Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

Les coulisses de l’impasse du Quatrième plénum du PCC

Bien que Xi Jinping soit ressorti du plénum avec tous ses titres intacts, il pourrait ne plus avoir les moyens de hisser ses fidèles aux postes clés.

top-article-image

Des officiers militaires et d’autres délégués quittent la séance d’ouverture de la CCPPC au Grand Hall du peuple, le 4 mars 2025, à Pékin.

Photo: Kevin Frayer/Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 10 Min.

Le 23 octobre, le communiqué du Quatrième plénum du Parti communiste chinois (PCC) a dissipé nombre de rumeurs, au risque de décevoir les observateurs. Ce que certains attendaient comme un duel décisif au sein du Parti s’est conclu par une impasse.
Xi Jinping a conservé tous ses titres, mais n’est pas parvenu à promouvoir des loyalistes pour pourvoir les sièges vacants. Le Politburo s’est réduit à 23 membres sans remplacements. La Commission militaire centrale (CMC) a perdu trois membres et n’en a nommé aucun de substitution. La promotion de Zhang Shengmin au rang de vice‑président de la CMC n’a constitué, au mieux, qu’un ajustement mineur. Les figures issues de la Ligue de la jeunesse communiste, comme Hu Chunhua et Wang Yang, ne sont pas revenues au centre du jeu politique. L’« impasse » de Pékin ressemble désormais à un verrouillage.
Le 17 octobre, le ministère de la Défense a soudainement annoncé des sanctions disciplinaires visant neuf généraux, dont le vice‑président de la CMC He Weidong et l’ancien patron du Département du travail politique de la CMC, Miao Hua. Le signal d’un possible bras de fer au Quatrième plénum et l’annonce de grands remaniements à venir. Au final, pourtant, aucun changement de direction n’a eu lieu.
Dès l’ouverture du plénum, des rumeurs ont circulé selon lesquelles Xi Jinping resterait secrétaire général du PCC mais céderait la présidence de la Commission militaire centrale au vice‑président Zhang Youxia, qui serait parallèlement hissé au Comité permanent du Politburo.
Rien de tout cela ne s’est matérialisé, apparemment parce que les anciens du Parti et les hauts responsables ne voulaient pas exposer au grand jour les divisions internes. Zhang lui‑même, en l’absence d’un constat officiel des erreurs de Xi ou d’un plan clair de transition ordonnée, n’avait probablement aucune envie d’apparaître trop tôt comme l’homme le plus puissant du PCC.
Les rumeurs d’un retour en grâce des figures de la Ligue de la jeunesse se sont évanouies, laissant des interrogations. Leur camp a peut être manqué de poids pour rallier les membres du Comité central ; peut‑être les anciens craignaient‑ils qu’un affrontement frontal n’aggrave les turbulences politiques. Autre hypothèse : aucun ne voulait mettre les mains dans le chaos politique légué par Xi Jinping, jugé impossible à résorber. En cause, des risques accrus de luttes internes alimentées par des purges incessantes, et une stagnation économique prolongée, rythmée par la montée du chômage et la fuite massive des capitaux étrangers.
Le plénum a toutefois entériné les décisions disciplinaires militaires annoncées avant ces quatre jours de réunion. Plus d’un an plus tôt, le Troisième plénum avait validé la décision du Politburo d’exclure du Parti l’ex‑ministre de la Défense Li Shangfu et l’ex‑commandant de la Force des fusées Li Yuchao. Cette fois, le Quatrième plénum a formellement approuvé l’exclusion de He Weidong, Miao Hua et d’autres.
Après la réunion du Politburo du 28 septembre, l’agence officielle Xinhua n’a pas relayé l’éviction des neuf généraux. C’est le 17 octobre que le ministère de la Défense — et non la direction centrale du Parti — a communiqué les sanctions. Les médias d’État se sont contentés de republier ce communiqué, un procédé pour le moins inhabituel.
Tout porte à croire que certains membres du Comité central ont refusé d’appuyer la faction de la Ligue de la jeunesse comme le camp de Xi et de ses proches. Le Quatrième plénum s’est achevé sans vainqueur, laissant des sièges vacants au Politburo comme à la Commission militaire centrale.

