Matisse est tombé, poignardé à Châteauroux par un Afghan connu de la justice. Combien de nos enfants paieront encore de leur vie, cette folle politique migratoire ? Mes pensées les plus attristées vont à sa famille », avait déclaré Marine Le Pen sur X.
Pour éviter tout débordement et « garantir la sérénité des débats », le préfet de l’Indre Thibault Lanxade a assuré à l’AFP qu’un « périmètre de tranquillité » serait mis en place autour du tribunal, assuré par une présence policière renforcée.
« Transformer notre tristesse en immense bienveillance »
La douleur reste très vive dans la cité castelroussine à l’approche du procès et des images de l’adolescent et de loutres, clin d’œil au surnom donné à Matisse par ses parents restaurateurs, décorent encore de nombreuses vitrines de commerçants.

Marche blanche pour Matisse dans la ville de Châteauroux le 4 mai 2024. (Photo GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images)
Il y a un an, une marche blanche avait réuni quelque 8000 personnes dans le centre. 2000 personnes avaient participé à la cérémonie organisée au stade municipal, trois jours plus tard.
Plusieurs centaines de personnes s’étaient aussi mobilisées fin avril lors de la journée hommage consacrée à l’adolescent, où le maire Gil Avérous (DVD) avait décrit « l’immense tristesse de toute une ville ».
« Aujourd’hui, parler aux jeunes est devenu notre idée, notre combat », a dit Christophe Marchais, quand la mère du jeune homme, Cécile Cacciatori, a dit « s’efforcer de transformer notre tristesse en immense bienveillance ».

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