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Le patron de l’ASIO met en garde le PCC contre les ingérences étrangères
Mike Burgess affirme que Pékin reste étroitement surveillé par l’agence de renseignement australienne.

Un navire de la marine chinoise (à l’arrière gauche) croise un destroyer australien (à droite) lors d’une opération maritime conjointe près du récif de Scarborough, le 3 septembre 2025.
Photo: Ted Aljibe/AFP via Getty Images
Mike Burgess, directeur de l’Australian Security Intelligence Organisation (ASIO : Organisation australienne du renseignement de sécurité), a signalé que Pékin reste une priorité absolue sur le radar sécuritaire australien.
Si M. Burgess a évité de citer la Chine dans son discours officiel, où il a alerté sur le fait que plus de trois nations sont désormais prêtes et capables de « mener des actions létales » en Australie, il a cependant clarifié, par la suite, sa position.
Interrogé sur l’absence du mot « Chine » dans son dernier discours, M. Burgess a répliqué : « Comment savez-vous que je n’évoquais pas des choses faites par la Chine dans mes propos aujourd’hui ? », puis il a ajouté : « Nous nous espionnons tous mutuellement, mais nous ne procédons pas à des vols massifs de propriété intellectuelle. Nous n’interférons pas réellement dans les systèmes politiques et nous ne menons pas d’opérations à risques majeurs. »
Ceci intervient après qu’il a révélé que l’ASIO avait récemment mis en échec un service de renseignement cherchant à recruter des Australiens et à subtiliser des secrets stratégiques — concernant notamment l’économie, les minerais critiques et l’alliance AUKUS.
Les agents auraient aussi « voulu remettre une liste de leurs besoins en renseignement — les cibles humaines et thématiques à surveiller », a-t-il précisé.
Les pressions occultes de Pékin
M. Burgess indique que le Parti communiste chinois (PCC) a tenté à plusieurs reprises de faire pression contre les déclarations publiques de l’ASIO au sujet de ses agissements, sans jamais l’affronter directement.
Il estime que Pékin pourrait ne pas saisir la spécificité du système australien, où les agences de renseignement fonctionnent de manière indépendante, bien qu’elles servent le gouvernement en place.
« Je trouve cela très intéressant, car s’ils étaient aussi intelligents qu’ils le devraient — et ils le sont — ils comprendraient ce qu’est une démocratie libérale occidentale, le rôle et le statut statutaire du service de sécurité », a-t-il affirmé.
À la différence du système communiste chinois, où les services de sécurité sont placés sous l’autorité directe du Parti et où toute institution dissidente ne peut fonctionner de façon autonome, les services australiens sont conçus pour fournir des évaluations impartiales, protégées des orientations politiques du moment.
« Ils n’ont, visiblement, pas compris le système, car si leur but est de reprocher à l’ASIO d’accomplir sa mission… cela ne modifiera en rien ma détermination », a-t-il poursuivi.
Il a réitéré qu’il continuerait « à dénoncer le PCC dès que nécessaire », soulignant avoir choisi de ne pas citer la Chine uniquement parce que le sujet immédiat portait sur les menaces létales d’États.
« Dans les cas extrêmes, il ne s’agit pas de la Chine, même si nous avons également des inquiétudes sur ce plan », a-t-il précisé.
En 2023, M. Burgess avait déjà accusé les services du PCC de « vol massif de propriété intellectuelle… sur plusieurs décennies » au détriment de l’Australie.
« Ce comportement doit être dénoncé et traité », avait-il martelé.
Relations avec alliés et adversaires
M. Burgess n’a ni confirmé ni démenti les informations récentes d’une visite à Pékin en 2023 pour des discussions de renseignement, mais il a insisté sur le fait que l’ASIO maintient des canaux aussi bien avec ses alliés qu’avec ses adversaires.
« L’ASIO entretient des relations avec quelque 351 services de renseignement… répartis dans 124 pays », a-t-il exposé. « Certains sont des alliés proches. D’autres ne sont vraiment pas des amis. »
Il a complété : « Oui, il m’arrive d’avoir des conversations sérieuses même avec ceux qui représentent une menace pour ce pays. Ce canal de renseignement est absolument essentiel. »
La Nouvelle‑Zélande adopte une ligne dure
La communication calibrée de l’Australie contraste avec le ton plus direct adopté par Wellington.
Le rapport sur la sécurité nationale de la Nouvelle‑Zélande, publié en 2024, désigne Pékin comme « la menace la plus active », alertant sur des tentatives d’interférences politiques et de pression sur les communautés sino-australiennes et sino-néo-zélandaises.
Ce rapport pointe du doigt les lois de sécurité nationale du PCC, risquées pour les entreprises néo-zélandaises : la législation « impose à toute personne ou organisation en Chine de satisfaire aux exigences des services de renseignement », exposant potentiellement à une extraction de données commerciales et de propriété intellectuelle.
« Les entreprises néo-zélandaises ne devraient pas avoir à se méfier… mais elles doivent agir en conscience et avec discernement » quant aux informations rendues accessibles, précise encore le document.
Tensions croissantes sur la défense
Les déclarations de Burgess interviennent alors que l’Australie fait face à une nouvelle zone de frictions avec Pékin en matière de défense.
Fin de semaine dernière, le HMAS Ballarat a rejoint les forces américaines, philippines et néo-zélandaises pour une opération navale conjointe dans l’est de la mer de Chine méridionale, le ministère de la Défense réaffirmant son soutien à la « liberté de navigation et de survol » dans la zone.
Cette coopération fait suite à une série d’incidents dangereux en vol.
Le 19 octobre, un chasseur du PCC a tiré des leurres près d’un avion de surveillance australien P-8A — conduisant à une intervention directe du Premier ministre Anthony Albanese.
« J’ai indiqué très clairement qu’il s’agissait d’un incident préoccupant pour l’Australie », a-t-il souligné, insistant : « les désaccords majeurs doivent être gérés par la diplomatie afin d’éviter toute erreur de calcul. »
Deux incidents similaires impliquant des leurres ont eu lieu plus tôt dans l’année ; avions et navires australiens sont régulièrement confrontés à des défis près des eaux contestées.
Plus tôt cette année, des manœuvres navales chinoises à tirs réels en mer de Tasmanie ont aussi contraint à détourner temporairement des liaisons aériennes civiles.

Naziya Alvi Rahman est une journaliste de Canberra qui couvre les questions politiques en Australie. Elle peut être contactée à l'adresse Naziya.Alvi@EpochTimes.com.au.
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