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La purge des généraux les plus proches de Xi Jinping suscite des questions sur son contrôle de l’armée du PCC

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Le vice président de la Commission militaire centrale de la République populaire de Chine, Zhang Youxia, et He Weidong (au premier plan), prêtent serment aux côtés des membres de la Commission militaire centrale après leur nomination lors de la quatrième séance plénière de l’Assemblée nationale populaire, à Pékin, le 11 mars 2023.

Photo: Lintao Zhang/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Dans le plus important remaniement des forces armées chinoises depuis des années, neuf officiers supérieurs de l’Armée populaire de libération (APL) ont été expulsés du Parti communiste chinois (PCC), a annoncé vendredi le ministère chinois de la Défense.
Le ministère a indiqué que les neuf responsables, dont l’un des deux vice‑présidents de la Commission militaire centrale (CMC), avaient été exclus pour « violations disciplinaires et crimes présumés graves liés à l’exercice de leurs fonctions ».
Zhang Xiaogang, porte‑parole du ministère, a déclaré dans un communiqué qu’une enquête avait mis au jour des délits impliquant des « montants énormes » de gains illicites, d’une « extrême gravité » et à « l’impact scandaleux ». Leurs dossiers ont été transmis aux procureurs militaires à la suite de leur expulsion du PCC.
Selon le communiqué, figurent parmi les exclus He Weidong, vice‑président de la CMC et l’un des alliés les plus proches du dirigeant chinois Xi Jinping, ainsi que Miao Hua, ancien chef du Département du travail politique de la CMC ; He Hongjun, ancien directeur adjoint dudit département ; Wang Xiubin, ancien directeur adjoint du Centre de commandement des opérations conjointes de la CMC ; Lin Xiangyang, ancien commandant du théâtre d’opérations Est de l’APL ; Qin Shutong, ancien commissaire politique des forces terrestres de l’APL ; Yuan Huazhi, ancien commissaire politique de la marine de l’APL ; Wang Houbin, ancien commandant de la Force des fusées ; et Wang Chunning, ancien commandant de la Police armée du peuple.
Ces expulsions marquent une escalade significative de la campagne anticorruption menée depuis une décennie par Xi au sein de l’armée, soulignant à la fois l’ampleur de l’épuration interne et le resserrement de l’emprise du chef du PCC sur la hiérarchie militaire chinoise.

Des officiers liés au fief fujianais de Xi

Plusieurs des généraux limogés partagent un dénominateur commun : leur lien avec les années de Xi en province du Fujian, où il a servi de 1985 à 2002 dans l’appareil du PCC. Durant cette période, Xi a tissé des liens étroits avec la 31e armée de l’APL, unité clé stationnée dans la région et souvent qualifiée depuis d’« armée fétiche » de Xi.
He Weidong, qui fut chef d’état‑major de la 31e armée en 2007 avant de prendre le commandement du théâtre d’opérations Est, est largement considéré comme l’un des protégés de Xi. Sa nomination comme vice‑président de la CMC en 2022 a bousculé les usages : il a été propulsé à ce poste sans avoir siégé auparavant comme membre titulaire du Comité central, signe de la confiance personnelle de Xi.
Miao Hua, autre vétéran de la 31e armée, a suivi une trajectoire similaire. Il a gravi rapidement les échelons après l’accession de Xi au pouvoir en 2012, prenant en 2017 la tête du Département du travail politique de la CMC et obtenant le grade d’amiral malgré le contournement de critères traditionnels d’ancienneté. M. Miao a été placé sous enquête pour « violations graves » fin 2024, selon le ministère chinois de la Défense.
He Hongjun, adjoint de M. Miao et originaire comme Xi du Shaanxi, a été promu général d’armée en juillet 2024 lors d’une cérémonie présidée personnellement par Xi. Sa chute brutale, quelques mois plus tard, laisse entendre que l’enquête avait probablement commencé en amont.
Wang Xiubin et Lin Xiangyang, tous deux passés par la 31e armée, ont été promus au grade de général avec l’aval direct de Xi. M. Lin a ensuite commandé le théâtre d’opérations Est, qui supervise d’éventuelles opérations futures concernant Taïwan, un poste politiquement sensible qui traduit un haut degré de confiance du sommet.
L’ex‑lieutenant‑colonel de la marine de l’APL, Yao Cheng, aujourd’hui basé aux États‑Unis, a déclaré sur X que lorsque Qin Shutong, désormais purgé, était directeur adjoint du département politique de la 12e armée de l’APL, M. Miao en était le commissaire politique, signe que les deux hommes avaient travaillé ensemble.
De tels liens montrent que les officiers expulsés étaient profondément insérés dans le premier cercle du pouvoir de Xi.
Le reste des purgés comprend Yuan Huazhi, promu dans les rangs politiques de la marine sous le mentorat de M. Miao ; Wang Houbin, officier de marine propulsé à la tête de la Force des fusées en 2023 ; et Wang Chunning, chef de la Police armée du peuple, un « héritier rouge » dont le père fut haut gradé dans l’ex‑région militaire de Nankin.
L’annonce officielle du PCC intervient après une série de disparitions et de limogeages inexpliqués au sein du haut commandement militaire ces douze derniers mois, incluant l’ex‑ministre de la Défense Li Shangfu et plusieurs dirigeants de la Force des fusées.

Ce que cela dit du contrôle de Xi

Le communiqué de la CMC présente cette purge et ces expulsions comme la preuve de la « détermination inébranlable » du Parti à lutter contre la corruption. Mais frapper des officiers directement promus par Xi laisse entrevoir de possibles tensions au sein de l’emprise patiemment construite par le dirigeant sur l’appareil militaire.
Par ailleurs, l’ampleur et la fréquence des purges récentes soulèvent des questions quant à la stabilité et au moral des forces armées du PCC, au moment où Pékin intensifie sa pression militaire sur Taïwan et fait face à des tensions géopolitiques croissantes avec les États‑Unis et leurs alliés.