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Ne manquez pas ce quartier parisien méconnu

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Un café du Marais, à Paris, est un endroit idéal pour se détendre tout en profitant de ce quartier.

Photo: Crédit photo Victor Block

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Durée de lecture: 8 Min.

Les rues tortueuses sont bordées par le cauchemar d’un urbaniste : des bâtiments aux styles et aux états variés. Des demeures délabrées, empreintes de souvenirs d’une époque glorieuse passée, côtoient des boutiques branchées. Des restaurants animés côtoient de petits musées originaux. Une petite partie de l’enclave est un quartier juif depuis le XIIIe siècle. Une autre englobe ce que beaucoup considèrent comme la plus belle place de la ville, et peut-être même de toute l’Europe.
Ce quartier éclectique au cœur de Paris est appelé le Marais depuis l’époque romaine. Ce nom désignait le marais créé par une bifurcation de la Seine. Le marais a été asséché au XIIe siècle pour offrir plus d’espaces habitables à mesure que Paris grandissait, mais le nom, à l’image de la boue suintante qui recouvrait autrefois le quartier, est resté. Malgré son histoire mouvementée et ses attraits actuels, une grande partie du Marais est négligée par beaucoup de visiteurs de Paris. Si certains recherchent la magnifique place des Vosges, ils négligent souvent les ruelles colorées qui l’entourent tel un labyrinthe.
Après avoir été ouvert à l’habitation, le quartier du Marais a évolué tranquillement jusqu’en 1612, date à laquelle le roi Henri IV s’installe place des Vosges. Sa présence transforme le quartier en un quartier à la mode, prisé des aristocrates, des riches et des intellectuels. Puis survient la Révolution. Nombre des prestigieux habitants du Marais sont emprisonnés, voire pire. Les abords de la Bastille, dont la prise a déclenché l’insurrection qui a bouleversé la France à jamais, sombrent dans le déclin.

Le roi Henri IV a vécu place des Vosges à Paris jusqu’au début de la Révolution française. (Crédit photo Victor Block)

Ces dernières années, cette tendance s’est inversée. Ce qui était devenu un quartier reculé est redevenu à la mode. La rénovation a permis une modernisation sans bouleversements. La plupart des élégants manoirs de particuliers du XVIIe siècle, autrefois appelés « hôtels », ont été épargnés. Nombre d’entre eux ont été transformés en bureaux, boutiques et musées. Pour le visiteur parisien, cette préservation transformatrice offre l’occasion de plonger dans le passé tout en gardant un pied fermement ancré dans le présent.
Le point de mire naturel de tout séjour dans le Marais est la place des Vosges. Son tracé respecte le plan imposé par Henri IV, qui imaginait le quartier comme un splendide quartier urbain digne de la royauté, avec une élégante place en son centre. Le cadre est d’une symétrie parfaite. Des hôtels particuliers identiques entourent un terrain verdoyant, leurs murs de briques roses surmontés de toits d’ardoise bleue. Restaurants et boutiques d’art et d’antiquités haut de gamme occupent les arcades couvertes qui relient les bâtiments.
Aujourd’hui, au lieu de l’aristocratie, la vaste pelouse est devenue un lieu de rassemblement pour le peuple parisien. Le clapotis des fontaines ajoute une touche ludique. Au centre, une statue de Louis XIII domine la scène. Sous son regard et son sourire, des enfants jouent, des amoureux se tiennent la main et des personnes de tous âges se promènent.
Fidèle à son histoire et d’un caractère quelque peu décalé, le Marais abrite de nombreux petits musées attrayants. Si ces petits joyaux ne rivalisent pas en taille avec les grandes attractions parisiennes, ils offrent de délicieuses introductions à des personnages et à des pages d’histoire souvent noyées dans le faste de sites plus connus.
Le plus grand nom du passé s’exprime au Musée Picasso. Il est installé dans l’Hôtel Salé (« le sel »), un hôtel particulier du XVIIe siècle construit pour un riche collecteur d’impôts sur le sel. Si les expositions ne présentent qu’une poignée d’œuvres célèbres de Picasso, elles constituent la plus grande collection d’œuvres de Picasso au monde réunie sous un même toit. Divers souvenirs offrent également un aperçu intime de l’homme derrière sa célébrité, comme des photographies de l’artiste jouant avec ses enfants et assistant à des corridas.
La maison du 6 place des Vosges, où Victor Hugo a vécu et travaillé pendant 15 ans au milieu du XIXe siècle, est plus petite et plus intime. Il y a écrit plusieurs chapitres des Misérables et d’autres ouvrages. Parmi les objets exposés figurent des illustrations de Victor Hugo pour ses romans, un de ses bustes par Rodin et un pupitre où l’auteur créait ses chefs-d’œuvre littéraires.
D’autres musées disséminés dans le quartier du Marais attirent les visiteurs les plus curieux. Le plus important est le Carnavalet, un imposant hôtel particulier du XVIe siècle qui abrite le Musée historique de la Ville de Paris. Quatre siècles du passé de la ville (XVe-XVIIIe) y sont retracés à travers des peintures, des maquettes et du mobilier.
Un diorama daté de 1527 dépeint de manière saisissante les rues étroites et exiguës du Paris du Moyen Âge. Des enseignes du XVIIIe siècle, époque où peu de gens savaient lire, illustrent un boucher représenté par un cochon et un boulanger identifié par une gerbe de blé. Parmi les souvenirs de la Révolution française, on trouve une facture de blanchisserie détaillée pour les vêtements extravagants de la famille royale et une échelle de corde utilisée par des prisonniers pour s’évader de la Bastille.
Une page d’histoire bien différente se tourne dans le quartier juif du Marais, centré le long de la rue des Rosiers. Ce complexe de ruelles étroites et sinueuses a conservé son caractère distinctif pendant des siècles. Boulangeries et boucheries casher rivalisent d’attention avec leurs vitrines ornées de ménorahs en métal argenté et de livres écrits en hébreu.

Un café du quartier juif du Marais à Paris propose une cuisine casher traditionnelle. (Crédit photo Victor Block)

Des hommes âgés portant barbes noires et costumes tout aussi sombres, femmes enveloppées de châles et garçons coiffés de kippas se bousculent sur les trottoirs bondés, au milieu des touristes venus de toute la ville et du monde entier. Les odeurs de cornichons frais, de poitrine de bœuf et autres spécialités traditionnelles se mêlent aujourd’hui à celles des stands de falafels, témoins de l’afflux de Juifs d’Afrique du Nord ces dernières décennies.
L’atmosphère frénétique du lieu est bien loin de l’élégance tranquille de la place des Vosges toute proche. C’est cette juxtaposition d’attractions improbables qui confère au quartier du Marais son caractère unique et son statut de lieu incontournable pour les visiteurs de Paris.
Victor Block est un écrivain indépendant. Pour lire les articles d'autres auteurs et dessinateurs de Creators Syndicate, rendez-vous sur le site web de Creators Syndicate : www.creators.com. Copyright 2022 CREATORS.COM

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