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Les États américains commencent à s’opposer aux abus du PCC et à la répression transnationale

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Un ballon est brandi lors d’une conférence de presse et d’un rassemblement devant l’America ChangLe Association pour dénoncer la répression transnationale de Pékin, à New York, le 25 février 2023. Un poste de police chinois à l’étranger, désormais fermé, se trouvait dans l’immeuble de l’association.

Photo: Samira Bouaou/Epoch Times

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Durée de lecture: 21 Min.

Le pasteur Bob Fu se trouvait au milieu d’un rassemblement national de prière à Washington lorsqu’il a reçu l’appel.
Plus d’une centaine de personnes avaient convergé vers sa maison à Midland, au Texas, scandant des slogans et agitant des drapeaux.
Elles étaient là à la demande d’un riche et fervent partisan du Parti communiste chinois (PCC). Les manifestations s’inscrivaient dans le cadre d’une campagne visant à « éliminer les traîtres », dont l’objectif était de « mettre fin aux agissements » de M. Fu, selon les publications et les vidéos de l’influenceur.
M. Fu a appris l’existence de la manifestation par son épouse, restée à la maison lorsque des bus entiers ont commencé à arriver. Il a été rapidement escorté vers son domicile par des agents du FBI.
Les forces de l’ordre estimaient que la menace contre sa vie était crédible.
« Je voulais sortir pour parler aux manifestants … mais l’agent du FBI m’a dit : ‘Monsieur, il ne leur faut qu’une occasion.’ », a raconté M. Fu à Epoch Times.
M. Fu a appris plus tard, par les forces de l’ordre, que nombre de manifestants — présents sept jours sur sept de 9 heures à 16 heures — avaient franchi des frontières de l’État pour venir le conspuer, certains depuis aussi loin que la Californie, et qu’ils étaient payés à la journée.
C’était en septembre 2020. M. Fu et sa famille ont passé une semaine cloîtrés chez eux, encerclés par une foule. Puis, les forces de l’ordre, estimant qu’elles ne pouvaient indéfiniment contenir les manifestants, ont mis la famille à l’abri.
M. Fu, son épouse et leurs enfants sont citoyens américains. Sa fille a passé les premiers mois de sa terminale à suivre des cours en ligne pendant cette période de mise au secret.
Ils sont restés dans un lieu tenu secret jusqu’à la veille de l’élection présidentielle de 2020, quand les manifestations se sont arrêtées — soudainement et totalement.
Cinq ans plus tard, une nouvelle législation pourrait empêcher des épreuves comme celle vécue par la famille Fu, permettre aux victimes d’engager des poursuites et déboucher sur des enquêtes concernant l’implication du PCC.
Cette année, le Texas est devenu le premier État à criminaliser la répression transnationale. La loi, HB4616, est entrée en vigueur le 1er septembre.

Bob Fu, président de China Aid, compare la « sinisation » menée par le PCC à la « nazification » hitlérienne lors de la conférence de presse annonçant la formation de la Coalition pour promouvoir la liberté religieuse en Chine. (Jennifer Zeng/Epoch Times)

