Le cannabis nuit à la qualité des ovocytes humains, selon une étude

Photo: Kovalevich28/Shutterstock
Une nouvelle étude a apporté la première preuve directe que la consommation de cannabis peut provoquer des anomalies chromosomiques dans les embryons humains. Chez les femmes présentant des taux détectables de tétrahydrocannabinol (THC), on observe une augmentation de 9 % d’embryons génétiquement anormaux lors des traitements de fertilité.
Cette recherche, publiée dans Nature Communications, a analysé plus de 1000 femmes ayant recours à une fécondation in vitro (FIV). Elle apporte un éclairage sur l’impact du cannabis sur la fertilité féminine au niveau cellulaire, alors même que la consommation de cannabis continue d’augmenter chez les femmes en âge de procréer.
Le THC perturbe le développement normal de l’embryon
L’étude, menée par Cyntia Duval, embryologiste clinique et auteure principale, repose sur deux travaux réalisés par son équipe à Toronto (Canada).
Dans la première étude, les chercheurs ont exposé des ovocytes humains immatures au THC, le principal composé psychoactif du cannabis, pendant 24 heures. Ces ovocytes exposés présentaient un taux d’anomalies chromosomiques supérieur de 9 % et une fréquence accrue d’anomalies du fuseau mitotique (structures cellulaires qui séparent les chromosomes). Ces perturbations sont toutes deux associées à des échecs de FIV.
Dans la seconde étude, l’équipe a analysé des échantillons de femmes suivant un traitement de FIV, dont plus de 60 ont été testées positives au THC.
« Le cannabis peut aussi réduire la qualité des ovocytes, allonger le délai de conception et diminuer les chances de réussite de la fécondation in vitro », a déclaré à Epoch Times la Dre Trisha Shah, endocrinologue et spécialiste de la fertilité, non impliquée dans l’étude.
Dans cette seconde étude, seulement 60 % des embryons du groupe positif au THC présentaient le bon nombre de chromosomes, contre 67 % dans le groupe négatif. « La consommation de cannabis pourrait être associée à un taux plus élevé d’aneuploïdie [nombre incorrect de chromosomes] dans les ovocytes et les embryons, en particulier chez les patientes suivant une FIV », a expliqué Cyntia Duval à Epoch Times. Elle a ajouté que ces anomalies chromosomiques pourraient être liées à un taux d’implantation plus faible lors des FIV ou à un risque accru de fausse couche, même si l’étude n’a pas été conçue pour mesurer directement les issues de grossesse.
Les chercheurs n’ont pas non plus évalué la fréquence ni la quantité de cannabis consommée par les patientes, ce qui limite la précision des données.
« Nous ne connaissons pas leurs habitudes de consommation ni s’il s’agit d’utilisatrices chroniques », a précisé Cyntia Duval, soulignant que cela influence la répartition, l’élimination et les niveaux de THC dans l’organisme.
Les auteurs ont également rappelé que l’étude avait été menée en laboratoire, sans examiner les effets directement dans le corps humain, et qu’elle n’avait pas pris en compte l’âge des patientes, facteur pourtant connu pour influencer la qualité des ovocytes.
Ces résultats interviennent alors que l’usage du cannabis pendant la grossesse a plus que triplé aux États-Unis entre 2002 et 2020, les femmes de 19 à 30 ans consommant désormais davantage que les hommes. Cette tendance accompagne une baisse généralisée de la natalité dans les pays développés.
Des recherches antérieures avaient déjà associé la consommation de cannabis pendant la grossesse à l’autisme, à un faible poids de naissance, à des naissances prématurées et à des mortinaissances. D’autres études ont aussi montré que le cannabis réduit la fertilité masculine, l’une d’elles révélant une baisse de 28 % du nombre et de la concentration des spermatozoïdes chez les consommateurs.
Éviter le cannabis lorsqu’on souhaite concevoir, selon un expert
Le Dr Tiao-Virirak Kattygnarath, gynécologue-obstétricien et spécialiste de la fertilité, non impliqué dans l’étude, a déclaré à Epoch Times que ces résultats renforcent les recommandations déjà existantes. Selon lui, la consommation de cannabis pourrait interférer avec l’ovulation, l’équilibre hormonal et la préparation de l’utérus à la grossesse.
« Les femmes qui consomment du cannabis peuvent mettre plus de temps à concevoir », a-t-il souligné. « L’approche la plus sûre est d’éviter le cannabis lorsqu’on essaie de tomber enceinte. »
Il conseille aux femmes qui consomment du cannabis de manière récréative d’arrêter avant de tenter de concevoir, ainsi que durant la grossesse et l’allaitement.
« Même une consommation faible ou occasionnelle peut réduire les chances de grossesse par cycle », a-t-il averti. « Si le cannabis est utilisé pour des raisons médicales, il est préférable d’en discuter avec un médecin afin de trouver des alternatives plus sûres. »

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