Les forces américaines et syriennes détruisent plus de 15 sites d’armes de l’État islamique dans le sud de la Syrie
L’armée américaine appelle à maintenir la pression sur l’État islamique et à accélérer le rapatriement des détenus depuis le nord est syrien.
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Un soldat américain est assis au sommet d’un blindé Bradley circulant près de la ville de Tal Tamr, dans la province du Hasakeh au nord est de la Syrie, à la frontière avec la Turquie, le 10 novembre 2019.
Les militaires américains et les forces gouvernementales syriennes ont détruit plus de quinze sites liés au groupe terroriste État islamique, abritant des caches d’armes dans le sud de la Syrie, a déclaré le Commandement central américain (CENTCOM) dans un communiqué publié le 30 novembre.
Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un effort militaire plus vaste visant à empêcher la reconstruction de l’État islamique après la défaite territoriale du groupe par la coalition internationale menée par les États‑Unis en 2019.
L’amiral Brad Cooper, commandant du CENTCOM, a qualifié l’opération de « succès », précisant qu’elle garantit que les avancées réalisées contre l’EI demeurent durables et que l’organisation ne pourra ni se régénérer ni exporter de nouveaux attentats vers le sol américain ni à l’international.
Plusieurs frappes aériennes et des explosions contrôlées au sol ont permis la neutralisation de plusieurs dépôts d’armes dans la province de Rif Damas entre le 24 et le 27 novembre, selon CENTCOM.
Le raid a détruit plus de 130 mortiers et roquettes, ainsi que de nombreuses carabines d’assaut, mitrailleuses, mines antichars et matériaux nécessaires à la fabrication d’engins explosifs improvisés.
« Nous resterons vigilants et poursuivrons de manière active les poches résiduelles de l’État islamique en Syrie », a assuré M. Cooper.
Le dernier cycle de frappes succède à d’autres opérations militaires menées contre l’organisation ces derniers mois. Le CENTCOM a confirmé plus de 22 actions achevées le 12 novembre, ayant causé la mort de cinq membres de l’EI et la capture de 19 autres combattants.
Coalition internationale
À la suite d’une entrevue entre le président américain Donald Trump et son homologue syrien Ahmed al‑Charaa le 10 novembre, la Syrie a accepté de rejoindre la coalition menée par Washington contre l’État islamique.
Fondée en 2014, la coalition internationale pour vaincre l’EI rassemble 89 partenaires mobilisés contre le groupe djihadiste en Irak, en Syrie et à l’échelle planétaire.
Ce collectif inclut de nombreux pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique, du Moyen‑Orient ainsi que des institutions telles que l’Union européenne, la Ligue arabe, l’OTAN et d’autres encore.
Outre ses interventions militaires en Irak et en Syrie, la coalition agit sur le plan financier pour affaiblir l’EI, freine les flux de combattants étrangers, appuie la stabilisation et le rétablissement des services essentiels dans les zones libérées, et lutte contre la propagande djihadiste, comme le stipule sa mission.
« Nous continuerons de traquer activement les derniers éléments de l’État islamique en Syrie, tout en travaillant avec la Coalition pour garantir que les acquis en Irak et Syrie perdurent et que l’EI ne puisse se régénérer ni exporter la terreur ailleurs », a déclaré M. Cooper le 12 novembre.
Efforts de rapatriement
Lors d’une conférence des Nations unies en septembre, M. Cooper a exhorté les partenaires de la coalition à renforcer les efforts visant à empêcher la résurgence de l’État islamique.
Il a également insisté sur la nécessité d’accélérer le retour des détenus et des personnes déplacées du nord‑est syrien vers leur pays d’origine.
À leur pic en 2019, les camps d’al‑Hol et d’al‑Roj au nord‑est de la Syrie recensaient près de 70.000 personnes déplacées. Ce nombre est maintenant tombé sous la barre des 30.000, d’après le CENTCOM.
« Rapatrier les populations vulnérables avant qu’elles ne soient radicalisées n’est pas seulement un acte de compassion : c’est une riposte décisive contre la capacité de régénération de l’État islamique », a affirmé M. Cooper le 12 novembre. Les États‑Unis continueront de soutenir la Coalition et tous les États engagés à ramener leurs citoyens chez eux.
Opérations sécuritaires
Le ministère syrien de l’Intérieur a dévoilé le 1er décembre les détails d’une campagne en cours visant à traquer les réseaux terroristes et à entraver leur financement.
Le ministère a déclaré que les forces syriennes ont mené deux opérations ciblant des cellules affiliées à l’État islamique dans la région de Dana, au nord de la province, et à l’ouest de la ville d’Idlib.
« Les opérations ont permis la saisie d’armes légères et de munitions, de ceintures explosives et d’engins explosifs improvisés », a de plus précisé le ministère dans un autre communiqué. Il a aussi révélé que des membres de ces cellules ont participé à l’assassinat d’un civil puis à son enterrement près de Maaret Misrin.
Le gouvernement syrien actuel, dirigé par M. al Charaa, s’est formé après le renversement de Bachar al‑Assad en décembre 2024, à l’issue de treize années de guerre civile qui se sont conclues sur la victoire du groupe islamiste Hayat Tahrir al‑Cham (HTC).
Le HTC a été désigné organisation terroriste étrangère par le Département d’État américain en 2018, mais a été retiré de la liste cette année. Le groupe était auparavant connu comme Front al‑Nosra, une branche d’al‑Qaïda, l’organisation djihadiste fondée par Oussama ben Laden.
Le chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al‑Cham (HTC), qui a conduit une offensive éclair des rebelles pour reprendre Damas au régime, Abu Mohammed al‑Jolani, harangue la foule à la grande mosquée des Omeyyades dans la capitale, le 8 décembre 2024. (AREF TAMMAWI/AFP via Getty Images)
Un avis de recherche, désormais supprimé, contre M. al Charaa, soulignait son rôle dans la fondation du Front al‑Nosra et la métamorphose du groupe en HTC. L’annonce précisait aussi que le groupe avait participé à des enlèvements et des assassinats en Syrie au fil des ans, dont le massacre de 20 villageois druzes dans la province d’Idlib en 2015.
En octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a également levé les sanctions à caractère terroriste à l’encontre de M. al Charaa et du ministre syrien de l’Intérieur, Anas Khattab.
Le président Donald Trump (à dr.) et le président syrien Ahmed al‑Charaa (à g.) dans le Bureau ovale, le 10 novembre 2025. (@realDonaldTrump via Truth Social)
En juin, Trump a annulé unilatéralement les sanctions américaines frappant la Syrie par décret, y voyant « une chance de grandeur » pour le peuple syrien, tout en maintenant cependant celles concernant Bachar al‑Assad et plusieurs dirigeants.
Les États‑Unis ont aussi révoqué la qualification de groupe terroriste étranger attribuée au HTC en juillet.
Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.