Lumière sur la répression transnationale

Si le terme est récent, le phénomène de la répression transnationale, lui, ne l’est pas, a expliqué Rushan Abbas à Epoch Times.
Mme Abbas a commencé à dénoncer le sort des Ouïghours dans les années 1980.
Après sa participation à une manifestation aux États-Unis en 1990, son père — un universitaire au sommet de sa carrière — a été contraint de prendre sa retraite dans le Xinjiang. Un conseil contrôlé par le PCC l’a évincé de ses fonctions.
« C’est de la répression transnationale … nous ne savions tout simplement pas comment l’appeler, il n’y avait pas de nom », a expliqué Mme Abbas. « Si l’on en parle davantage aujourd’hui, c’est parce que nous avons pu lui donner un nom. »
En 2021, Freedom House a publié son premier rapport sur la répression transnationale, braquant l’attention mondiale sur ce concept. L’organisation de défense des droits a documenté 608 cas de « répression transnationale directe, physique » depuis 2014.
Nommer cette pratique a offert des éléments de langage clairs et donné aux législateurs des points précis à traiter par la politique publique, assurent des défenseurs.
En 2022, le représentant Adam Schiff (Démocrate de Californie) a présenté la loi Halte à la répression transnationale de 2022 visant à criminaliser la répression transnationale. En 2023, le sénateur Jeff Merkley (Démocrate de l’Oregon) a présenté la loi sur la politique de répression transnationale afin d’imposer des sanctions aux auteurs de ces actes. En 2024, les représentants Anthony D’Esposito (Républicain de New York) et Adam Schiff ont présenté des projets de loi visant à aider et à exiger le signalement des cas de répression transnationale.
Aucun de ces projets n’a été examiné en séance. Désormais, les élus ont redéposé plusieurs de ces textes et introduit une nouvelle série de propositions visant à contrer la répression transnationale.
Parmi les nouveaux projets de loi figurent la loi de 2025 sur la lutte contre la répression transnationale du représentant August Pfluger (républicain du Texas), qui chargerait le département de la Sécurité intérieure de créer un groupe de travail dédié à cette question, la loi sur le renforcement des efforts des États et des collectivités locales pour lutter contre la répression transnationale du représentant Seth Magaziner (démocrate de Rhode Island) et la loi sur le soutien aux forces de l’ordre et la lutte contre la répression transnationale du représentant Gabe Evans (républicain du Colorado), qui imposerait une campagne d’information publique sur la répression transnationale.
M. Fu et Mme Abbas ont tous deux témoigné devant des décideurs au sujet des activités du PCC sur le sol américain et aidé les parlementaires à rédiger des textes pour contrer ces ingérences.
Après l’entrée en vigueur de la loi texane début septembre, le Sénat de Californie a adopté un projet prévoyant une formation pour aider les forces de l’ordre à reconnaître et à traiter la répression transnationale. Le texte, SB509, attend actuellement la signature du gouverneur Gavin Newsom.
Selon un rapport de Freedom House, le PCC « mène la campagne de répression transnationale la plus sophistiquée, globale et exhaustive au monde ».
En raison de la « montée en puissance internationale » du PCC, de sa capacité technique et de ses « revendications agressives » sur les personnes d’ascendance chinoise dans le monde, ses actions à l’étranger constituent « une menace à long terme pour les États de droit » d’autres pays, avertit le rapport.
Le PCC n’est pas le seul auteur. L’Iran, la Turquie, le Rwanda, la Russie et l’Arabie saoudite sont également connus pour recourir à la répression transnationale, avec des tactiques allant de l’assassinat à l’intimidation numérique, de la prise en otage de proches à l’usage des « notices rouges » d’Interpol pour entraver la mobilité des dissidents.
En juin, les pays du G7 ont condamné la répression transnationale dans une déclaration commune, appelant à l’élaboration d’un cadre de réponse pour la détecter et l’endiguer.

La fondatrice de Campaign for Uyghurs, Rushan Abbas, s’exprime lors d’un événement commémorant le massacre de Tiananmen de 1989, au mémorial des victimes du communisme, à Washington, le 4 juin 2025. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Le numérique, moteur de la répression