Une « unité » de façade

Xi Jinping ressort du plénum avec tous ses titres, comme s’il avait surmonté une nouvelle épreuve. Mais son camp, fragilisé par les purges récentes, n’a pas repris la main, et ses fidèles n’ont pas réussi à occuper les postes clés.
Dans les différentes armes et commandements d’Armée, de nombreux postes de tête restent vacants. Bien que Xi préside toujours la CMC, il semble avoir perdu la main sur l’appareil militaire, incapable de promouvoir des proches à la CMC ou même de valider de nouveaux généraux.
Les subordonnés et protégés des neuf généraux publiquement limogés sont vraisemblablement encore en cours de « nettoyage ».
D’autres signaux laissent penser que le Quatrième plénum était loin de l’image « calme et unie » affichée dans son communiqué.
Seuls 168 membres du Comité central ont assisté au plénum — 31 de moins que lors de la session précédente, soit 18,5 % d’absents. Quatorze membres, dont He Weidong, ont déjà été purgés. D’autres ont refusé de se prêter à ce qu’ils considéraient comme une mise en scène politique sans objet, ou n’ont pu se déplacer pour diverses raisons.
Seuls 147 membres suppléants étaient présents, 18 de moins qu’auparavant, dont quatre déjà purgés. Onze suppléants ont été promus membres titulaires du Comité central — mais plusieurs qui auraient dû passer en priorité ont « sautés », dont le chef adjoint de la Force des fusées, Wang Liyan, et le commandant de l’Armée du théâtre Nord, Shi Zhenglu. Ils font déjà l’objet d’enquêtes, ou sont politiquement en danger.

Et maintenant ?

Le communiqué du plénum, saturé de rhétorique standardisée, cherchait à masquer les dissensions. Mais l’annonce anticipée, par le ministère de la Défense, des sanctions contre neuf généraux avait déjà fait voler en éclats ce vernis. Faute de remaniement au sommet, le Politburo en reste à 23 membres, et la CMC ne compte plus que quatre membres sur sept — une architecture bancale, à moitié vide.
La position du chef du Parti reste inchangée, mais aucun successeur ne se dessine. La faction de la Ligue de la jeunesse ne revient ni au Politburo ni à l’intérieur du Comité central — par manque d’appuis, ou parce qu’elle attend un moment plus propice pour se réimposer.
Le PCC promeut son prochain « 15e plan quinquennal », alors que, sous la direction actuelle, les deux précédents ont déjà déraillé. La pandémie de 2020 et ses confinements désastreux ont fait sortir de route le « 13e plan », tandis que le « 14e » est resté largement théorique, l’économie chinoise peinant à reprendre son souffle.
Quel que soit le détenteur du pouvoir — ou son remplaçant éventuel —, nul ne paraît en mesure de remettre de l’ordre. C’est sans doute la véritable raison pour laquelle l’impasse du plénum perdure.
Ce blocage pourrait annoncer une crise plus profonde. Le déclin de santé de Xi est de notoriété publique, sans qu’aucun dauphin ne soit désigné. Que se passera‑t‑il s’il retombe malade — ou pire ?
Une hypothèse plausible est que Xi a perdu le pouvoir effectif et que les décisions sont désormais prises collectivement par un Politburo élargi, emmené par une autre figure. Autre possibilité : la direction a compris qu’un simple changement d’hommes ne suffira pas à résoudre des crises internes et externes aussi profondes.
Si tel est le cas, l’impasse du plénum montre que le PCC a épuisé ses options et se trouve piégé, sans voie de sortie. L’absence de mouvement traduit seulement une tentative de préserver la stabilité.
La Chine n’a qu’une seule véritable issue : démanteler le PCC, rendre le pouvoir et la richesse au peuple, et laisser les citoyens — plutôt que des cadres incompétents — mobiliser leur intelligence pour façonner l’avenir du pays.
Mais le PCC refuse d’abandonner ses privilèges ou d’assouplir sa poigne. C’est pourquoi le Quatrième plénum s’est enlisé — une impasse qui pourrait bien, au bout du compte, être irréversible.
Olivia Li a contribué à cet article.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Zhong Yuan est un chercheur qui se concentre sur le système politique chinois, le processus de démocratisation du pays, la situation des droits de l'homme et les moyens de subsistance des citoyens chinois. Il a commencé à écrire des commentaires pour l'édition en langue chinoise du journal Epoch Times en 2020.

Articles actuels de l’auteur