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L’Amérique inflige des sanctions aux principales sociétés pétrolières russes
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que les États-Unis « sont prêts à prendre d’autres mesures si nécessaire » et a appelé Moscou à accepter immédiatement un cessez-le-feu.

Le Kremlin se reflète dans l’enseigne du géant pétrolier russe Rosneft contrôlé par l'État, vu à Moscou, le 17 mai 2011.
Photo: DMITRY KOSTYUKOV/AFP via Getty Images
Les États-Unis ont annoncé le 22 octobre de nouvelles sanctions contre la Russie, visant les deux plus grandes compagnies pétrolières du pays, Rosneft et Lukoil, dans le but de limiter la capacité du Kremlin à financer sa machine de guerre.
« J’ai estimé que le moment était venu », a déclaré Donald Trump aux journalistes alors qu’il recevait le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte. « Nous avons attendu longtemps. »
« Ce sont des sanctions considérables », a-t-il ajouté.
« Nous espérons qu’elles ne dureront pas longtemps. Nous espérons que la guerre sera réglée. »
De son côté, Mark Rutte a salué ces nouvelles sanctions, affirmant qu’elles exerceraient « une pression supplémentaire » sur la Russie.
Les sanctions ont été imposées le 22 octobre par l’Office of Foreign Assets Control du Trésor américain et toucheront également les filiales des deux compagnies pétrolières.
« Le moment est venu de mettre fin aux tueries et d’instaurer un cessez-le-feu immédiat », a souligné le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans un communiqué.
« Étant donné le refus du président Poutine de mettre fin à cette guerre insensée, le Trésor soumet aux sanctions les deux plus grandes compagnies pétrolières russes qui financent la machine de guerre du Kremlin. Le Trésor est prêt à prendre d’autres mesures si nécessaire pour soutenir les efforts du président Trump visant à mettre fin à encore une guerre. Nous encourageons nos alliés à se joindre à nous et à respecter ces sanctions. »
L’annonce est intervenue alors que les efforts en faveur d’un cessez-le-feu avaient stagné. Le 21 octobre, Donald Trump a annulé une rencontre prévue avec Vladimir Poutine, soulignant que ce serait « une perte de temps ».
« Chaque fois que je parle à Vladimir, j’ai de bonnes conversations, mais elles n’aboutissent à rien. Elles n’aboutissent tout simplement à rien », a déclaré Donald Trump aux journalistes lors de sa rencontre avec Mark Rutte.
Interrogé sur l’envoi de missiles Tomahawk en Ukraine, M. Trump a répondu qu’il faudrait de six mois à un an d’entraînement intensif pour utiliser efficacement ces armes complexes. Il a précisé que les États-Unis ne participeraient pas au déploiement de ces missiles contre la Russie.
La décision de Trump d’annuler un éventuel sommet avec Poutine a suivi un appel téléphonique entre le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Les deux diplomates devaient se rencontrer cette semaine pour préparer un éventuel sommet entre les dirigeants, mais la Maison-Blanche a jugé que le sommet n’était « pas nécessaire » après cet appel.
Par conséquent, le président américain n’a « aucun projet » de rencontre avec M. Poutine dans un avenir proche, a déclaré la Maison-Blanche dans un communiqué.
En août, MM. Trump et Poutine s’étaient rencontrés en Alaska, sans parvenir à une percée en faveur de la paix. Après ce sommet, le président russe devait rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais cette rencontre n’a jamais eu lieu.
Le 21 octobre, Donald Trump a rappelé que son administration avait déjà œuvré pour « éteindre huit guerres » et qu’elle mettrait bientôt fin à une neuvième, faisant apparemment référence à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
L’administration Trump a récemment intensifié la pression sur Vladimir Poutine pour qu’il mette fin à la guerre en Ukraine. La semaine dernière, le secrétaire à la Guerre des États-Unis, Pete Hegseth, a averti Moscou que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN « imposeraient des coûts » à la Russie si elle ne mettait pas rapidement fin à cette guerre.
M. Hegseth a indiqué que les États-Unis et l’Europe envoyaient un « message clair » à la Russie.
« Le moment est venu de mettre fin à cette guerre tragique, d’arrêter l’effusion de sang inutile et de s’asseoir à la table des négociations », a-t-il martelé.
« Si cette guerre ne se termine pas, s’il n’y a pas de voie vers la paix à court terme, alors les États-Unis, avec leurs alliés, prendront les mesures nécessaires pour imposer des coûts à la Russie pour son agression continue. »
Donald Trump a également incité d’autres pays à cesser d’acheter du pétrole russe, alors que Washington poursuit sa campagne de pression sur Moscou. Le 15 octobre, il a déclaré que l’Inde s’était engagée à cesser d’acheter du pétrole à la Russie « dans un court laps de temps ».
« C’est une étape importante », a-t-il ajouté. « Maintenant, [je dois] faire en sorte que la Chine fasse la même chose. »
Le lendemain, le chef de la majorité au Sénat, le républicain John Thune, a annoncé que le Sénat voterait bientôt un projet de loi conférant à Donald Trump le pouvoir d’imposer de vastes sanctions secondaires aux pays qui continueraient d’acheter du pétrole russe.
Selon les dispositions de ce projet de loi, les États-Unis imposeraient des droits de douane de 500 % sur tous les biens et services russes, ainsi que sur ceux des nations qui achètent de l’uranium et des produits pétroliers russes.

Emel Akan est journaliste spécialiste de la politique économique à la Maison-Blanche à Washington, D.C. Auparavant, elle a travaillé dans le secteur financier en tant que banquière d'investissement chez JPMorgan et en tant que consultante chez PwC. Elle est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’université de Georgetown.
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