Le PCC manipule et contrôle les données pour mener une répression transnationale

Visiteurs au Centre d'analyse de données lors de l'Exposition internationale chinoise du Big Data 2017 au Centre international de conférences écologiques de Guiyang, en Chine, le 27 mai 2017.
Photo: Lintao Zhang/Getty Images
Les outils numériques et la manipulation des données du Parti communiste chinois lui permettent de mener une répression transnationale, selon plusieurs experts récemment interrogés par Epoch Times.
La répression transnationale se produit « lorsque des gouvernements étrangers s’étendent au-delà de leurs frontières pour intimider, réduire au silence, contraindre, harceler ou nuire aux membres de leur diaspora et de leurs communautés exilées aux États-Unis », selon le FBI.
Le PCC surveille les mégadonnées
Pendant des années, Chen Ende, originaire de la ville de Zhengzhou dans la province du Henan en Chine, a travaillé sur divers projets technologiques, notamment la gestion et le traitement de données d’Alibaba Cainiao Technology ainsi que la plateforme d’affaires gouvernementales de Tianque Technology.
En 2018, M. Chen a rejoint Cainiao Network Technology, la branche logistique d’Alibaba, le premier géant chinois du commerce électronique qui exploite diverses entreprises dans le monde entier.
Son travail consistait à collecter et à organiser les informations logistiques des utilisateurs et à les vendre aux sociétés nationales de livraison express.
M. Chen s’est dit surpris que le système interne de l’entreprise ait pu accéder à un ensemble complet d’informations sur les utilisateurs, y compris des enregistrements d’achats, des détails sur les produits, des noms de destinataires, des numéros de téléphone et des adresses.
Il a noté qu’Alibaba dispose d’une branche politique, ou d’un comité lié au Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, qui garantit que l’entreprise adhère à l’idéologie du Parti, et que les données peuvent être fournies aux autorités du PCC sur demande.
« Tant que le gouvernement veut cibler quelqu’un, toutes ces informations peuvent être rapportées immédiatement, et personne ne refusera [la demande des autorités] », a expliqué M. Chen à l’édition chinoise d’Epoch Times.
Fin 2019, M. Chen a rejoint Tianque Technology, dont le siège social est à Hangzhou. L’entreprise fournit des services numériques aux agences gouvernementales.
Dans la province du Zhejiang, l’entreprise est responsable du système de gestion du réseau du régime chinois, qui divise les communautés en unités plus petites et gérables, ou réseaux, pour surveiller la population, le logement et les activités sociales.
Ce système permet de signaler en temps réel les individus dont le comportement est jugé « inhabituel » par les autorités et de les surveiller, a expliqué M. Chen. Il est connu pour traquer les dissidents et les critiques du PCC.
Pendant la pandémie de Covid-19, l’équipe de projet de M. Chen a travaillé sur le système de codes sanitaires d’Alibaba. Ils ont surveillé quotidiennement les données statistiques et ont constaté des écarts entre le nombre d’infections et le nombre de nouveaux cas.
« Il y avait de nouveaux cas chaque jour, mais le nombre affiché était nul », a-t-il déclaré.
Le PCC a l’habitude de dissimuler les informations et de publier des données peu fiables, notamment en sous-estimant le nombre d’infections par le Covid-19 et de décès qui y sont liés depuis le début de la pandémie au début de l’année 2020.
Le système de code sanitaire, basé sur des tests de masse et le statut vaccinal mis en place par Pékin pendant la pandémie, a restreint les déplacements de la population.
M. Chen a critiqué la politique de confinement draconienne du PCC, soulignant que le code de santé contribuait à des tragédies, telles que la famine et le manque d’accès aux soins médicaux.
Il a déclaré avoir dit aux dirigeants de Tianque Technology que leur travail « aidait et encourageait le Mal » – une opinion que l’entreprise considérait comme « incorrecte ». Il a été licencié en juillet 2020.

