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Les animaux « se soignent depuis des millions d’années », affirme le biologiste Jaap de Roode

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L’observation de chats se roulant dans du népéta a permis à des chercheurs de découvrir qu’elle contenait un composé chimique les protégeant des moustiques. (Sergio Photone/Shutterstock)

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Durée de lecture: 4 Min.

À Mexico, les roselins utilisent les mégots de cigarette pour désinfecter leurs nids. Deux écologues de l’université locale ont mené des expériences démontrant que ces oiseaux collectent ces déchets volontairement, la nicotine ayant un effet répulsif contre les tiques qui menacent leurs oisillons.

« C’est tellement inventif de la part de ces oiseaux », s’émerveille le biologiste néerlandais Jaap de Roode, qui publie en France Nos plus grands médecins : comment les fourmis, les papillons, les éléphants… se soignent depuis des millions d’années (éd. Les Liens qui libèrent).

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La reconnaissance tardive de la « médication animale »

L’idée que les animaux puissent se soigner eux-mêmes a longtemps suscité la controverse. « Beaucoup de scientifiques pensaient que les animaux n’étaient pas assez intelligents : comment pourraient-ils savoir faire ça ? », rappelle Jaap de Roode, chercheur à l’université Emory (Atlanta, États-Unis).

Cette hypothèse n’a été prouvée scientifiquement qu’à partir des années 1980 par un primatologue américain.

Des comportements innés ou appris

Selon Jaap de Roode, les animaux n’ont pas besoin de « savoir » qu’ils sont malades pour adopter ces comportements. Il cite l’exemple de la chenille isie isabelle : lorsqu’elle est infestée par des larves de mouches, elle consomme davantage de plantes contenant des alcaloïdes, toxiques pour ses parasites. Ses récepteurs gustatifs réagissent plus fortement à ces substances quand elle est infectée. Ce comportement inné est inscrit dans ses gènes, fruit de l’évolution.

D’autres pratiques sont apprises par expérience : comme les humains qui évitent un aliment après une intoxication, certains animaux associent une plante à un soulagement et la consomment à nouveau en cas de symptômes similaires. Chez les espèces sociales, comme les chimpanzés, l’imitation joue un rôle : « Un individu va trouver une méthode et les autres vont le copier », explique le biologiste.

Des enseignements utiles pour l’homme

Étudier ces comportements présente des avantages directs pour les humains. L’observation de chats se roulant dans du népéta a par exemple permis à des chercheurs japonais de découvrir qu’elle contenait un composé chimique les protégeant des moustiques.

« Les bienfaits sont aussi clairs pour les éleveurs », poursuit Jaap de Roode, qui alerte sur la résistance croissante aux antibiotiques. Selon lui, les régimes strictement contrôlés du bétail empêchent les animaux de se soigner eux-mêmes. « Ramener des formes plus naturelles de médication améliore la santé du bétail, ce qui améliore aussi notre santé. Et c’est aussi bénéfique sur le plan économique. »

Redonner aux animaux le choix

Le biologiste invite à laisser plus de liberté aux animaux domestiques : ne pas empêcher chiens et chats de manger de l’herbe ou de la terre, à condition qu’elle soit exempte de pesticides ou de fertilisants.

Qu’il s’agisse de « se débarrasser de parasites ou d’évacuer une pièce de Lego que vos enfants ont laissée traîner », conclut-il, « quand ils s’approchent des plantes ou qu’ils se roulent dedans, ils le font probablement pour une bonne raison ».

Avec AFP