Dans ses mises à jour annuelles, Freedom House avertit que la pratique par des États autoritaires devient un phénomène de plus en plus « normalisé ». Cette accélération tient largement aux techniques cyber.
M. Fu n’a pas revu de mobilisation de masse comme en 2020, mais dit recevoir fréquemment des messages de menace. Et, lors de ses déplacements pour son œuvre et son plaidoyer, des services de police locaux l’ont contacté après avoir reçu des alertes à la bombe usurpant son identité.
Récemment à Washington, il a reçu un message l’informant qu’un taxi venait le conduire à l’ambassade de Chine — entre les mains du PCC.
La composante numérique de la répression transnationale est constante et ininterrompue, souligne Mme Abbas. Elle a été la cible de campagnes d’hameçonnage et de cyberattaques, que Google et Microsoft ont confirmé comme imputables à des acteurs étatiques chinois. Parallèlement, plusieurs campagnes sur les réseaux sociaux semblent attaquer sa réputation et tromper ses abonnés.
De multiples comptes usurpent l’identité de Mme Abbas, dont beaucoup colportent l’idée que son plaidoyer n’aurait qu’un but lucratif. C’est une tactique que nombre de cibles de la répression transnationale du PCC disent subir.
Un compte a publié des photos d’elle lors de divers événements, avec des prix exorbitants associés à sa garde-robe, affirmant, par exemple, qu’un collier de perles acheté 10 dollars dans une boutique d’occasion coûtait en réalité plusieurs milliers de dollars.
D’autres comptes propagent des allégations diffamatoires, affirmant que Mme Abbas ou son mari aurait une liaison. Et lorsque Campaign for Uyghurs ou des organisations partenaires annoncent des événements, de multiples publications, semblant promouvoir le même rendez-vous, en indiquent une mauvaise date.
Mme Abbas et son équipe signalent chaque contenu qu’elles repèrent, mais ces signalements restent le plus souvent sans suite.
« C’est épuisant psychologiquement », dit-elle. « Chaque jour, je me réveille et je découvre quelque chose de nouveau. » … Rien de tout cela ne la décourage, ajoute-t‑elle. C’est la répression transnationale qui l’a poussée, au fond, à s’engager à plein temps pour la cause ouïghoure.
Wang Zhiyuan, président du Global Service Center for Quitting the CCP (Centre de service mondial pour l’abandon du PCC, ndlr), a indiqué à The Epoch Times que son organisation avait reçu plusieurs menaces en avril et mai.
Le mouvement de « démission du PCC » est appelé « Tuidang » en chinois, « se retirer du Parti ». Il a aidé plus de 452 millions de personnes à quitter le PCC ou ses organisations affiliées. La plateforme en ligne de M. Wang suit et facilite ces retraits.
M. Wang dit avoir reçu des menaces d’attentats à la bombe, de fusillades de masse et « d’accidents » de voiture. Les menaces citaient aussi des pratiquants de Falun Gong et leurs soutiens. Le stand d’information de l’organisation a également été physiquement attaqué.
« L’Amérique devrait tenir tête à la démonstration de force du PCC contre des groupes comme le Falun Gong », estime M. Wang.
Le Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, est une pratique spirituelle fondée sur trois principes : vérité, compassion et tolérance. Introduite au grand public en Chine au début des années 1990, elle a connu un essor considérable, avec 70 à 100 millions de pratiquants à la fin de la décennie, selon des décomptes officiels.
En 1999, le PCC a interdit la pratique et lancé une persécution d’État visant à « l’éradiquer ». En Chine, les pratiquants ont subi détentions arbitraires, tortures et « rééducation », travaux forcés et prélèvements d’organes à vif.

Des pratiquants du Falun Gong participent à un rassemblement réclamant la fin des 25 années de persécution ininterrompue du mouvement en Chine, sur le National Mall à Washington, le 11 juillet 2024. (Larry Dye/Epoch Times)

