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Les éventuelles sanctions secondaires de Donald Trump contre la Russie porteraient un coup dur à la Chine et à l’Inde

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L’enseigne du géant pétrolier russe Rosneft contrôlé par l'État, vue à Moscou, le 17 mai 2011

Photo: DMITRY KOSTYUKOV/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Le 14 juillet, Donald Trump a déclaré qu’il imposerait des tarifs douaniers secondaires « très sévères » à la Russie si Vladimir Poutine n’acceptait pas un cessez-le-feu avec l’Ukraine dans les 50 jours.
« Nous allons imposer des droits de douane secondaires si nous ne parvenons pas à un accord dans les 50 jours », a lancé le président américain. « C’est très simple, et ils seront de 100 % ».
Les droits de douane secondaires s’appliqueraient aux pays qui commercent avec le pays visé. Ainsi, si la Chine achète du pétrole à Moscou, les États-Unis imposeraient des droits de douane sur les exportations de Pékin.
« J’utilise le commerce pour beaucoup de choses », a précisé M. Trump dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche lors de sa rencontre avec Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN. « Et c’est formidable pour régler les guerres. »
Le locataire de la Maison-Blanche a averti plus tôt cette année que si son administration ne parvenait pas à conclure un accord avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, il allait « imposer des droits de douane secondaires sur le pétrole, sur tout le pétrole provenant de Russie ».
Les principales exportations de la Russie sont le pétrole brut, le pétrole raffiné, le gaz naturel et le charbon.
Donald Trump a déjà eu recours aux droits de douane secondaires sur d’autres marchés.
En mars, il a mis en place une taxe secondaire de 25 % sur les pays qui importaient du pétrole brut du Venezuela. En mai, il a également menacé d’imposer des tarifs similaires aux pays qui importaient du pétrole brut iranien.
Dans une déclaration commune publiée peu après l’annonce de Donald Trump, le sénateur républicain Lindsey Graham et le sénateur démocrate Richard Blumenthal ont exprimé leur soutien à la proposition du président d’imposer des tarifs secondaires de 100 %, la qualifiant de « véritable coup de massue exécutif pour pousser les parties à la table des négociations ».
« Il est grand temps que ceux qui financent les atrocités commises par la Russie en Ukraine paient le prix pour avoir acheté des produits énergétiques bon marché et les avoir revendus à un prix plus élevé afin de faire profiter leurs économies. Le temps où cela pouvait se faire sans conséquences touche à sa fin », ont-ils martelé.
Par la suite, les responsables américains ont expliqué que des taxes secondaires seraient imposées aux pays qui achètent du pétrole russe.
Qui serait touché ?
En février 2023, l’embargo total de l’Union européenne sur les produits pétroliers russes est entré en vigueur. Depuis lors, les pays asiatiques, principalement la Chine, l’Inde et la Turquie, sont devenus les destinations clés pour les exportations énergétiques de la Russie.
Ces marchés sont devenus d’importants acheteurs d’énergie russe, profitant de la baisse du prix du pétrole brut russe Urals due aux sanctions.
Selon les calculs récents de Reuters, le baril de pétrole russe Urals coûte environ 58 dollars, tandis que le prix du pétrole Brent se négocie à plus de 69 dollars le baril sur le marché à terme ICE de Londres.
L’année dernière, la Russie représentait environ 22 % des importations totales de pétrole brut de la Chine, contre environ 16 % avant la guerre en Ukraine. Entre décembre 2022 et juin 2025, la Chine a acheté 47 % des exportations de pétrole brut russe.
Et l’appétit de Pékin pour l’énergie russe s’est maintenu cette année.
Selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Center for Research on Energy and Clean Air), le pétrole brut représentait 64 % des importations chinoises en provenance de Russie.
Dans le même temps, le commerce sino-russe a ralenti. De nouvelles données montrent que les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine ont diminué de 9 % en glissement annuel au premier semestre 2025, pour atteindre un total de 106,48 milliards de dollars.
Depuis son invasion de l’Ukraine, Moscou est devenue fortement dépendante des exportations de pétrole brut vers la Chine pour financer ses dépenses, car l’accès aux marchés occidentaux a été considérablement restreint.
L’Inde est le deuxième plus gros acheteur du pétrole brut russe.
Les données de la société mondiale d’analyse des marchés des matières premières Kpler montrent que l’Inde a acheté plus de 2 millions de barils de pétrole brut russe par jour le mois dernier, soit le niveau le plus élevé depuis environ un an.
« Alors que les importations mondiales de pétrole brut de l’Inde ont baissé de 6 % en juin, les volumes russes ont connu une hausse de 8 % par rapport au mois précédent, atteignant leur plus haut niveau depuis juillet 2024 », a constaté le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur.
« Plus de la moitié de ces importations en provenance de Russie ont été effectuées par trois raffineries indiennes qui exportent, à leur tour, des produits pétroliers raffinés vers les pays du G7+. »
Depuis décembre 2022, l’Inde a acheté 38 % des exportations de pétrole brut russe.
À la suite du sommet Inde-Russie de juillet 2024, les dirigeants des deux pays ont publié une déclaration commune, réaffirmant l’importance du commerce bilatéral « dans le secteur de l’énergie en tant que pilier significatif » de leur partenariat.
« Les parties ont souligné l’importance particulière du commerce bilatéral en ressources énergétiques et ont convenu d’étudier la possibilité de conclusion de nouveaux contrats à long terme », indique le communiqué.
Bien que la Turquie ait réduit sa dépendance vis-à-vis des produits énergétiques de Moscou, elle reste l’un des plus grands importateurs mondiaux de pétrole russe.
En mai, les exportations russes de mazout par voie maritime vers la Turquie ont bondi de 75 % en un mois, pour atteindre 430.000 tonnes.
La situation sur le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) est différente.
L’Union européenne reste le plus gros acheteur des exportations russes de GNL, avec 51 % de ces exportations. Elle est suivie par la Chine (21 %) et le Japon (18 %).
Changements dans la perspective
Des sanctions supplémentaires contre la Russie « modifieraient radicalement les perspectives du marché pétrolier », indiquent les stratèges en matières premières du groupe ING, car les pays concernés devraient réévaluer leurs modèles d’achat.
« Si ces sanctions sont effectivement appliquées, le marché mondial ferait face à un déficit important. La capacité de production en réserve de l’OPEP ne serait pas en mesure de combler la totalité du déficit », ont-ils estimé.
« Cela entraînerait une hausse importante des prix du pétrole. Compte tenu du souhait de [Donald] Trump de voir les prix du pétrole baisser, nous ne pensons pas qu’il serait enclin à mettre sa menace à exécution. »
L’Agence internationale de l’énergie prévoit une augmentation de la demande mondiale de pétrole de 700.000 barils par jour cette année, soit le taux le plus bas depuis 2009 si on ne prend pas en compte la période de la pandémie du Covid-19.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale en pétrole en 2025. Dans son dernier rapport mensuel, l’OPEP prévoit une demande internationale moyenne de 105 millions de barils par jour.
Les prix du pétrole brut West Texas Intermediate – une référence pétrolière américaine souvent utilisée comme prix de référence pour le pétrole brut léger – ont chuté d’environ 2 % en début de semaine, glissant vers 67 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange.
Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).

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