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Les « signaleurs de confiance » de l'Arcom

L’Arcom cible les influenceurs et mise sur des « signaleurs de confiance » pour lutter contre la haine en ligne

L’Arcom, qui relance son observatoire de la haine en ligne, veut créer deux groupes de travail en misant sur des « signaleurs de confiance », afin de mieux identifier les dérives numériques. 

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Siège de l'ARCOM, l'autorité française de régulation de l'audiovisuel et des communications numériques.

Photo: : THIBAUD MORITZ/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Alors que le gouvernement français multiplie les initiatives pour encadrer les usages du numérique — Emmanuel Macron veut faire de la lutte contre les dérives numériques une priorité de la dernière phase de son quinquennat —, l’Arcom entend, elle aussi, renforcer son combat contre les contenus haineux sur internet. Selon BFMTV, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a annoncé une refonte de son observatoire de la haine en ligne. 

Deux groupes de travail mis en place 

Déjà engagée depuis plusieurs mois dans ce chantier, l’Arcom souhaite « réaffirmer le rôle stratégique de l’observatoire » et « concentrer les travaux » sur des tendances précises. Deux groupes de travail seront constitués : le premier se penchera sur « le rôle des influenceurs et des créateurs de contenus », tandis que le second analysera « les plateformes et leurs outils de prévention ». 
L’autorité cherche à identifier les obstacles techniques, juridiques ou organisationnels et à proposer des recommandations concrètes. À terme, ces propositions pourraient nourrir de futures évolutions législatives et servir de base à « une instance de dialogue clairement identifiée et structurée », rapporte BFMTV.  

Des « signaleurs de confiance » pour épauler les plateformes 

Cette refonte de l’observatoire s’accompagne d’un soutien gouvernemental. Comme le rappelle la chaîne d’information en continu, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a lancé en juillet 2025 une coalition d’associations, appuyée par un financement de l’État. Cette coalition comprend entre autres Le Crif mais aussi la Fédération des centres LGBTI+, la Licra, Osez le féminisme, le Planning familial, Sos Homophobie, SOS Racisme, etc.  Ce dispositif doit permettre de créer des « signaleurs de confiance », chargés de rapporter les contenus problématiques repérés en ligne. 
L’autorité précise que « la lutte contre la haine en ligne passe par la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes », citant les pouvoirs publics, les associations et les chercheurs.
L’initiative s’inscrit dans le prolongement de la controversée loi Avia de 2020, qui impose déjà aux acteurs du numérique de proposer des dispositifs clairs de signalement et de modération, notamment en cas de cyberharcèlement. 
D’ici 2026, l’Arcom souhaite que ses groupes de travail identifient les risques majeurs et définissent une ligne de conduite claire pour encadrer les contenus illégaux ou biaisés, en analysant à la fois les pratiques des créateurs et les mécanismes de modération des plateformes. 

La lutte contre les dérives numériques d’Emmanuel Macron  

Lors d’un débat à Toulouse sur « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux », le 12 novembre dernier, Emmanuel Macron a indiqué qu’il n’excluait pas de quitter certaines plateformes, dont X, TikTok ou Instagram. Le président a précisé réfléchir « avec beaucoup d’attention » à cette éventualité, tout en souhaitant d’abord « mener la bataille en interne » pour renforcer la régulation et la transparence des réseaux. 
Critiquant « le bruit et la fureur » des réseaux, il a aussi plaidé pour une interdiction d’accès aux réseaux sociaux jusqu’à un certain âge, jugeant leurs effets néfastes sur la jeunesse et la démocratie. Le chef de l’État entend faire de cette lutte contre les dérives numériques l’un des thèmes majeurs de la fin de son quinquennat.  

Un « ministère de la Vérité » européen 

Au niveau européen, plusieurs enquêtes ont été ouvertes à l’encontre de certaines plateformes, dont X (anciennement Twitter), soupçonnées de ne pas respecter leurs obligations en matière de modération. 
Le 12 novembre dernier, la Commission européenne a présenté son « bouclier démocratique » pour protéger les démocraties de l’UE contre la désinformation et les ingérences étrangères, incluant un observatoire des médias numériques, un réseau de fact-checkeurs et un soutien renforcé au journalisme et à l’éducation aux médias. 
Ces annonces suscitent une vive controverse parmi certains parlementaires européens, qui dénoncent une dérive vers un contrôle centralisé de l’information et un « ministère de la Vérité ». Selon eux, le dispositif pourrait servir à encadrer idéologiquement l’information et à limiter le pluralisme, sous couvert de lutte contre la désinformation et les ingérences étrangères.