Un passager montre un code QR vert sur son téléphone pour indiquer son état de santé à la sécurité à son arrivée à la gare de Wenzhou, en Chine, le 28 février 2020. (Noel Celis/AFP via Getty Images)
Le PCC manipule les données
La manipulation et la falsification des données par le PCC révèlent des failles systémiques dans sa gouvernance, selon Sun Kuo-hsiang, professeur des affaires internationales et commerciales à l’université de Nanhua, à Taïwan.
« La distorsion des données officielles conduit à une élaboration de politiques fondée sur de fausses bases », ce qui, à son tour, « continue de provoquer des conflits sociaux », a-t-il récemment expliqué à l’édition chinoise d’Epoch Times.
La falsification des données par le PCC peut également avoir des conséquences mondiales importantes, a-t-il déclaré.
« En tant que deuxième économie mondiale, les données économiques de la Chine sont largement utilisées par les gouvernements, les entreprises et les organisations d’autres pays », a indiqué M. Sun.
« Si le PCC manipule délibérément les données statistiques, ça entraîne des erreurs de jugement en matière d’investissement, de planification de la chaîne d’approvisionnement et de politique monétaire dans divers pays. »
Tyrannie numérique
M. Chen a indiqué que depuis 2016, le PCC a fait la promotion de son yuan numérique, ou portefeuille numérique, et que le 15 juillet, il a officiellement lancé son identifiant numérique. Le système a couvert 17 provinces à travers la Chine et est connecté à 67 systèmes d’application couramment utilisés, dont WeChat, Taobao, Xiaohongshu, China Railway 12306, le Conseil d’État du PCC et les plateformes des gouvernements locaux.
Il a averti qu’une fois que les identifiants numériques deviendront obligatoires sur toutes les plateformes, « si vous vous retrouvez un jour sur la ‘liste noire’ du PCC, le régime n’aura pas besoin d’envoyer la police pour vous arrêter ».
« Il lui suffira de s’asseoir à un bureau et d’utiliser une souris pour bloquer votre identité numérique, vous privant ainsi de toutes vos libertés et de tous vos droits sociaux. »
« Vous ne pouvez pas travailler, faire vos courses, utiliser les transports publics ou consulter un médecin […] Même si vous êtes en vie, à l’ère de l’information, vous êtes comme mort. »
M. Sun a souligné que les applications et plateformes chinoises comme WeChat, QQ et Alipay, utilisent toutes des systèmes utilisant les noms réels et doivent transmettre des données au PCC, conformément à la loi sur la sécurité du régime.
« Si les Chinois d’outre-mer continuent d’utiliser ces plateformes, leurs messages, leurs emplacements géographiques et leurs contacts peuvent être suivis par le régime », a averti M. Sun.
À l’échelle mondiale, il a indiqué qu’à travers les entreprises chinoises, telles que les fournisseurs de services d’informatique dématérialisée et les fournisseurs d’équipements de communication, le PCC peut accéder aux marchés d’autres pays et obtenir secrètement leurs données.
M. Sun a également mis en garde contre le risque que le PCC exporte sa tyrannie numérique dans les pays en développement en tant que « modèle de gouvernance réussi », en utilisant notamment la falsification des données et la technologie à des fins de contrôle social.
Répression transnationale
M. Chen a quitté la Chine pour les États-Unis en 2023 et a rejoint une branche étrangère du Parti démocratique chinois, fondé en Chine en 1998 dans le but de promouvoir la démocratie, mais interdit par le PCC. Il a participé à la production de vidéos anticommunistes.
Cette année, la famille de M. Chen en Chine, ainsi que les familles de trois collègues qui ont travaillé avec lui à la production des vidéos, ont été menacées par la police chinoise, qui a fait pression sur eux pour qu’ils cessent de créer ces documents.
« Je préfère mourir sur la route pour la liberté que vivre dans le mensonge et la peur », a-t-il déclaré. « Nous nous battrons jusqu’au bout. »
D’après M. Sun, le PCC associe les données aux menaces dans le cadre de sa répression transnationale.
« Il utilise les données pour recueillir des informations sur les proches, les biens et les relations sociales des dissidents étrangers ciblés, puis les reprend pour les menacer. »
Il a ajouté que le PCC recourait également à la manipulation de l’opinion publique à grande échelle pour répandre des rumeurs, discréditer les dissidents ou les harceler en ligne par l’intermédiaire de trolls et de comptes robots.

Des manifestations devant l’America ChangLe Association, un commissariat secret chinois désormais fermé, mettent en lumière la répression transnationale exercée par Pékin, à New York, le 25 février 2023. (Samira Bouaou/Epoch Times)
Les autorités chinoises collectent des données et des informations personnelles sur les utilisateurs étrangers, « notamment des données biométriques, et des données sur les activités sur les médias sociaux et les communications, par l’intermédiaire des entreprises technologiques qu’elles contrôlent, TikTok et WeChat, afin de suivre les dissidents étrangers et les groupes ethniques minoritaires tels que les Ouïghours, les Tibétains et les pratiquants du Falun Gong », a récemment expliqué à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times Hu Decheng, ancien directeur général d’une entreprise de communication dans la province de Heilongjiang.
Selon les dernières données publiées par Freedom House, une organisation de défense des droits de l’homme basée aux États-Unis, à Washington, le PCC « reste l’auteur le plus prolifique » de la répression transnationale de ces dix dernières années.
En 2022, l’association de défense des droits de l’homme Safeguard Defenders a révélé que des postes de police secrets liés au PCC avaient été mis en place en Occident, notamment à New York, pour mener une répression transnationale contre les dissidents, les militants des droits de l’homme, les minorités religieuses et les pratiquants du Falun Gong.
Le Falun Gong, aussi appelé Falun Dafa, est une pratique spirituelle qui encourage ses pratiquants à respecter les principes fondamentaux d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. Présentée au public pour la première fois en 1992, sa popularité a connu une croissance exponentielle, les estimations officielles indiquant qu’en 1999, au moins 70 millions de personnes en Chine la pratiquaient.
Craignant que la popularité du Falun Gong ne constitue une menace pour le pouvoir du PCC, le régime a lancé une campagne brutale pour éradiquer cette pratique en juillet 1999.
Depuis lors, des millions de pratiquants de Falun Gong ont été détenus dans des prisons, des camps de travail et d’autres établissements, et des centaines de milliers d’entre eux ont été torturés pendant leur incarcération, tandis que d’autres ont été tués pour leurs organes, selon le Centre d’information du Falun Dafa.
Ces dernières années, Pékin a exercé des pressions diplomatiques pour saboter Shen Yun Performing Arts, une compagnie new-yorkaise fondée par des pratiquants de Falun Gong qui présente la « Chine avant le communisme ». Le PCC a fait pression sur les théâtres locaux et les fonctionnaires du monde entier pour qu’ils annulent les contrats déjà signés et les spectacles prévus. Selon un rapport du Centre d’information sur le Falun Dafa datant de 2024, plus de 130 incidents documentés d’interférence menée par des fonctionnaires chinois ou leurs mandataires ont visé des spectacles de Shen Yun dans 38 pays.
Les méthodes numériques utilisées par le PCC incluent les cyberattaques contre les dissidents à l’étranger, la diffusion de fausses informations, l’intimidation et la censure grâce aux plateformes de médias sociaux, a expliqué M. Hu.
Dans sa répression transnationale, le PCC combine des données et des technologies de réseau avancées pour former un réseau mondial de surveillance et de répression complexe et efficace.
Cheng Mulan, Chang Chun et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.

Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.
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