Le journal militaire officiel du PCC appelle à la préparation à la guerre

Des soldats de l’Armée populaire de libération réunis dans les monts Pamir, à Kashgar, dans la région du Xinjiang au nord-ouest de la Chine, le 4 janvier 2021.
Photo: STR/AFP via Getty Images
Le journal militaire officiel du régime communiste chinois a publié, durant la semaine des célébrations de la « Fête nationale », un éditorial appelant l’armée à demeurer en état permanent de préparation au combat.
Cet appel à la vigilance intervient alors que le Parti communiste chinois (PCC) poursuit une purge drastique de ses plus hauts gradés et que la menace persistante de la prise de Taïwan par la force pèse sur le régime.
Certains analystes émettent des doutes sur les réelles capacités opérationnelles des forces armées du PCC et sur les motivations et le timing de cette déclaration.
Le 6 octobre, jour de la Fête de la Mi-Automne — événement traditionnel important intervenant la même semaine que la « Fête nationale » — le journal People’s Liberation Army Daily a publié un court commentaire en Une. L’article affirme que la situation sécuritaire de la Chine communiste est « de plus en plus instable et incertaine », justifiant un état permanent de préparation militaire, et que les officiers et soldats de l’Armée populaire de libération (PLA : People’s Liberation Army) doivent veiller à être « toujours prêts à combattre » et « capables de se battre à tout instant ».
Depuis plusieurs années, la PLA fait l’objet d’une purge sévère au sein de son état-major, près de 100 généraux ont été écartés, dont certains proches du dirigeant Xi Jinping.
Sur les sept membres de la Commission militaire centrale du PCC, seuls quatre siègent encore. Trois ont été révoqués sans être remplacés, notamment le fauteuil de l’ex-ministre de la Défense Li Shangfu, vacant depuis 2023. Après l’éviction de Miao Hua, ancien directeur du département du travail politique de la commission, en 2024, le poste crucial est resté vacant. Le vice-président de la Commission, He Weidong, a disparu de la scène publique depuis mars 2025, sans annonce officielle sur son sort. Le vice-président restant, Zhang Youxia, se retrouve seul à gérer la situation générale.
Cette purge et la vacance des postes de direction illustrent, selon nombre d’observateurs, une perte de commandement central pour la direction organisationnelle et politique de l’armée du PCC.
Le PCC a récemment annoncé que son principal rendez-vous politique, la Quatrième Session plénière du Comité central, se tiendra à Pékin du 20 au 23 octobre, réunion qui devrait statuer sur les nominations aux postes militaires vacants et révéler quelle faction contrôle le parti et l’armée.
Le système de commandement militaire haut placé « est actuellement semi-paralysé, il ne fonctionne plus vraiment », déclare l’animateur de la populaire émission militaire chinoise « Mark Space » sur NTDTV.com, média affilié à Epoch Times. Pour des raisons de sécurité, l’animateur préfère garder l’anonymat.
Si les détails de cette crise à la tête de l’armée se propageaient aux rangs intermédiaires et subalternes, « cela entraînerait une instabilité dans toute l’armée du PCC, pouvant déboucher sur une situation imprévisible et ingérable pour le Parti », explique-t-il à Epoch Times le 9 octobre.
Pour dissimuler la tourmente, le PCC a accru l’intensité des études politiques et des formations, « maintenant l’ensemble de l’armée occupée », ajoute-t-il. « En particulier, l’on occupe les rangs intermédiaires et subalternes avec des exercices et des entraînements continus, leur laissant peu de temps pour les questions politiques. C’est aussi un moyen de contrôle des personnels », analyse Mark à propos de l’article du PLA Daily.
L’appel à la « préparation à la guerre » s’inscrit dans une stratégie visant à mettre la pression sur les adversaires du régime et à atteindre des objectifs politiques, assure Chung Chih-tung, chercheur associé à l’Institut taïwanais pour la défense nationale et la sécurité, lors d’un entretien avec Epoch Times le 9 octobre.
« Pékin se prépare activement à un conflit militaire avec les États-Unis », observe-t-il, soulignant que « le commentaire du PLA Daily mentionne explicitement l’instabilité et l’incertitude de la situation sécuritaire chinoise, c’est là leur estimation globale ».
Dans le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale, « l’administration Trump affiche clairement sa volonté de maintenir la paix par la force », explique M. Chung. « Dès lors, si la Chine ne veut pas être considérée comme un tigre de papier, elle doit se montrer prête à un bras de fer et à un conflit militaire potentiel avec les États-Unis à tout moment ».
Il ajoute que « dès aujourd’hui, en temps de paix, l’objectif principal est de démontrer sa force militaire et son niveau de préparation aux États-Unis ».
Des capacités militaires contestées
Concernant l’aptitude actuelle du PCC à mener des opérations militaires, en particulier une invasion de Taïwan, les analystes demeurent sceptiques.
La corruption au sein de l’appareil militaire du PCC est « incommensurable », pointe Mark. « L’achat et la vente de postes à tous les niveaux ont en réalité entraîné une baisse substantielle de la capacité opérationnelle de l’armée ».
« Ceux qui sont réellement prêts à se battre, à risquer leur vie, sont probablement rares. Pour la majorité, l’armée est devenue une entreprise lucrative », analyse-t-il.
Le 3 septembre, le PCC a organisé un vaste défilé militaire à l’occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Asie, pour exposer ses nouveaux armements. « Par des préparatifs proactifs comme les parades et l’actuel appel à la mobilisation, la Chine espère dissuader ses adversaires et atteindre son objectif principal : vaincre l’ennemi sans avoir à combattre », avance M. Chung.
Sur la question d’une invasion de Taïwan, M. Chung rappelle que la PLA n’a aucune expérience combattante depuis la guerre contre le Vietnam en 1979 et qu’elle ne maîtrise pas les opérations de débarquements à large échelle. « Une invasion massive de Taïwan nécessiterait une opération amphibie d’une extrême complexité impliquant l’armée de terre, la marine et l’aviation, un défi redoutable pour la PLA », estime-t-il.
La corruption interne et la paralysie du système de commandement continuent de nourrir le scepticisme concernant la capacité du PCC à mener une guerre, ajoute M. Chung.

Des délégués militaires se rendent à la cérémonie d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire (ANP) au Grand Hall du Peuple de Pékin, le 5 mars 2025. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)
M. Chung note également que le défilé militaire constituait une célébration majeure pour le PCC, mais « le commandant en chef du défilé a été rétrogradé, passant du commandement général du théâtre central au général Han Shengyan, chef des forces aériennes du théâtre central. Cette bizarrerie illustre la crise en cours dans le système de commandement du PCC ».
Dernière confrontation
Mark et M. Chung précisent que la philosophie dominante du PCC est « tout pouvoir politique naît du canon d’un fusil » — celui qui contrôle l’armée contrôle le régime. La prochaine session plénière du PCC constituera une confrontation ultime entre les différentes factions, puisqu’elle décidera qui s’emparera des sièges militaires de premier plan actuellement vacants.
Ces postes sont vacants « du fait de conflits internes, probablement dus à des rivalités », observe Mark. « Si les proches de Xi Jinping obtiennent ces postes, cela signifiera qu’il contrôle l’armée et le régime. Il pourra alors tenter d’employer la force pour ‘unifier Taïwan’ ».
Pour M. Chung, la clé sera d’observer le sort de Zhang Youxia lors de la session plénière, « car Zhang Youxia est le seul militaire capable de menacer le pouvoir de Xi Jinping ».
Luo Ya et Ning Haizhong ont contribué à la rédaction de cet article.

Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.
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