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Les absences au plénum du PCC révèlent la lutte de Xi pour contrôler l’armée, selon des analystes

Un analyste a fait remarquer que le récent quatrième plénum aura été le plus dégarni de l'ère post-Mao en Chine.

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(De g. à d.) Le vice président de la Commission militaire centrale Zhang Youxia et He Weidong assistent à la cinquième séance plénière de l’Assemblée nationale populaire, à Pékin, le 12 mars 2023.

Photo: Lintao Zhang/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le Parti communiste chinois (PCC) a clos, le 23 octobre, le Quatrième plénum de son 20e Comité central. Des analystes tirent la sonnette d’alarme sur l’instabilité au sein de l’Armée populaire de libération (APL) après un nombre inhabituel d’absences parmi les hauts responsables conviés à la réunion, en particulier au sommet de la hiérarchie militaire.
Selon les chiffres officiels, 168 des 205 membres du Comité central étaient présents, ce qui signifie que 36 étaient absents, dont un décès confirmé. Parmi les 171 membres suppléants, 24 manquaient à l’appel. Au total, 60 absents, soit près de 18 % des membres titulaires et suppléants. Les médias d’État ont montré que ce taux de participation était le plus bas depuis l’accession de Xi au pouvoir en 2012.
Neil Thomas, spécialiste de la politique chinoise à l’Asia Society Policy Institute, à Washington, a qualifié sur X cette réunion de « plénum des purges », soulignant qu’il s’agissait du plus clairsemé de l’ère post‑Mao.
Les chiffres concernant les militaires ont retenu l’attention des analystes. Tang Qing, journaliste chevronné installé aux États‑Unis et commentateur des affaires chinoises, a indiqué dans son podcast que, sur les 42 représentants de l’APL siégeant au Comité central, 27 étaient absents, dont 22 généraux — un taux d’absentéisme de 63 %.
Si neuf chefs militaires ont été officiellement exclus du Parti avant le Quatrième plénum, les 14 autres plus hauts gradés n’ont plus été vus en public ni mentionnés par les médias d’État, observe M. Tang. Parmi les absents de haut rang figurent le commandant de la marine Hu Zhongming, le commandant du théâtre Nord Huang Ming et le commissaire politique du théâtre Est Liu Qingsong.

Purge en cours dans les rangs

Ces absences s’inscrivent dans le sillage d’une vaste campagne anticorruption au sein de l’armée, qui a emporté plusieurs commandants de premier plan de la Force des fusées, de la Force de soutien stratégique et d’autres branches clés.
Depuis le 20e Congrès du PCC, en 2022, au moins 14 généraux ont été formellement écartés, dont les ex‑ministres de la Défense Li Shangfu et Wei Fenghe, l’ex‑vice‑président de la Commission militaire centrale (CMC) He Weidong et le chef du Département du travail politique Miao Hua.
Le dernier jour du plénum, les médias d’État n’ont annoncé qu’une seule nomination militaire : Zhang Shengmin, patron de la Commission de discipline de la CMC, a été promu vice‑président de la CMC, en remplacement de He Weidong.
Âgé de 67 ans, M. Zhang est un officier de carrière issu de la Force des fusées, étroitement associé aux chantiers anticorruption au sein de l’armée. Sa promotion laisse vacant son précédent poste — l’un des principaux organes de contrôle de la CMC —, signe que les mouvements de personnel se poursuivent.

Répliques politiques et promotions évitées

Outre les généraux manquants, le plénum a également écarté sept promotions attendues, une entorse rare au protocole partisan qui pourrait annoncer leur disgrâce. Parmi les évincés figurent des alliés de longue date de Xi dans l’armée, originaires comme lui du Shaanxi.
Wang Youqun, ancien conseiller et plume de Wei Jianxing, membre du Comité permanent du Politburo entre 1997 et 2002, écrit dans l’édition chinoise d’Epoch Times que tous les chefs militaires purgés ou marginalisés appartiennent au premier cercle de Xi et de ses subordonnés.
« Presque tous sont des alliés de confiance de Xi Jinping, le cœur de sa prétendue “faction des loyalistes”. Cette dernière vague ébranle le socle même du pouvoir de Xi », affirme‑t‑il.
Des sources proches de l’armée chinoise ont indiqué à Epoch Times que la recomposition des effectifs militaires résulte d’un bras de fer entre Xi et le vice‑président de la CMC, Zhang Youxia, qui incarne une mouvance technocratique de l’armée chinoise pas toujours alignée politiquement sur Xi.

Des fissures dans l’emprise de Xi

Xi s’emploie depuis des années à resserrer sa mainmise sur les forces armées au moyen de campagnes anticorruption et de remaniements. La vague de disparitions et d’absences mise au jour lors du plénum illustre toutefois des turbulences persistantes plutôt qu’un retour à la stabilité.
M. Tang souligne que Xi préside désormais une CMC réduite à quatre membres actifs sur sept, bien en deçà de son format complet. Plusieurs postes clés — direction du Département du travail politique, tête de la Force des fusées et direction du Bureau général de la CMC — restent vacants.
Alors que le communiqué officiel du plénum insiste sur l’unité du Parti derrière Xi, l’absence d’un si grand nombre de hauts gradés et l’opacité entourant leur sort interrogent sur la discipline de l’APL et sa loyauté à l’égard de Xi.
Kou Chien‑wen, professeur de science politique à l’université nationale Chengchi, à Taïwan, a déclaré à des médias singapouriens que la purge et les enquêtes à grande échelle au sein de l’armée chinoise sont loin d’être terminées et que les actuels cadres militaires du PCC ne sont tout simplement pas aptes à une promotion.
« La CMC n’a pas pourvu les postes vacants parce que les enquêtes ne sont pas achevées et, faute de certitude sur la loyauté des uns et des autres, il a été décidé de ne pas bouger », dit‑il. « Ils n’agissent pas parce qu’ils n’ont personne en qui ils puissent avoir confiance. »