Les victimes ont besoin d’un cadre légal

En 2018, Mme Abbas a participé à un panel de l’Hudson Institute sur la persécution des Ouïghours par le PCC. Six jours plus tard, sa tante et sa sœur, Gulshan Abbas, disparaissaient.
Si Mme Abbas soupçonnait une arrestation de représailles, elle n’en a eu confirmation qu’en 2020, apprenant que Gulshan avait été secrètement inculpée et jugée pour « terrorisme », avant d’être condamnée à 20 ans de prison.
« Mais il n’y a personne, pas de loi, pas de cadre législatif ni de solution juridique pour nous protéger », déplore Mme Abbas.
Au fil des ans, Mme Abbas a multiplié les dépositions auprès du FBI, mais « rien ne se passe », dit-elle.
« Ils sont très préoccupés, très diligents, attentifs, et recueillent des informations détaillées — je leur suis profondément reconnaissante pour l’attention et le soutien qu’ils ont manifestés », ajoute-t‑elle.
« Mais la réalité, c’est que nous manquons toujours du cadre juridique essentiel pour traiter efficacement la répression transnationale, la confronter et tenir les États responsables de ces abus. »
Et il n’existe aucun moyen de responsabiliser les plateformes sociales qui laissent prospérer les attaques qu’elle subit, ajoute‑t‑elle.
Le PCC cherche à intimider, réduire au silence et discréditer ses critiques, affirme Mme Abbas, et une loi criminalisant la répression transnationale « n’est pas seulement nécessaire, elle est attendue depuis bien, bien trop longtemps ».
« Pour des communautés comme la diaspora ouïghoure, les militants hongkongais, les Tibétains, les pratiquants de Falun Gong et les dissidents chinois, la répression transnationale est une réalité quotidienne », dit-elle.
M. Fu estime que toute législation efficace « doit avoir de véritables dents ».
« Les agents de la répression transnationale envoyés par le PCC, ou même leurs ‘volontaires’ ici, doivent être tenus pour responsables au maximum prévu par la loi. Surtout ceux qui ne sont pas citoyens américains, certains même en situation irrégulière — ils devraient vraiment être immédiatement expulsés », dit-il.
Certains responsables politiques soulignent que certains agissements de la répression transnationale relèvent déjà de l’illégalité — comme le cyberharcèlement, des tentatives de corruption d’agents publics, ou le fait d’agir en tant qu’agents étrangers non déclarés.
Dans cette optique, une partie des textes déposés vise des formations complètes pour les forces de l’ordre.
M. Fu approuve la nécessité de former. En 2020, dit-il, il était manifeste que les forces intervenues ne saisissaient pas pleinement la situation. Pourquoi des militants pro-PCC traitaient‑ils un pasteur chrétien d’« espion du PCC » ? Pourquoi le régime chinois appuierait‑il l’envoi de 100 à 200 personnes au domicile d’un de ses critiques à l’autre bout du monde ?
Joel Ng, pratiquant de Falun Gong dans la baie de San Francisco, fait partie de ceux qui ont brièvement informé l’équipe de la sénatrice de Californie Anna Caballero lors de la rédaction d’un projet visant à former les forces de l’ordre à la répression transnationale… M. Ng explique que des pratiquants sinophones se rassemblent souvent près du consulat chinois de San Francisco pour sensibiliser à la persécution du mouvement par le PCC.
Parmi eux, certains ont été victimes de persécutions en Chine. Ils s’attendent désormais à être harcelés par des militants pro-PCC lorsqu’ils distribuent des tracts sur le Falun Gong.
Il y a vingt ans, la police locale aurait pu balayer ces incidents comme des querelles communautaires, dit‑il. Ces dernières années, la conscience des tactiques de répression transnationale du PCC s’est accrue.

Pratiquants en méditation lors d’une manifestation devant le consulat de Chine à San Francisco, le 25 avril 2025. (Gary Wang/Epoch Times)

Façonner l’opinion publique

À mesure que le phénomène se fait connaître, des défenseurs des droits humains et de la liberté religieuse ont plaidé haut et fort la nécessité de combattre cette répression.
Désormais, ils alertent sur des opérations d’influence du PCC visant à modeler les perceptions des Américains conformément aux vues du régime.
Ils soutiennent que le PCC empiète sur la souveraineté nationale des États-Unis, installe des postes de police clandestins sur le sol américain, et exploite les institutions et protections juridiques américaines pour servir son agenda.
Sunny Guo, pratiquante de Falun Gong à New York, dit avoir été sidérée d’entendre, plus tôt cette année, des adolescents américains reprendre mot pour mot la propagande du PCC. Une première depuis son arrivée aux États-Unis en 2014.
Des lanceurs d’alerte ont révélé l’an dernier que Xi Jinping, dirigeant du PCC, avait personnellement ordonné l’intensification des efforts pour persécuter le Falun Gong à l’étranger, en ciblant particulièrement des organisations fondées par des pratiquants.
Shen Yun Performing Arts, fondée par des pratiquants de Falun Gong, est devenue une cible majeure de cette reprise en main transnationale en raison de sa popularité mondiale.
Ses spectacles, vus par environ un million de spectateurs par an, présentent des danses de minorités ethniques — Mongols, Tibétains — et des tableaux narratifs montrant la pratique du Falun Gong et la persécution du mouvement par le PCC. Basée à New York, la compagnie affirme avoir pour mission de faire revivre 5000 ans de civilisation chinoise par les arts, avec pour slogan « La Chine d’avant le communisme ».
Alors que Mme Guo vendait des billets de Shen Yun dans un centre commercial de Long Island (New York) plus tôt cette année, des passants ont utilisé « exactement les mots » du PCC pour décrire Shen Yun ou le Falun Gong.
Le PCC ne reconnaît que des versions des religions placées sous contrôle étatique.
« J’ai eu beaucoup de peine … ils sont si jeunes, ce sont des enfants, et pourtant ils me disent des horreurs sur Shen Yun et le Falun Gong … exactement les mots entendus en Chine », confie Mme Guo.