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L’homme qui vole avec les oiseaux

Ancien éleveur du Pays de Retz, Philippe Boussaud a troqué ses bottes contre une aile motorisée. À la retraite, il s’adonne à une passion singulière : voler au-dessus de l’estuaire de la Loire en compagnie d’une dizaine d’oiseaux qu’il a élevés depuis leur naissance. Un ballet aérien où se mêlent confiance, liberté et poésie.

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Vue depuis l'ULM de Philippe Boussaud.

Photo: Philippe Boussaud

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Durée de lecture: 3 Min.

À l’aube, quand la brume s’élève au-dessus des marais de Saint-Brevin, une silhouette familière fend le ciel. Ce n’est pas un avion, ni un parapente, mais un homme entouré d’une nuée d’oiseaux. Aux commandes de son ULM, Philippe Boussaud, 68 ans, s’élance dans le vent, suivi de près par des bernaches, des grues et des oies cendrées qu’il a lui-même élevées.

« Voler avec eux, c’est un dialogue silencieux », confie cet ancien éleveur au Figaro, installé depuis toujours dans la région de Campbon. « Ils me font confiance, et moi aussi. Nous formons une petite escadrille soudée. »

Mais voler avec des oies ne s’improvise pas. Philippe a dû les élever dès leur naissance, les habituer progressivement à sa présence, à sa voix et surtout au bruit de son ULM. « Je les ai prises toutes petites, à peine sorties de l’œuf. Je passais des heures avec elles, pour qu’elles me considèrent comme l’un des leurs », raconte-t-il dans un article à Ouest-France.

Au fil des années, plusieurs générations de volatiles se sont ainsi succédé à ses côtés. Son appareil, lui aussi, a été adapté à cette cohabitation hors du commun : « J’ai protégé l’hélice avec un grillage pour éviter les accidents, et j’ai modifié l’aile pour la rendre plus lente, autour de 45 à 50 km/h. Sinon, mes oies ne pourraient pas suivre ! » explique-t-il en riant. Philippe évolue dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres autour de Campbon, veillant toujours à éviter la zone de l’aérodrome de Saint-Nazaire.

Inspiré par le film Le Peuple Migrateur, Philippe a fait de cette passion un art de vivre. « Je ne les dresse pas, je les accompagne », dit-il simplement. Ensemble, ils volent au-dessus des rives argentées de la Loire, suivant les courbes du fleuve comme un fil invisible entre la terre et le ciel.

Aujourd’hui, le retraité partage sa passion lors de vols d’initiation. « Les gens montent avec moi et découvrent ce que veut dire liberté. Quand une oie vous frôle l’aile en plein ciel, on oublie tout le reste. »

Pour Philippe, ses compagnons ailés ne sont pas des bêtes de spectacle, mais des ambassadeurs du vivant. « Ils m’ont appris le respect, la patience et l’humilité. Quand je vole avec eux, je ne suis plus un homme : je suis un oiseau parmi les autres. »

À chaque envol, Philippe Boussaud s’élève un peu plus au-dessus du quotidien, porté par la confiance de ses oies et l’immensité du ciel. Son rêve désormais : les suivre un jour sur leurs routes migratoires, jusqu’en Afrique. « Juste pour voir le monde comme eux », sourit-il.